Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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ANARCHISME, ANARCHO-SYNDICALISME ET CRITIQUE ANTI-INDUSTRIELLE

lundi 31 mai 2004

Deux extrait de "A trop courber l’échine" - n°10 et 11 traitant d’anarchisme, anarcho-syndicalisme et anti-industrialisme.

Deux extrait de "A trop courber l’échine" - n°10 et 11 traitant d’anarchisme, anarcho-syndicalisme et anti-industrialisme.

On peut contacter les animateurs d’A trop courber l’échine en écrivant à :

acratie@no-log.org

Contact :

STA

B.P. 1021

76171 ROUEN cedex 1

Lisez A trop courber l’échine..., bulletin acrate et gratuit.


Extraits d’A trop courber l’échine n° 10 :

Sur l’anarcho-syndicalisme

Dans son dernier numéro, Le Prolétaire Banlieusard, bulletin disponible uniquement par courrier électronique, a fait paraître un article intitulé Anarcho-syndicalisme restrictif. Ce texte fait suite au débat que nous menons depuis plusieurs mois sur les moyens d’action capables de porter la critique anti-industrielle dans une optique libertaire.

Le Prolétaire Banlieusard ne dispose pas d’adresse postale, on ne peut malheureusement le contacter que par courrier électronique à cette adresse : lpb@subdimension.com


Question du Prolétaire Banlieusard :

Anarcho-syndicalisme restrictif

Dans le n°8 du bulletin acrate du STA, F.F. donne une définition un brin étroite du champ d’action de l’anarcho-syndicalisme sans parler du fait que selon lui la CNT-AIT n’a pas une critique anti-industrielle conséquente. Deux remarques : quand l’UL de Rouen faisait partie de la CNT-AIT, aucun document ayant trait à la dite critique n’est paru alors que des camarades de la région parisienne et d’Amiens se posaient la question et participaient modestement à la diffusion de bulletins, publications ou donnaient un coup de main à l’Encyclopédie des Nuisances.

Mais le plus gênant, dans un bulletin pourtant intéressant, c’est d’enfermer l’anarcho-syndicalisme dans un carcan : il ne pourrait s’exprimer que dans les services publics. Or chacun sait que le débat sur la notion de services publics est rude. Ainsi, il est problématique de faire une telle affirmation sans préciser le fond - même si chacun s’en doute, F.F. ne fait pas là d’affirmation gratuite - ni la forme. L’artisanat, la restauration et l’hôtellerie, etc. ne relèvent pas ou si peu des services publics. Faut-il comprendre que l’anarcho-syndicalisme n’y aurait pas sa place ? A l’inverse l’Etat a (eu longtemps) des industries polluantes telles EDF-GDF (cas notamment du nucléaire, etc.) ELF... En effet, il semble difficile de se priver d’électricité comme d’essence (même si l’on ne possède pas de voiture personnellement). Ce qui est à juste titre à critiquer, ce sont les dangers importants de certaines industries et même d’un certain type de services. Reste un « paradoxe » : la culture de masse, européenne comme américaine, est éminemment dangereuse. Faut-il refuser de syndiquer les salariés d’Eurodisney, de Quick, MacDo, Vivendi ; etc. ?

Le bulletin acrate ferait bien de revenir dessus !


Réponse d’A Trop Courber l’Echine :

A trop courber l’échine... n’est pas le bulletin du STA. Le STA, Syndicat des Travailleurs Autonomes, n’est qu’une coquille vide. Ce syndicat, que j’ai créé avec un autre ex-militant de la CNT-AIT de Rouen, n’est qu’une couverture légale nous permettant d’avoir un compte bancaire et une boîte postale. Comme certains lecteurs le savent, ce compagnon ne participe plus à la rédaction du bulletin depuis le numéro 4. Depuis, j’assume seul la rédaction d’A trop courber l’échine... Néanmoins, je continue à entretenir des liens avec plusieurs anciens membres de la CNT-AIT de Rouen. Certains participent activement à l’élaboration matérielle et à la diffusion du bulletin, d’autres mènent des activités alternatives plus personnelles ; enfin, je mène quelques actions très modestes avec d’autres encore. Pour autant, tout cela se fait dans une certaine dispersion, nous ne formons pas un groupe organisé et permanent. Tout est question d’affinité et de volonté.

Cela étant précisé, je tiens à rectifier une erreur concernant les activités de l’ex-CNT-AIT de Rouen. Nous avons fait paraître de nombreux articles relatifs à la lutte contre la société industrielle dans l’édition normande du Combat Syndicaliste. Nous avons également élaboré et diffusé de nombreux tracts et affichettes sur ce thème, notamment contre les OGM et le nucléaire. Nos premiers contacts avec l’Encyclopédie des Nuisances datent de cette époque : nous avons diffusé plusieurs ouvrages publiés par leurs soins et les avons rencontrés à Paris lors d’une réunion organisée par des compagnons de la région parisienne. Dans le même sens, nous avons diffusé des textes émanant de l’Association Contre le Nucléaire et son Monde.

Avant de revenir sur l’anarcho-syndicalisme et les services publics, il convient de préciser ce que nous mettons derrière ces deux termes. L’anarcho-syndicalisme ne représente pas la même chose en fonction des personnes qui s’y réfèrent. Il consiste ainsi en un ensemble de moyens d’actions - lesquels peuvent être en rapport avec des principes philosophiques ou non - en une idéologie, un projet émancipateur, une école d’apprentissage de la résistance au système actuel, ou bien tout cela à la fois. Certains pensent que la liste des moyens d’intervention de l’anarcho-syndicalisme est extensible, et que l’on peut associer à l’action directe les élections professionnelles. D’autres insistent sur la période post-révolutionnaire, où le syndicat perdure en tant qu’organe gérant la production et la distribution des biens et services (la syndicalisation des moyens de production). Enfin, certains penseront que l’anarcho-syndicalisme n’a pas d’autre but que l’abolition du salariat, tandis que d’autres en feront une force de propositions et d’aménagement du système actuel. Bref, chacun y met un peu ce qu’il veut. Il n’est donc pas étonnant de voir des anarcho-syndicalistes à FO ou dans n’importe quelle autre centrale réformiste, des anarcho-syndicalistes au Parti des Travailleurs de Lambert. A l’inverse, on trouvera des personnes refusant cette étiquette au sein de la CNT. Allez vous-y retrouver avec tout ça !

Une chose est sûre : vouloir faire du syndicalisme de nos jours nous condamne à respecter les lois qui régissent ce moyen d’organisation. Comme nous l’avons déjà dit, cela interdit le développement d’un discours révolutionnaire, anti-hiérarchique et anti-productiviste. Est-ce à dire que nous nous interdisons la création de syndicats visant à assurer notre défense au sein du monde salarié ? Bien sûr que non. Mais cela ne signifie aucunement que nous devions obligatoirement passer par ce genre d’initiative dans toutes les conditions. Dans telle situation on montera officiellement un syndicat ou une association. Dans telle autre situation on agira dans l’ombre, de manière discrète. L’essentiel est moins dans la forme légale d’organisation adoptée que dans les motivations et les moyens utilisés. Et pour moi les choses sont claires : je refuse toute participation à une quelconque instance de pouvoir - dans et hors le lieu de travail - car je refuse toute co-gestion de ce système. Je me prononce en faveur de la plus large autonomie possible. Dans le même temps, je mets un point d’honneur à faire en sorte que chaque lutte partielle puisse revêtir un aspect plus universel. Autrement dit, je combats toute forme de corporatisme et de séparation ; je tiens toujours à étendre ma critique bien au-delà de quelques revendications immédiates et particulières.

A propos de service public, nous avons développé notre analyse dans le numéro 1 de notre bulletin. La notion de service public ne devrait servir qu’à désigner la production de biens et de services utiles à l’ensemble de la population. Dans une société débarrassée du salariat et des rapports marchands, tout travail devrait être considéré soit comme un service public, soit comme un moyen d’autosubsistance.

Je n’ai pas voulu dire que l’anarcho-syndicalisme ne peut se développer que dans les services publics, entendus comme entreprises aux mains de l’Etat. Je constate seulement que la CNT est plus présente dans les PTT ou dans l’éducation nationale qu’ailleurs. Je ne dis pas que c’est bien ou que c’est mal, c’est un simple constat. Par contre, il me semble évident que l’anarcho-syndicalisme faisant sienne la critique anti-industrielle rencontrerait bien des problèmes dans son développement. Par exemple, il semble difficile d’imaginer un syndicat critiquant l’organisation actuelle des transports - donc le développement d’infrastructures hideuses, polluantes et dangereuses - rencontrer un franc succès dans des entreprises comme Renault, Air France ou Bouygues. Non seulement parce que les patrons mettront tout en oeuvre pour le faire taire (et nous savons que la loi leur donnera plus facilement raison qu’à nous) mais aussi parce qu’une bonne partie des travailleurs se sentira visée par cette critique. Combien de fois avons-nous vu des salariés se sentir coupables quand leur entreprise, autrement dit leur patron, est attaquée pour l’activité qu’elle mène. Souvenons-nous de ces salariés d’EDF, CGT en tête, s’attaquer de manière virulente aux anti-nucléaires. Quand on a fait de la lutte pour l’emploi une priorité, on ne regarde pas à quoi ces emplois servent. Il n’est donc pas étonnant de voir ensuite des salariés défendre coûte que coûte leur activité, même si celle-ci est inutile, polluante et dangereuse. Mais à vrai dire, ce phénomène existe dans tout type d’entreprise, quelle que soit l’activité qu’elle mène. Un salarié n’est pas moins soumis à « la culture de masse éminemment dangereuse » quand il travaille dans une administration que quand il travaille chez Mac Donald. Récemment, j’ai diffusé un tract sur mon lieu de travail. Je précise que je suis un personnel administratif de catégorie B dans un établissement dépendant du ministère de l’éducation nationale. Ce tract dénonçait l’installation d’une pointeuse. Je déclarais que cela constituait une humiliation supplémentaire qui nous était faite, la première de toutes étant celle qui faisait de nous des êtres soumis au salariat. L’immense majorité des salariés - qu’ils soient fonctionnaires ou contractuels - a critiqué ce texte, le jugeant outrancier. Certains ont même estimé qu’il avait été écrit par un « malade » ! Car pour la majorité des gens, il est hors de question de remettre en cause le bien fondé de leur travail, il est inimaginable de critiquer le but de leur activité. Surtout dans le cadre industriel, les salariés se sentent attaqués personnellement sitôt que l’on critique leur entreprise et leur travail (cf. AZF). Si dans des entreprises telle La Poste on peut remettre en cause la façon dont est organisé le travail et en proposer une autre, dans le cas d’une usine ou d’une centrale nucléaire la seule solution possible est la fermeture pure et simple ! Personne ne songe à remettre en cause l’utilité de la distribution du courrier ; mais concernant la production d’énergie nucléaire, d’autoroutes ou de pesticides, les considérations sont différentes. C’est pourquoi la critique anti-industrielle me paraît beaucoup plus difficile à porter dans le secteur strictement industriel. La question n’est donc pas de chercher à savoir qui peut se syndiquer mais comment et pourquoi l’on se syndique ; l’enjeu réside plus dans le fait de savoir quelles pratiques mener afin de faire avancer concrètement la critique anti-industrielle.

Il n’en reste pas moins que si des syndicats s’attaquant à toutes les conditions de notre survie se développaient dans tous les secteurs, j’en serais grandement satisfait. Mais je doute qu’une telle chose soit possible. Car si je sais qu’il est souvent nécessaire de se défendre afin de ne pas voir disparaître un certain nombre de droits que le pouvoir consent encore à nous donner, je sais en revanche que ces droits ne représentent qu’une très faible compensation par rapport à la perte de notre liberté réelle et de ce que les bureaucrates nomment pompeusement « la qualité de la vie ». La planète crève, les hommes sont toujours plus domestiqués. Quand nous menons des luttes partielles, le pouvoir a toujours un coup d’avance et maîtrise la situation. En cette matière, nos victoires seront toujours provisoires. Il faut reconnaître que la répression n’est pas le seul moyen utilisé pour réduire au silence tout véritable élan de liberté. La récupération et le détournement de tout ce qui a pu, à un moment donné, contribuer à alimenter l’émancipation, a des effets beaucoup plus dévastateurs. Ainsi, les travailleurs ont lutté pour réduire leur temps de travail, mais le « temps libre » n’est jamais que du temps vendu pour consommer, c’est-à-dire pour renforcer encore plus cette société marchande. Pourtant, force est de constater que les congés payés, l’accès à la consommation, etc., passent toujours - aux yeux d’une multitude de personnes - pour des acquis sociaux qu’il n’est pas convenable de critiquer.

Malgré ces constats amers, je reste néanmoins disposé à aider à l’émergence de telles tentatives (dans la mesure où elles ne se font pas d’illusion sur leur limite et où elles respectent rigoureusement les principes d’organisation libertaires) et soutiens mes compagnons, qu’ils soient militants de la CNT-AIT ou non, qui luttent sur leur lieu de travail. Pour l’heure, ma priorité est de contribuer à la création de moyens de subsistance autonomes, lesquels doivent également exprimer une opposition réelle à la société capitaliste. Ce genre d’initiative reste également limité dans la mesure où nous devons toujours composer avec cette société. Car il est impossible d’échapper totalement à toutes les nuisances et contraintes que ce système pourri fait peser sur nous. Je répète également que ce genre d’expérience visant à sortir du salariat n’est pas incompatible avec des luttes menées par des salariés. Je suis moi-même toujours salarié et, vu mon relatif isolement, je ne sais pas quand je pourrai faire autre chose. C’est pourquoi je fais tout mon possible pour diffuser au maximum mes idées sur mon lieu de travail. Sans être militant d’un quelconque syndicat, je diffuse des tracts, je discute énormément avec des collègues, j’agis dans et hors l’entreprise qui m’emploie.

C’est partout que notre critique doit se faire entendre et chacun doit agir comme il le préfère. L’essentiel réside dans le respect de nos principes d’autonomie, dans l’observation de règles de conduite libertaires. A chaque époque, la question de savoir comment agir et s’associer à occuper le mouvement libertaire et plus spécifiquement les anarcho-syndicalistes. On a vu la CNT espagnole marcher avec la FAI, laquelle a servi à la fois d’organisation plus théorique mais aussi de bras armé. En Argentine, la FORA a développé une autre approche, que je trouve pour ma part plus acceptable : cette organisation servait tantôt de syndicat, tantôt de groupe de réflexion philosophique, tantôt de groupe de défense. Il n’y avait pas d’organisations séparées avec leur propre spécificité.

Aujourd’hui, je pense que le développement de réseaux mettant en relation des personnes aux pratiques et aux expériences différentes, mais adoptant la même éthique, reste une solution possible pour faire émerger durablement des idées et des pratiques révolutionnaires. F.F.


Car la multiplication de ces points de lutte spécifique ne fait en réalité que séparer davantage les uns des autres les aspects négatifs et aliénants de la société. En circonscrivant la lutte sur le terrain politique, chacun dans son domaine particulier, chacune de ses revendications autonomes appelle une solution autonome à son conflit avec le corps social et non la destruction du fonctionnement global de celui-ci. Aucune de ces luttes ne se relie, si ce n’est superficiellement au reste de l’aspiration « irrationnelle » et surtout chacune refuse le dépassement au sein d’une remise en cause globale de l’économie politique qui a été sacralisée par le marxisme. On ne peut bien évidemment demander à la fois l’amélioration d’un secteur de la société et sa destruction totale.

Alain Fleig, Lutte de con et piège à classe.


Extrait d’A trop courber l’échine n°11

LES ANARCHISTES ET NOUS

A trop courber l’échine a été créé en 2001, d’abord dans le but de le diffuser au sein du mouvement anarchiste français [1]. L’idée était de susciter le débat, notamment à partir des thèmes du progrès technologique et scientifique, du travail et de l’industrialisation, et de leur nécessaire remise en cause. Nous entendions par-là concilier la traditionnelle critique anti-autoritaire des institutions avec la critique anti-industrielle, telle qu’elle a pu s’exprimer avec le mouvement luddite au commencement et telle qu’elle continue d’être élaborée par divers groupes et penseurs [2]. J’avais entamé ce travail avec mes compagnes et compagnons du syndicat CNT-AIT de Rouen. Et déjà à cette époque (entre 1998 et 2001), nous avions pris la mesure des réticences rencontrées chez ceux qui se proclament libertaires devant les arguments anti-industriels. Le rationalisme, voire le positivisme et le scientisme, ont encore leur place au sein des groupes anarchistes. Et ils sont nombreux à penser que la Science permettra (et permet déjà !) de nous libérer du travail et des contraintes sociales. C’est dire si la confusion est grande. Mais le pire, c’est que les mots utilisés pour qualifier notre démarche sont les mêmes que ceux dont se servent les industriels, les experts officiels, les journalistes et l’Etat pour nous discréditer. J’irais même jusqu’à dire que les procédés sont semblables : refus borné du débat, injures, calomnies. Il ne manque que la répression - apanage étatique - pour qu’une bonne partie de ses prétendus anarchistes soient à égalité avec les tribunaux !

Il me semble pourtant que tout libertaire, épris comme il se doit de liberté et de justice, devrait tout naturellement se révolter contre l’immense machinerie que constitue la société industrielle et contre ses présupposés : l’exploitation de la nature et du vivant. Il devrait se rendre compte qu’il ne s’agit pas seulement de combattre le capitalisme et la marchandise, mais aussi les moyens de domination et de contrôle directement issus de la vision technologique et industrielle. Pour peu que nous y pensions, l’industrie et la technologie ne peuvent qu’engendrer le désastre et la fuite en avant que nous connaissons à l’heure actuelle. En effet, les moyens mis en œuvre, les infrastructures créées par la société industrielle, dépassent l’échelle humaine, et par conséquent le dominent, l’asservissent, l’aliènent. Il est ridicule de penser que ces moyens pourraient être mis au service de l’humanité s’ils étaient entre des mains anarchistes.

Le problème plus fondamental réside bien dans la notion de satisfaction des besoins. Les humains sont-ils ou non capables de produire ce qui leur est nécessaire sans recourir à tout cet arsenal technologique ? Nous savons bien que la réponse est affirmative. La simplicité et l’entraide sont de bien meilleures moyens pour vivre sa vie et pour s’épanouir librement que tout ce que peut nous proposer - ou plus précisément nous imposer - la société industrielle.

Alors que l’on ne nous balance pas à nouveau que seul le capitalisme doit être combattu, et que le terme de société industrielle est trop vague pour que cela puisse déboucher sur quelque chose. C’est bien l’essence même de l’industrialisme et du progrès technologique, régit part la loi de l’éternelle surenchère et de l’auto-justification, qui est à combattre. Il est vrai que la société industrielle est directement issue du système de production capitaliste, mais il s’en émancipe dans la mesure ou même sans motivation marchande, il s’impose. Parce que dorénavant, la possibilité de telle ou telle activité devient possibilité technique avant tout. Cette société industrielle et la techno-science constituent un système de dépendance généralisée. Ce système est omniprésent, jusque dans nos actes les plus triviaux. Et lorsqu’un problème surgit - et fatalement il en survient toujours - nous nous entendons dire que la résolution de celui-ci dépasse la bonne volonté humaine, parce que cela est techniquement impossible !

Des personnages mal-intentionnés, ou tout simplement mal-informés, prennent souvent un malin plaisir à nous faire dire ce que nous ne disons pourtant pas. C’est ainsi que nous sommes présentés comme des gens souhaitant retourner à un âge lointain, dans un monde qui pourrait être capitaliste mais qui au moins ne serait pas industrialisé ; bref, à un âge non-industriel ou pré-industriel. Si certains "primitivistes", à l’instar de John Zerzan, semblent bien proposer ce genre de chose, cela n’est pas notre cas. Il suffit d’ailleurs de nous lire ou de nous écouter attentivement pour le savoir. Mais pour ça, encore faudrait-il faire preuve de respect et d’honnêteté. Le plus remarquable est que ceux qui nous raillent de la sorte - comme Voltaire avait pu le faire avec Rousseau, le talent en moins - proposent de vivre dans un monde qui serait comme symétrique de celui dans lequel le primitivisme voudrait nous faire vivre : une société industrielle non-capitaliste ou post-capitaliste ! Une chose est sûre : nous ne voulons ni de l’un, ni de l’autre, car nulle part dans ces systèmes nous ne trouvons ce qui anime notre action : le goût de la liberté et de la justice.

F.F.


[Les intellectuels anglais] ont été également contaminés par la conception marxiste, foncièrement mécaniste, qui veut qu’une fois accompli le progrès technique nécessaire, le progrès moral suive de lui-même. Je n’ai jamais accepté cette thèse. Je ne crois pas que le capitalisme, par sa lutte contre le féodalisme, ait amélioré la qualité effective de la vie, et je ne crois pas non plus que le socialisme en tant que tel apporte nécessairement un progrès réel.

Georges Orwell


[1] Par mouvement anarchiste, nous entendons les organisations que se réfèrent à ce terme aussi bien qu’à ceux de libertaire, anti-autoritaire, anarcho-syndicaliste ou communiste libertaire...

[2] Nous pensons à Günter Anders, Georges Orwell, Theodore Kaczynski. De même, nos lecteurs connaissent notre intérêt pour les travaux des éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, de l’Association Contre le Nucléaire et son Monde/Quelques ennemis du meilleur des mondes transgéniques, ou encore les publications comme Los Amigos de Ludd, In Extremis, Notes et Morceaux Choisis, L’homme au foyer, etc. Les coordonnées des groupes et les références des ouvrages cités sont disponibles dans les numéro précédents de notre bulletin ou sur simple demande.


CNT-AIT



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