Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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"MON FILS A EU LA MAIN ARRACHEE PAR UNE GRENADE"

jeudi 5 janvier 2006

Lors du rassemblement de la CNT-AIT, place du Capitole, samedi 12 novembre 2005, plusieurs habitants des quartiers sont venus témoigner publiquement des réalités qu’ils vivent. Nous re-transcrivons ci-dessous une partie du témoignage fait à cette occasion par la mère de Réda (le jeune homme dont la main droite a été littéralement arrachée par une grenade policière à La Reynerie le lundi 7 nov. 2005), au micro de la radio libre Canal-Sud.

La mère de Reda : Mon fils, il a 21 ans, il est sorti pour regarder ce qui se passait. Il a sauvé quelques vies, empêché que des enfants soient défigurés. Vous croyez que c’est normal qu’on tire une grenade comme ça ? ne me dites pas !

Un participant au rassemblement : Pour faire un tel dégât, c’est une grenade militaire, une grenade offensive.

La mère de Reda : Il n’était pas parmi les révoltés. Sa main a été déchiquetée. Irréparable. Il a perdu toute la main, la droite, et c’est normal ça ?

Un participant : Non c’est pas normal et c’est pour ça qu’on proteste, c’est une grenade de type offensif qui a été tirée, en principe, c’est réservé à un emploi dans des guerres, mais au Mirail y a pas la guerre !

Quelqu’un : Ah si !

Un autre participant : C’est la guerre de Sarkozy, c’est une guerre contre les pauvres. Ils viennent, ils provoquent et ils tirent.

La mère de Reda : Un jeune de 21 ans, il ne travaille pas, il n’a pas le chômage, il ne peut pas être RMISte ni rien du tout, quand même c’est trop, et s’il n’y avait pas moi ? C’est mon fils quand même, et c’est pas un petit jeune qui était dehors, c’est pas un enfant de 9 ans qui était dehors, c’est pas un enfant de 14 ans qui était dehors, c’est un jeune de 21 ans. Il n’a pas d’antécédents, il n’a jamais été remarqué par la police, la grenade il l’a prise pour l’éloigner, parcequ’elle était tombée près d’un groupe d’enfants. Tous ses doigts sont restés sur place. Pour les secours, ni le Samu, ni les pompiers, personne s’est déplacé, c’est des jeunes qui l’ont emmené.

Une femme : Pourquoi ?Ils n’ont pas répondu, ils ne venaient pas ?

La mère de Reda : Non. La police, ils rigolaient, il y a des témoins, ils rigolaient sur place, ils le voyaient souffrir, hurler, sa main déchiquetée, ses doigts par terre et c’est des garçons qui l’ont emmené vers l’hôpital. Même un monsieur est venu, un monsieur français qui est de notre quartier, il m’a dit "Madame, c’est moi qui ai récolté les doigts de votre fils" ! Déchiquetés, là quand même c’est trop, c’était lundi le jour du drame, lundi soir à 18h30. Oui, j’ai mon fils qui a été amputé d’une main après une grenade qu’ils ont lancée.

Une autre femme : Je viens d’arriver de l’étranger, il y a eu beaucoup de violences ?

La mère de Reda : Non, il y a pas eu beaucoup de violences sur le quartier, il y a eu beaucoup de pression, alors on était encadrés par les CRS. Même nous les mamans, il faut voir comment ils nous traitent ! Et pourtant, où vous voulez qu’on aille ? Où vous voulez que ces jeunes, que cette génération aille ? C’est des jeunes qui sont nés ici. Je sais pas quoi dire, j’aurais du les remettre dans mon ventre et les laisser, ne pas leur donner une vie ! Un, il a 25 ans, sans travail, bon il a pu un petit peut travailler une fois. Ma fille, elle a un BEP vente, là où elle va, comme elle habite le Mirail, on la prend pas. Alors où on va ?

Une femme qui arrive : Où habitez vous donc ?

La mère de Reda : Au Mirail, à la Reynerie, et on dirait que là bas il y a des apaches ! C’est devenu un ghetto, Ils veulent travailler quand même ces jeunes ! Ils veulent bouger ! Comment voulez vous qu’ils s’en sortent ces jeunes ? C’est trop. Il est sorti à 6 heures et demi et il s’est fait amputer d’une main par les CRS !

Une femme : Et les secours, alors ce sont des gens ?...

Un ami de Réda : C’est des gens de la cité qui l’ont amené à l’hôpital.

La mère de Reda : Les secours, ils ne sont pas venus, personne, heureusement il y a un grand comme lui, il lui a arraché le pull il lui a fait un garrot alors qu’il y avait du sang partout, et il a perdu connaissance, et eux, la police, ils rigolaient !

Une femme : Et après ?

La mère de Reda : Ils ont eu un accident, ça s’est produit sur la rocade, vers les Pradettes, personne ne voulait s’arrêter pour le prendre. Alors on laisse les gens mourir, ils auraient pu le tuer, voilà, c’est tout ce que j’ai à vous dire.u


CNT-AIT



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