Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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A PROPOS D’UNE IDÉE IGNOBLE APPELÉE « COMPÉTITION »

vendredi 24 août 2007

Nous sommes tous suffisamment bien placés pour le savoir : tout mômes déjà, nos parents nous emmenaient aux portes d’une institution qui allait nous « prendre en charge ». Dès l’âge de trois ans, il était manifeste, pour certains d’entre nous, que cette première forme de « socialisation forcée » (appelez cela comme il vous plaira) ne passait pas. Certains pleuraient, d’autres traînaient des pieds, on exprimait notre révolte avec nos faibles moyens et nos petits points animés par une rage naissante mais piquée à vif.

Passée la maternelle, nous mettons les pieds dans « le monde des grands » -ainsi que le disaient les profs en nous « accueillant » en primaire, puis au collège et au lycée-, avec sa caractéristique principale : le jugement par notations. Qui n’a pas le souvenir d’un cinglant cinq sur vingt, agrémenté d’un commentaire non moins cinglant du type « très insuffisant » ou « devoir plus que médiocre » ?

N’ayant choisi ni l’école, ni les matières enseignées, ni la méthode d’apprentissage, on nous a habitué à la peur qui nous prend au ventre à l’idée que nos parents puissent tomber sur un bulletin de note défavorable. Rappelez-vous ces fameux bulletins, où notre moyenne apparaissait entre la plus haute et la plus basse, offrant une comparaison évidente, dure comme un coup de massue derrière la tête. La fierté de la « réussite » pour les parents du fiston qui a fait du zèle, la honte pour ceux du « cancre » en qui ils avaient placé tant d’espoir. Et le mal-être pour ceux à qui l’institution fait comprendre qu’ils ne sont « pas assez bon », étant « en dessous de la moyenne ». Petit à petit, le système nous fait avaler l’idée de la vertu de la compétition comme moteur de la réussite sociale, le grand mythe propagé par toutes les sociétés hiérarchisées. Notre bulletin de note sert de préface à notre futur bulletin de paye, les matières que l’on ingurgite de force seront plus tard le boulot qui nous emmerde.

Nous avons subi la honte de la note en dessous du terrifiant « dix sur vingt », nous subirons la culpabilisation d’être le smicard en bas de l’échelle des salaires. Nous n’avons rien compris à l’utilité des fonct ions exponent iel les en mathématiques, nous sommes destiné à l’échec.

Et pour nous persuader que nous ne sommes décidément que des bons à rien, on nous ressortira à l’occasion l’exemple du « salf-made man » parti de rien et ayant fondé son empire...

L’école est ainsi faite parce que le système a besoin d’une sorte d’antichambre afin de nous formater l’esprit, de nous habituer à regarder l’autre non pas comme un camarade, mais comme le compétiteur présent ou à venir, celui qui sera « meilleur » ou « moins bon » que nous, en fonction de sa capacité à s’intégrer dans ce monde de hiérarchie et de domination.

Parce que cette capacité-là, celle qui fabrique de bons exploiteurs d’une part et de bons esclaves soumis de l’autre, est une des clés de voûte de ce système abjecte, il est important de lui livrer une critique sans merci, en ayant pour objectif haut et clair, une existence où le mot « chef » cèdera la place au mot « compagnon ». Un monde où la solidarité aura botté le cul de la compétition.

Le texte ci-dessus a suscité la réaction d’un compagnon dont voici le commentaire. Nous la publions pour susciter un débat. Vos contributions sont les bienvenues. (contact@cnt-ait.info) ==========================

Bon, la compétition en primaire, ça n’existe pas (ou très peu, y’a encore quelque cons qui s’amusent à faire des classements). Pour le second degré, excepté sur le bulletin non plus. Et sur ce bulletin, ce n’est ni plus ni moins pour que les parents puissent se repérer. Sinon, pour ce qui est des appréciations écrites en rouges et terminées par un point d’exclamation qui témoigne de la rage du prof sanguinaire, elles ne sont certes pas toujours des plus intelligentes. Exemples vus : travail nul, désespérant, élève incapable... Mais bon la plupart du temps ces appréciations traduisent une réalité. Quand tu connais les capacités d’un élève et qu’il te rend une merde, quoi de plus naturel que d’écrire "travail insuffisant" ou "peut mieux faire" ? Quand tu as 25 gamins (et plus de 30 dans le second degré) tu vas pas t’amuser à écrire un roman pour expliquer à l’élève en quoi son travail n’est pas satisfaisant.


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