Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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AGRIPOGNON :O.G.M.

Article paru dans le Combat Syndicaliste - Spécial Millau

mercredi 5 septembre 2001

Un "organisme génétiquement modifié " est un organisme dont on a modifié le patrimoine génétique, en lui ajoutant par exemple un gène étranger. Les techniques utilisées sont celles du " génie génétique ", qui permettent d’introduire un ou plusieurs gènes dans une cellule, soit en le faisant transporter par une bactérie ou un virus, soit directe-ment, par exemple par " micro-injection ". L’intérêt est de pouvoir faire fabriquer par la cellule un produit qu’elle ne fabrique pas naturellement.

Ces techniques sont utilisées depuis une vingtaine d’années par l’industrie pharmaceutique, pour faire fabriquer, en grandes quantités et à faible coût, des protéines par des bactéries (hormone de croissance, insuline...). Elles sont aussi utilisées par l’industrie agro-alimentaire, pour faire produire, toujours par des bactéries, des enzymes intervenant par exemple dans la fabrication de la bière, d’alcools, de sirop de chocolat...

Ce qui est nouveau, c’est l’application des techniques de génie génétique aux plantes et aux animaux, et leur utilisation directe dans l’alimentation. Le transfert de gène étant effectué dans une seule cellule à la fois, on doit, pour obtenir des plantes ou des animaux " transgéniques ", modifier le patrimoine génétique de cellules végétales ou d’œufs fécondés qui ont la capacité de redonner un organisme entier. A partir de ça, tout semble devenir possible faire pousser des arbres plus faciles à transformer en pâte à papier, des plantes produisant un carburant " vert " ou des matières plastiques biodégradables, du coton déjà coloré, du tabac qui produit de l’hémoglobine, ou des bananes qui vaccinent... On n’y est pas encore, et même si les pubs des multinationales du traitement des cultures et de la production de semences mettent les applications " humanitaires "ou " écologiques" en avant, cessons de nous voiler la face : l’expérience montre que ce qui motive les industriels n’a jamais été, ni le bienfait de l’humanité, ni la sauvegarde de l’environnement ! Pour preuve, ce qui est déjà commercialisé : une tomate qui se dégrade moins vite, réduisant les pertes dues au transport et au stockage, et un maïs qui fabrique une toxine contre la pyrale, réduisant là encore les pertes dues à cet insecte " ravageur ". Ca, ce sont de vraies motivations pour un industriel : réduire les pertes, augmenter le profit ! En fait, dans le domaine des biotechnologies, toute invention représente une opportunité d’acquérir un avantage compétitif sur les concurrents.

La dernière trouvaille du complexe " génético-industriel ", c’est un transgène baptisé cyniquement " Terminator ". Cette fois-ci, le véritable objectif de la firme Monsanto (actuel propriétaire du brevet) est clair. " Terminator " en rendant stériles les grains récoltés ne fait que jouer le rôle depuis longtemps rempli par les variétés hybrides (elles aussi stériles) : il oblige ainsi l’agriculteur à racheter chaque année ses semences, pour le plus grand profit des trusts semenciers.

Sans plus d’illusion sur les objectifs des industriels, il est facile de comprendre à quel point les conséquences (en termes de santé humaine ou de protection de l’environnement) des découvertes qu’ils exploitent les laissent froids. Et la phrase du directeur de la " communication " pour Monsanto ne devrait surprendre absolument personne : "Nous n’avons pas à garantir la sécurité des produits alimentaires génétiquement modifiés. Notre intérêt est d’en vendre le plus possible. C’est à la Food and Drug Administration de veiller à leur sécurité.

Dans ce système où il est " moral " que quelques uns maximisent leurs profits au détriment de tous les autres, quoi d’étonnant à ce que les organismes publics doivent s’assurer que les applications technologiques qui enrichissent les industriels ne soient pas trop néfastes pour leurs administrés ? Les risques potentiels sont variés : allergies (aux produits des transgènes, ou aux dérivés de l’herbicide présents dans la plante résistante, par exemple), résistance de bactéries aux antibiotiques (trans-mise de la plante consommée aux bactéries présentes dans la panse des ruminants, par exemple), diffusion des transgènes - et de leurs effets - aux espèces sauvages proches parentes d’espèces cultivées (la résistance à l’herbicide "total" du soja à la ravenelle, par exemple), etc..

Et les chercheurs des organismes de recherche dite " publique " jouent les désemparés devant l’ampleur de la tâche : " on n’aura jamais le temps de tester tous ces effets ! " Que pourraient-ils dire d’autre, eux qui se conçoivent comme - et sont effectivement devenus - les larbins obligés des industriels ? Obligés ou participants actifs (comme les directeurs généraux de l’INRA, qui siégeaient, au conseil d’administration de Rhône-Poulenc, entre autres), mais toujours larbins récompensés (un scientifique, c’est comme un homme politique, ça a l’ego surdimensionné et un besoin sans borne de reconnaissance). Mais les industriels ne se contentent pas de ce que les organismes publics ramassent derrière eux les pots cassés, ils veulent aussi partager les frais de la recherche. Cette belle idée de "partage "a déjà fait ses preuves, et se développe toujours plus en France, par exemple, où la recherche " publique signe des contrats avec des entreprises privées pour effectuer des recherches dont les bénéfices brevets et autres) reviendront "tout naturellement " à ces entreprises privées. La recherche leur coûtera ainsi 3 fois moins cher (participation du secteur public aux 2/3), les bénéfices leur revenant en totalité. Et pour faire passer cette pilule, il suffit d’invoquer une grande cause : la protection des entreprises françaises (pardon, européennes) contre la concurrence américaine ! Exit, donc, la recherche publique !

Le progrès que pourraient représenter (peut-être) ces nouvelles technologies ne peut se mesurer qu’en confrontant ce qu’elles apporteraient à l’humanité toute entière (et non à ses seules sangsues), avec les risques qu’elles représentent inévitablement. Le problème, aujourd’hui, c’est qu’il n’y a rien à attendre, ni, bien sûr, des industriels, ni des pouvoirs publics, ni des scientifiques ou des organismes censés prendre en compte la fameuse "demande sociale ", alibi préféré de la société capitaliste pour flatter ses esclaves. Ce ne sont malheureusement pas non plus les vœux pieux qui suffiront à faire changer cette société fondée sur le profit. Il faudra bien qu’un jour les esclaves s’affranchissent...


CNT-AIT



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