Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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C’est pas les révoltés qu’il faut enfermer, c’est la société qu’il faut changer !

dimanche 13 novembre 2005

Les émeutes urbaines suscitent, en même temps qu’une vague de répression sans précédent de la part de l’Etat, un réveil médiatique et de la gauche sur les conditions de vie en banlieue. Tout le monde est pour autant indigné par les émeutes, et condamne particulièrement les cibles visées, considérées par eux comme des outils qui servent la population de ces quartiers pauvres. Les associations et politiciens font part de leur incompréhension. Comment pourtant s’étonner des attaques contre tout ce qui représente l’univers quotidien des émeutiers, quotidien avec lequel ils veulent justement rompre ? Comment s’étonner des attaques contre les écoles, premier lieu de contact avec la soumission et l’exclusion ?

Face à cette situation, on a vu toutes les organisations de gauche, les syndicats et mêmes des organisations libertaires en appeler à des rassemblements et des manifestations unitaires. Ils nous refont le coup de l’engagement citoyen et de l’union sacrée, comme en 2002 contre Le Pen pour sauver le pacte républicain, mais contre les émeutiers et contre Sarkozy cette fois... Ils font appel à la République pour changer les choses. Pourtant, la République, quelques soient les gens au pouvoir (droite ou gauche) n’a jamais résolu les problèmes de l’inégalité sociale. Le veut-elle seulement ?

Qu’est-ce que le « pacte républicain » ? Avant tout, cela se base sur le respect des lois. Celles-ci sont votées par et pour ceux qui ont le pouvoir, afin de maintenir les privilégiés à leur place. Les médias, les politiciens critiquent en vrac les jeunes, les « marchés parallèles », la crainte des caïds dans des « zones de non droit », l’absence de respect entre les gens et l’individualisme... Pourtant, il ne s’agit là que de la reproduction à petite échelle du modèle idéologique de domination présenté par la société, par la République : l’argent est roi et fait la loi. Les gens au pouvoir vendent par exemple des armes à travers le monde, ravageant la planète. Ce commerce est légal (normal, ceux qui le pratiquent sont ceux qui ont le pouvoir politique et qui font donc les lois) et ces assassins ne vont pas en prison (par contre ils en construisent !). A l’inverse, si on est pauvre et qu’on se démerde, que ce soit pour la survie (payer la bouffe, le loyer...) ou pour posséder des biens de consommation présentés à longueur de journée comme nécessaires par les publicités, pour acquérir tout ce que la société de consommation nous fait miroiter, là il n’y a aucun problème, la police est là, et les lois, tribunaux et prisons aussi. Qui sont les véritables criminels : les émeutiers de ces derniers jours, où ceux qui tiennent les pouvoirs politiques et économiques, qui maintiennent dans la pauvreté, pour sauvegarder leurs intérêts, une grande partie de la population dans les pays riches, et font crever de faim le reste du monde ? On voit bien que toute la gauche et même des libertaires préfèrent se ranger derrière l’ordre républicain et la police dès que des troubles apparaissent... C’est bien la preuve, une fois de plus, qu’on ne peut pas compter sur eux. Les révoltes de ces derniers jours ont aussi révélé un certain nombre de choses concernant les religions et particulièrement l’islam. L’Etat qui, d’un côté, a fait tout un scandale à propos du voile à l’école sous couvert de laïcité, discute depuis plusieurs années avec des instance religieuses et s’adresse même à elles pour lancer des appels au calme. Il s’agit là d’une preuve supplémentaire de l’hypocrisie de l’Etat, qui utilise les valeurs de la République (en l’occurrence la laïcité) uniquement quand cela l’arrange. Mais il est aussi évident que, contrairement à ce que cherchent à présenter certains groupes plus ou moins extrémistes, l’islam n’a strictement rien de révolutionnaire : les instances musulmanes, y compris les plus radicales, ont répondu aux invitations de l’Etat et ont condamné les émeutiers. L’islam, au même titre que toutes les religions (catholiques,évangélistes, juives, bouddhistes, etc ...) est du côté du pouvoir : il veut tout autant que l’Etat réprimer la légitime révolte des gens marginalisés et repoussés dans les banlieues.

Contre les inégalités sociales, contre l’oppression Etatique, organisons nous !

Cessons de voter, nous n’avons pas besoin des politiciens !

Discutons sur nos lieux de vie, de travail, et luttons !

Tiré de Espoir n°2


CNT-AIT



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