Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Post-ou anti-industriel ?

samedi 19 août 2006

La publication récente par l’Union Locale de Caen d’une brochure intitulée sur les Organismes génétiquement modifiés (OGM) suscite actuellement au sein de la CNT/AIT un vrai débat, parfois rude, mais en tout cas essentiel, sur la société capitaliste dans sa dimension techno-scientiste et industrielle.

TROIS QUESTIONS

A partir de la brochure de Caen et de textes critiques produits par divers syndicats, notamment ceux de l’Essonne et d’Amiens, l’Union Régionale Midi-Pyrénées a, à plusieurs reprises, débattu des OGM mais surtout du rôle de la science et de la technocratie, avec pour guide trois questions :

- Quelles positions adoptons-nous aujourd’hui face au totalitarisme de la techno-science ?

- Quelle forme et quelle place aura le savoir dans la société anti-autoritaire et non marchande que nous bâtirons demain ?

- Que ferons-nous de ce qu’il restera de la société technologique ?

Disons-le de suite, au sein de l’U.R. Midi Pyrénées, s’il y a unanimité pour rejeter l’usage du savoir fait par le pouvoir et l’emprise de la technocratie sur nos vies, les avis sont loin d’être partagé sur plusieurs points. Ainsi, si sur le rôle du nucléaire actuel civil et militaire il y a pour nous tous l’évidence de refuser le nucléaire aujourd’hui et de l’arrêter demain, il n’en va pas de même en ce qui concerne les OGM et notamment la thérapie génique. Certains d’entre nous pensent que c’est le principe même des OGM qui est à rejeter car la manipulation génétique n’est ni plus ni moins que la construction "d’une machine vivante incontrôlable". D’autre pensent que la thérapie génique peut représenter un progrès réel, s’il est socialement contrôlé. De même pour la biotechnologie liée à la vaccination. Certains pensent que la vaccination représente un vrai progrès en terme de survie des individus. D’autres sont convaincus que la vaccination est avant tout une histoire de profit pour les industries pharmaceutiques et que l’on tait les aspects négatifs de celle-ci (développement d’agents pathogènes résistants, affaiblissement de la résistance humaine, ...). Mais ce débat lancé par les copains de Caen et Amiens, conduit naturellement bien au-delà des OGM ou de tel ou tel aspect de la technologie. Au fond, deux conceptions de la notion de progrès et de son usage coexistent dans nos discussions (et parfois chez un même individu) : celle d’un progrès du savoir moderne potentiellement émancipateur mais détourné et contrôlé par le pouvoir capitaliste, et celle d’un progrès et d’une science consubstantiels du pouvoir (dans ce monde technocratique, la science "énonce le vrai" ! ) et donc à repenser dans sa totalité. Et cela vaut pour aujourd’hui comme pour demain. Que ferons-nous des "cadavres exquis" de la techno-science : Web, OGM, centrales nucléaires, agrochimie, industrie pétrolière ... ? Les utiliserons-nous d’une façon "socialement intelligente et équitable" ? Ou devrons "détruire les ruines" pour ne pas courir le risque d’un retour en arrière ?

UN DEBAT QUI SE POURSUIT

Les discussions menées en Midi-Pyrénées n’ont pas permis aux militants de trancher. Par contre, elles ont mis en évidence un aspect important du problème de la société industrielle que n’ont souligné ni les copains de Caen ni ceux de l’Essonne et d’Amiens. Parce que nous voulons un monde anti-autoritaire, la société que nous devrons bâtir sera une société non hiérarchique et non-centraliste, une société qui combattra donc toute forme d’organisation pyramidale. Or la techno-science est à la fois un des moteurs et le produit de l’organisation centraliste du capitalisme actuel. La nécessité de concentrer des matières premières d’origine diverses pour assurer la production, la sophistication et le cloisonnement des processus de production, la planification des étapes industrielles, tous ces facteurs font que la techno-science ne peut exister que dans un schéma d’organisation hiérarchique, planifié et à fort pouvoir de concentration des moyens. Un changement de société impose l’effondrement total de l’organisation hiérarchique et centraliste, ce qui provoquera en techno-science comme ailleurs des effondrements collatéraux. Le savoir de demain, nous l’espérons, ne sera pas une science mégalomane prétendant domestiquer la planète, mais un savoir accessible et partagé, et non confié à une caste d’initié.

On le voit bien, en région Midi Pyrénées comme dans beaucoup d’autres, les avis sont multiples et souvent divergents. Ne soyons donc pas trop péremptoires dans nos convictions, il faudra, je crois encore bien des discussions pour aboutir à une position claire et partagée par beaucoup d’entre nous sur le rôle du savoir et de ses productions techniques.

Tiré du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénée n°96, par la CNT-AIT de Toulouse


CNT-AIT



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