vendredi
18 novembre 2005
Les postiers des bureaux de Toulouse Mirail, Bagatelle, Bellefontaine et leurs annexes se sont mis en grève du 14 au 18 novembre 2005 [soit pendant les évènements de la banlieue]
Au départ, il y a le projet “TERRAIN” de la direction de La Poste. Ce projet consiste à réduire les horaires d’ouverture et à supprimer des postes de guichetiers dans les quartiers sensibles de Toulouse.
Dans le même temps, des postes de commerciaux (chargés en particulier de commercialiser les “produits financiers”) seront créés au service des clients les plus fortunés ! Alors que la France entière s’interroge sur le malaise des banlieues, La Poste choisit avec ce projet de renforcer un service à deux vitesses :
un accueil amélioré pour les placements financiers et boursiers, reçus en priorité, qui viendra s’ajouter au privilège de la “carte pros”,
un service dégradé pour les autres usagers qui verront les files d’attente s’allonger et devront, pour ceux qui travaillent, venir chercher leurs instances le samedi matin... s’ils ne travaillent pas eux-même à ce moment !
Ce service à deux vitesses, tel qu’il fonctionne déjà, est une atteinte en pratique à l’égalité. Tous ceux qui ont eu ces dernières semaines à aller à La Poste ont pu constater d’un côté les files interminables pour le client ordinaire, tandis que les “professionnels” (de quoi ? ne sommes-nous pas tous professionnels de quelque chose ?) disposent d’un guichet rapide pour eux tous seuls et doublent tout le monde. Le projet Terrain constitue une insupportable aggravation de cette situation totalement anormale.
En cherchant à restreindre encore plus le service public qui relève de sa responsabilité, La Poste traite les banlieusards comme des habitants de deuxième zone. Elle fait monter la tension et provoque des incidents au quotidien entre les usagers légitimement excédés par l’attente et des postiers qui travaillent désormais à la chaîne dans des conditions déplorable. L’objectif essentiel des postiers en grève était de réclamer l’égalité de traitement pour tous les usagers.
Le 7 novembre, devant la révolte dans le quartier, la direction annonce qu’elle va “différer” le déroulement du projet, au vu de ce qu’ils appellent des “évènements extérieurs actuels”.
Le 8, lors d’une réunion à la direction, le discours n’est plus le même, et il est annoncé que leur projet est valable tel quel.
Le 9, la direction essaye de passer le projet en force au Comité hygiène sécurité - conditions de travail (CHS-CT).
Quelle confiance peuvent avoir les postiers envers une telle direction se contredisant d’un jour sur l’autre ?
Quelle confiance peuvent avoir les usagers envers une direction qui affaiblit le service public dans les endroits où il est le plus nécessaire pour maintenir le lien social ?
Comment peut-on comprendre une telle irresponsabilité aujourd’hui ?
Emules de certains, veulent-ils remettre de l’huile sur le feu ? Devant cette incompréhension totale par la direction du rôle de La Poste dans les quartiers, les postiers de Bagatelle, Bellefontaine et Mirail se sont mis en grève illimitée le lundi 14 novembre 2005.
Les revendications posées ont été les suivantes :
défendre le service public de la poste dans les quartiers populaires avec le maintien des horaires d’ouverture,
prise en compte du rôle social des postiers en maintenant ou augmentant les emplois au guichet,
défendre les conditions de travail.
Le 18 novembre, la grève cessait, l’administration ayant reculé sur ce projet. Cependant, tout comme les postiers, les usagers du quartier restent vigilants et feront tout pour s’opposer à une nouvelle dégradation du service qu’ils sont en droit de recevoir. Les réformes pourries ne passeront pas comme une lettre à la poste !
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