jeudi
25 septembre 2003
Toute politique éducative s’enracine dans l’idéologie. Les professions s’y reconnaissent. Ainsi, un certain nombre d’enseignants ont manifesté aux cris de "Jules, reviens, Luc est devenu fou", slogan peut-être plus révélateur qu’il n’y paraît à première vue.
Ces professeurs apparemment légitiment leur existence sur une figure politique, celle de Jules Ferry qui, après tant d’années, est devenu le symbole d’une revendication égalitaire. On oublie l’histoire. Il n’est pas difficile de voir ce qu’est l’école et ce qu’elle fait aux enfants. On pose Ferry comme l’instigateur de l’école unique. Il se trouve juste que ce n’est pas le cas. Il a légitimé un système dual qui existait déjà. Il y avait l’école d’un côté, mais aussi le lycée et l’université de l’autre, où n’avaient -et n’ont accès- que certaines classes sociales. On viendra me parler d’égalité… Qui passe le bac ? Quel bac ? Qui va à l’université ? Qui y a-t-il en SEGPA ? Pourquoi n’y a-t-il aujourd’hui encore que 6 % d’enfants d’ouvriers à l’université ?
Ferry a développé le principe de la méritocratie, fondée sur la sélection. Il se trouve juste que l’examen est un acquis social, c’est donc un système où la topologie décide de tout. La perversité vient du fait que, sur ces soi-disant bases égalitaires, l’on nous persuade que les exclus seraient responsables de leur exclusion. Ferry fut un des instigateurs du colonialisme, qu’il développa sur un présupposé scientifique d’universalité. Mais, de quelle science s’agissait-il ? L’école est un lieu de contrôle social où s’exerce une violence symbolique, de moins en moins symbolique d’ailleurs. Dans ce contexte, la laïcité de Ferry et la citoyenneté ne sont que des moyens de maintien de l’ordre national et du conformisme social.
Pourquoi l’école est-elle en crise ? Parce que les élèves en ont assez qu’on les baratine avec des discours de citoyenneté, de violence à l’école… (seuls des professeurs ont été séduits par ce discours : ils semblent revivre la "mission civilisatrice" première de l’école républicaine). Parce qu’il est désormais visible que son rôle "d’ascenseur social" n’a jamais fonctionné que comme alibi. Parce que le gouvernement voit bien qu’elle est inefficace dans son rôle de maintien de l’ordre social alors que ce rôle est si bien rempli par les médias. C’est bien pour cette dernière raison qu’il lui "coupe les vivres" !
Alors, puisque l’école est en crise, profitons-en. Transformons la “crise” en critique sociale.
Isa.
L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre
site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP,
un programme Open Source écrit en PHP
sous licence
GNU/GPL.