Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Retour sur les collectivisations en Espagne

jeudi 14 juillet 2005

Publier, aujourd’hui, cette interview de mon grand-père sur la site de la CNT-AIT, est, d’une certaine façon, un moyen de réhabiliter sa mémoire. En effet, lorsque je faisais paraître cet entretien dans Les Temps Maudits, revue de la CNT dites des Vignoles, celle-ci avait encore une allure anarchosyndicaliste. Il n’en est plus rien, à moins que depuis quelques années déjà, tout n’était qu’apparence et vernissage. Ni anarchosyndicaliste, ni révolutionnaire, cette organisation politique est d’évidence à la remorque d’Attac et du Monde Diplomatique. Nous n’en voulons pour preuve les débats et actions organisés conjointement avec la CNT ou encore le soutien de la CNT éducation des Yvelines à l’appel lancé par Le Diplo pour un Conseil National de Résistance, mensuel qui, rappelons-le a largement stigmatisé et discriminé les Blacks Blocks. Tel est le nouveau conformisme de gauche. En outre, annexe de la bourdieuserie mondaine, La CNT Vignoles permet à la feinte dissidence de se répandre, non seulement, dans ses débats mais aussi dans les pages des Temps Maudits. Loïc Wacquant qui a publié Surveiller et Punir chez Agone, en est le dernier représentant en date. Il devient donc, impossible de continuer de laisser penser que Frederic Marin et ses proches aient quelques affinités ou partagent les idées, de ceux qui sont finalement devenus ses ennemis.

VMM

Retour sur les collectivisations en Espagne

S’il y a un espoir, il réside chez les prolétaires. Georges Orwell, 1984

Dans les années 1930, Terrassa, ville située à l’ouest de Barcelone, est l’un des plus grands centres d’industrie textile de l’Espagne. Peuplée d’environ 45 000 habitants, plus d’un tiers de sa population est ouvrière. Cette ville républicaine est un bouillon social et politique. Une vie associative importante et de nombreux intérêts collectifs s’y développent. Une culture populaire qui brasse large - du populisme « catalaniste » à l’ouvriérisme investi dans les luttes sociales - prend de l’ampleur. Toutefois, cette richesse sociale de la ville ne doit pas cacher que les options politiques et sociales sont très diverses.

Au sein de la bourgeoisie se dessine un clivage entre, d’un côté, une bourgeoisie « pro-espagnoliste », catholique, monarchiste, de l’autre, une bourgeoisie « catalaniste » ayant une vision plus dynamique du capitalisme. Pour ce qui concerne la question sociale, leurs positions conservatrices se rejoignent.

La CNT [1] est l’organisation syndicale la mieux implantée et la plus influente à l’intérieur du mouvement ouvrier. En juin 1931, elle compte 10 788 adhérents, soit 60 % du prolétariat de Terrassa. Dès le début, la CNT exprime son désaccord avec la nouvelle république bourgeoise. Les anarchosyndicalistes, ne se sentant pas concernés par les discours « catalanistes » plus ou moins réformistes, poursuivent leur lutte syndicale. Dans la fédération locale des syndicats, la FAI [2] occupe également une place centrale. Les anarchosyndicalistes optent à plusieurs reprises pour des positions radicales, en liaison avec les tentatives de la FAI dans le pays :

-  En février 1932, l’occupation de la mairie par des ouvriers appartenant à la CNT-FAI, notamment pour riposter contre les mauvais traitements infligés aux mineurs en grève de Figols (bassin minier de Berga).
-  Plusieurs tentatives révolutionnaires entre 1932 et 1934.
-  La révolution en 1936 et un affrontement dur et constant avec l’ERC [3]. Avant 1936, à Terrassa, la ligne ouvrière des marxistes dissidents du POUM [4] est assez peu suivie. Ce groupe, constitué de nombreux intellectuels, contribue avec ses idées aux collectivisations.

Les luttes politiques et sociales éclatent à partir d’octobre 1934. Une forte grève insurrectionnelle se déclenche dans les Asturies sous l’impulsion des socialistes pour faire pression sur la droite au pouvoir. Le mouvement est écrasé par les militaires ; on dénombre plus de 3 000 travailleurs assassinés, 40 000 arrêtés, torturés et envoyés au bagne [5]. En Catalogne, les indépendantistes profitent du moment pour entrer en action, mais l’ERC se trouve en sérieux désaccord avec l’alliance ouvrière. La CNT se maintient alors en marge du mouvement jusqu’à ce que l’ERC abandonne la mairie. Durant cette période, les libertaires prennent les armes et libèrent les prisonniers. Après des affrontements violents avec les forces de l’ordre, les événements d’octobre 1934 marquent une rupture encore plus importante entre les hommes de l’ERC et ceux de la CNT.

Les élections de février 1936 apportent la victoire au Front d’Esquerre (Front de gauche, constitué de différentes forces). Les contradictions exprimées dans les urnes en février 1936 explosent le 18 juillet. Le coup d’État militaire échoue dans plus de la moitié de l’Espagne, ainsi que la stratégie de soulèvement des partisans franquistes en Catalogne qui devait permettre le contrôle de Barcelone.

À Terrassa comme à Barcelone, le peuple se hâte de concrétiser la révolution. La réponse effective décidée par les organisations locales au soulèvement militaire est l’appel à une grève générale immédiate, illimitée, et à la lutte armée par l’intermédiaire d’un tract [6] adressé au peuple. Les premiers fusils viennent des casernes. À Terrassa, il en arrive 9 000. Les armes sont distribuées entre les hommes de la CNT et du POUM. Des troubles s’ensuivent. Selon les statistiques généralement admises, les assassinats dans la ville de Terrassa, pour cette période, s’élèvent à 226. Les personnes assassinées durant les premiers mois de la révolution, sont essentiellement des personnes politiquement conservatrices, appartenant à la bourgeoisie catholique et monarchiste, enfin des gens liés au monde de l’entreprise, patrons et gérants, entre autres. Les religieux ne sont pas épargnés. [7]

Cette « répression » orchestrée essentiellement par les chiquillos, groupes « incontrôlés » proches de la CNT, et plus précisément par un militant anarchosyndicaliste, Pedro Alcocer, s’explique par un passé de luttes et de souffrances accumulées depuis de nombreuses années. Parmi la CNT, la FAI, le POUM, l’UGT [8] , l’ERC, des voix se sont élevées pour protester contre ces règlements de comptes :

« Il y a des individus qui vont dans les villes, dans les villas, [...] qui saccagent, volent, séquestrent des personnes et pour certaines d’entre elles, nous savons quelle fin tragique les attend [...]. Nous devons mettre fin rapidement à cela si ne nous voulons pas que l’on nous prenne pour des voleurs et de vulgaires assassins [...]. Révolutionnaires, oui ! Assassins, non ! » [9]

Le nouveau pouvoir se concrétise dans la création d’un comité de liens antifascistes dans lequel la CNT et le POUM sont très majoritaires. Ils écartent le pouvoir municipal. D’une part, se forme le comité local de miliciens antifascistes qui s’occupe des volontaires pour le front ; d’autre part, concernant la vie économique et la reprise du travail, des conseils de banque d’industries et d’approvisionnement se créent et prennent de l’importance.

Pendant ces années de guerre, une partie de l’Espagne vit une des expériences révolutionnaires les plus importantes de l’Europe contemporaine. Les changements du système de production sont la clef de cette expérience.

Nous observerons localement ce phénomène au travers d’une interview du cénétiste Frederic Marín [10]. Cette interview (tirée de la revue Al Vent [11]) se propose d’être un témoignage venant étayer la réalité des collectivisations.

Les collectivisations et la socialisation d’entreprises : guerre et révolution 1936-1939

« - À Terrassa, quelle attitude adoptent les militants cénétistes les jours qui suivirent le 19 juillet ? Comment affrontent-ils la guerre et la révolution ?

-  Dès les premiers jours d’août 1936, une fois terminée la grève révolutionnaire lancée le 19 juillet 1936, le calme revient dans la ville. Des centaines de miliciens marchent en direction de l’Aragon ; parmi eux, un nombre considérable de militants de la CNT-FAI. Les militants du mouvement libertaire restés sur place pour entreprendre les conquêtes sociales que la révolution a mises à portée de leur main, ne sont pas mieux préparés que ceux qui sont partis sur le front. L’objectif prioritaire est alors de mettre en œuvre les préceptes du communisme libertaire.

Depuis le 19 juillet 36, nos organisations multiplient les réunions de militants et les assemblées publiques. Elles se tiennent dans des locaux précédemment réquisitionnés et notamment dans le stade de la ville. Les orientations données vont dans le sens d’un contrôle par les ouvriers de la direction des usines et des ateliers, de tous les biens de production et des capitaux appartenant à leurs lieux de travail. Dans cette première période de transformation sociale, les industries d’une même branche, en raison de l’héritage de l’organisation industrielle de l’ancien système capitaliste, sont excessivement dispersées. L’économie ayant pris une orientation communiste libertaire, nous devons nous adapter à des méthodes plus appropriées pour arriver à la véritable socialisation, celle à laquelle nous souhaitons aboutir [12]. Tel est notre objectif et c’est ce à quoi nous nous employons.

Pour commencer notre action, la fédération locale des syndicats d’industrie de la CNT nomme, en réunion générale, une commission de statistiques et d’orientations économiques. Cela ressemble au Conseil de statistiques et production proposé dans le document « Concept confédéral du communisme libertaire » approuvé par le congrès de Saragosse (mai 1936). Deux autres camarades et moi-même formons cette Commission.

-  Non seulement vous faîtes partie de cette Commission, mais de plus vous appartenez à une collectivité.
-  Effectivement, je deviens conseiller d’entreprise à l’usine des frères Barata, où je travaillais avant la révolution. Mais j’y reste peu de temps car je suis désigné par la Fédération locale de la CNT pour faire partie de cette Commission ».

La Commission de statistiques et d’orientations économiques

« - Quelle fonction a cette Commission et quel degré d’influence a-t-elle sur les collectivisations ?

-  Sous la supervision d’un compagnon [13] technicien dans la branche industrielle, cette Commission élabore des plans de fabrication. Ces derniers, une fois approuvés par les assemblées de travailleurs, sont mis en pratique par les conseils d’entreprise. Ainsi, l’autonomie des collectivisations est absolue ; les assemblées décident de l’orientation et de la gestion générale, en acceptant ou en rejetant ces plans ou différentes initiatives pouvant provenir de n’importe quel ouvrier [14].

-  Y a-t-il un nombre d’heures de travail fixe pour les entreprises collectivisées ?

-  Quarante heures par semaine [15] ; ce nombre est parfois dépassé, le plus rarement possible. Il arrive aussi qu’on travaille la nuit ou les dimanches, selon les circonstances.

-  Comment détermine-t-on le niveau des salaires ? Ont-ils été gelés ? Êtes-vous payés en espèces ?

-  Le système d’avant la révolution est maintenu ; la différence de salaire se fait en fonction de la catégorie de travail [16] ; toutefois, tous les salaires augmentent. Nous sommes rémunérés en argent, quasiment jamais avec des produits d’échange.

-  Quelles sont les transformations au niveau de la sécurité sociale ? Des organismes de secours ont-ils été créés ?

-  Non, aucun organisme nouveau n’est créé mais les services hospitaliers de la ville étaient dans un bon état général. En revanche, il y a eu un effort considérable pour lutter contre les accidents de travail, qui a donné des résultats très positifs. En cas d’arrêt maladie, le salaire est payé intégralement L’avortement devient légal, dès lors qu’il est pratiqué de façon médicale [17].

-  Dans certaines usines, il y a eu des comités de contrôle. En quoi consistent-ils et en quoi se différencient- ils des conseils d’entreprise ?

-  Dans les entreprises où les patrons demeurent en poste après le 19 juillet 1936 (très peu), et pour ceux qui ne sont pas accusés de connivence avec le fascisme, les comités de contrôle - uniquement pour les entreprises employant moins de 100 ouvriers - sont mis en place. Leur fonctionnement n’est pas en soi très différent de celui qui existe avec l’ancien régime patronal. Le patron continue d’être le responsable au niveau de l’administration et de la direction de l’entreprise mais la nouvelle formule donne le droit au comité de contrôler les différentes opérations décidées pour le fonctionnement de celle-ci et de s’opposer à ce qu’il considère comme anormal, préjudiciable ou inopportun. En cas de conflit entre le patron et le comité de contrôle, il est résolu par le comité de liaison CNT-UGT ou par le conseil économique municipal. Par ailleurs, ces entreprises au même titre que celles qui ont été collectivisées, bénéficient de l’approvisionnement en matières premières ».

Rechercher les matières premières.

« - Je crois qu’en tant que membre du comité industriel du conseil municipal d’économie, vous vous êtes occupé d’une importante gestion, la recherche des matières premières pour les collectivisations. Pourriez-vous nous l’expliquer ?

Le conseil municipal « s’attribue » des fonctions qu’il n’a pas avant la révolution. Sa gestion s’étend à toutes les activités de la ville. Parmi elles, l’industrie et l’économie, notamment la section appelée « Comité d’industrie ». Un compagnon de la CNT en devient responsable. En raison de la syndicalisation décrétée pour tout le monde obligatoire [18], à la CNT comme à l’UGT, des comités de liaison, qui furent ensuite intégrés au conseil municipal d’économie, ont été constitués.

Les usines fonctionnant déjà, le comité d’industrie décide que le plus important est de faire l’inventaire des réserves des matières premières (laine d’origine, coton, soie, etc.) utiles pour la fabrication textile, ainsi que des matières premières complémentaires. Une circulaire est envoyée à toutes les entreprises, les informant que les réserves de matières premières pour la fabrication seront utilisées en priorité pour les besoins de la guerre. En complément de cette circulaire, des visites ont lieu dans les entreprises susceptibles de posséder des stocks importants.

Des contrôles permettent de vérifier que les résultats obtenus pour la production sont positifs. Il est alors nécessaire de rendre possible l’approvisionnement pour favoriser une production régulière, la meilleure possible vu dans les circonstances imposées par la guerre. Le problème cesse d’être d’ordre local ; s’y ajoutent de nouveaux facteurs de première importance. Comme pour les laines régénérées, le risque d’une pénurie des laines d’origine est possible. Ne pouvant prévoir ce à quoi il doit s’attendre, le conseil municipal d’économie organise un voyage en Estrémadure - lieu de production lainière où s’approvisionnent les anciens patrons - avec pour objectif de constater l’état dans lequel se trouvent les sources d’approvisionnement. Sur place, dans l’hypothèse où le fascisme n’occuperait pas cette région, nous passons des accords d’échange pour que l’approvisionnement de nos collectivités se poursuive. En rentrant pour Terrassa, nous faisons un détour par l’Andalousie jusqu’au village de Lopera (Jaén), producteur d’huile d’olive. Nous nous occupons de faire ravitailler notre ville et nous négocions également l’acquisition d’huiles impropres à la consommation mais très utiles pour l’industrie. »

Administration autonome

« - En général, quelles sont les difficultés ou les manques que rencontrent les collectivisations ?

-  L’industrie textile que nous avons collectivisée au début du mois d’août 1936, lorsque nous avons réintégré nos postes de travail, est formée d’entreprises qui sont restées indépendantes et chacune a conservé son unité propre, établie par la raison sociale de l’ancien régime patronal. On peut dire que seule la direction des entreprises a changé. Avant la révolution, les patrons en ont la responsabilité et prennent les décisions ; après, ces rôles reviennent aux conseils d’entreprise avec l’aide des travailleurs. Pour ce qui est de l’organisation interne de l’administration, chaque entreprise prend ses propres décisions. Il faut bien admettre que, de manière générale, l’administration des collectivités est réussie, même s’il est vrai qu’elles tendent à se fermer sur elles-mêmes.

En raison de cette vision assez bornée, qui circonscrit les conquêtes sociales de la révolution dans les limites réduites de chaque entité productive, il existe dans la même branche des collectivités plus riches que d’autres [19]. L’héritage que chacune d’entre elles reçoit de l’ancien régime patronal les classe par catégories. Est-ce que la dualité syndicale dans son concept social divergent est à l’origine de cette situation ? Cela est possible. De plus, le décret sur les collectivités de la Généralité de Catalogne n’a rien réglé. Il a seulement légalisé les collectivités telles qu’elles étaient à ce moment-là, et les a emprisonnées dans les filets de la loi. [20]

Cette situation ne pouvait satisfaire les militants de la CNT, lesquels considèrent les collectivités comme le premier pas vers une véritable socialisation qui doit apporter l’égalité économique pour tous. Les réunions des militants et les assemblées générales de la fédération locale des syndicats de l’industrie prennent de l’ampleur, ce qui contribue à améliorer le fonctionnement des collectivités. Toutefois, nous devons considérer le fait que nous n’étions pas seuls. L’UGT, très peu développée au début du mouvement, a relativement grossi lorsque l’obligation de se syndiquer a été décidée. À ce moment-là, tous les « conservateurs » se sont affiliés à ce syndicat.

Tant que les syndicats de l’UGT de Terrassa sont sous la direction d’éléments du POUM, une entente plus ou moins harmonieuse, avec la CNT est possible. Mais à la veille des faits du mois de mai 1937 [21], les dirigeants du PSUC [22], parmi lesquels on compte d’anciens « trentistes » [23], s’approprient des postes à responsabilités qui rendent les relations avec la CNT de plus en plus difficiles [24]. Cela n’empêche pas la CNT de proposer à l’UGT un plan de socialisation de toute l’industrie manufacturière et textile de Terrassa.

Un compagnon et moi-même, en tant que membres de la Commission statistique et d’orientations économiques, rédigeons ce plan. Celui-ci est présenté et discuté lors de nos différentes réunions. Son aspect fondamental est l’abolition de la propriété privée de toutes les entreprises, grandes et petites, riches ou pauvres. Toutes les entreprises doivent disparaître au profit d’une nouvelle qui serait régie par une seule administration générale en contact avec le conseil économique si toutefois ce dernier continuait d’exister. Après quelques modifications [25], ce plan est approuvé et soumis à l’UGT. Ses membres se limitent à dire que le plan est à l’étude sans jamais se prononcer. Pendant ce temps, la situation de certaines collectivités continuent de s’aggraver. Pourtant, et malgré nos incitations à faire d’autres propositions, l’UGT laisse la question en suspens. Il semble évident qu’elle suit les consignes du PSUC qui, opposé à toute socialisation, n’aurait sans doute pas hésité à dissoudre les collectivités s’il en avait eu la possibilité. Sur ce sujet, la CNT va payer une erreur dont elle est la première responsable. »

Redistribuer les bénéfices

« - À quelle erreur faites- vous allusion ?

-  Le 14 octobre 1936, le conseil municipal est formé avec les tendances politiques et les syndicats de la ville. On y concentre tout ce qui fait référence aux activités générales de la ville, notamment l’industrie et l’économie. C’est une conception qui nous semble aller vers la mise en place d’une commune libertaire. La CNT contrôle neuf conseils et dirige celui de l’économie. De façon incompréhensible, et là est son erreur, elle abandonne le conseil économique de Terrassa, aussitôt occupé par l’UGT jusqu’à la fin du mois de mai 1938. Le conseil économique contrôlé par l’UGT devient une énorme entreprise appliquée en premier lieu à faire des bénéfices sur les matières premières destinées à la production pour la guerre.

Ces matières, cédées par le gouvernement à des prix déterminés ou négociés par le conseil municipal économique de sa propre initiative, transformées par l’industrie textile pour les nécessités de l’arrière, sont facturées à des prix qui laissent une marge exagérée de bénéfice. Le conseil municipal économique s’en octroie une partie, oubliant que ces bénéfices reviennent aux industries et aux collectivités. Le bilan est positif avec des millions de pesetas de bénéfice. Pourtant, certaines entreprises sont obligées d’avoir recours à une aide auprès de la Généralité de Catalogne, démarche qui favorise les intérêts politiques de cette dernière. En effet, cette aide implique, lorsqu’elle est accordée, la présence d’un intervenant de l’entreprise, ce qui, à terme, entraîne l’arrêt de la collectivité. La CNT dut faire des concessions jusqu’à ce que les choses changent au mois de mai 1938.

-  Donc, que se passe-t-il avec les collectivités à partir du mois de mai 1938 ?

-  L’instabilité constante du panorama politique, due à la guerre et à la politique menée par le PSUC avec la Généralité de Catalogne, provoque la réduction des pouvoirs économiques que la révolution a mises en place sous la supervision du conseil municipal. À leur place, le conseil économique de Terrassa est créé par décret de la Généralité de Catalogne le 10 mai 1938, comme étant sa propre délégation. Un président de l’UGT est nommé et afin de maintenir un certain équilibre, elle désigne comme vice-président un membre de la CNT. Paradoxalement, ce dernier, moi-même, se charge de tout ce qui concerne la fabrication pour l’industrie de guerre en relation directe avec les collectivités.

Pour la nouvelle étape, la CNT décide :

-  Avec les bénéfices obtenus lors du dernier bilan financier, le nouveau conseil économique de Terrassa aide immédiatement les entreprises collectivisées ayant des difficultés financières et leur donne les moyens de continuer leurs activités. À partir de ce moment-là, toutes les entreprises collectivisées doivent recourir à la Généralité de Catalogne à travers ce conseil économique.
-  Étant donné que le système d’alimentation en eau de la ville est insuffisant, un million de pesetas est prélevé sur les bénéfices et transféré au conseil municipal afin de poursuivre la réalisation du projet de captation et d’amélioration de la distribution de l’eau, décidé avant le 19 juillet 1936.
-  À compter de ce jour, le conseil économique de Terrassa ne fait plus de bénéfices. Les excédents de capital à la fermeture des exercices administratifs servent aux collectivités et aux travaux urbains d’utilité publique.

Ce plan, pour l’essentiel, est mené à son terme. La municipalité peut disposer de son million de pesetas. Elle aide certaines petites collectivités équipées de vieilles machines à redémarrer. Ces dernières avaient été abandonnées par l’ancien conseil économique en raison d’un rendement jugé insuffisant. Pour nous cela ne comptait pas. L’important était que tous les travailleurs aient des moyens d’existence décents. Grâce à ces mesures, le fonctionnement de certaines choses change et notamment celui de l’activité industrielle qui redémarre en quelques semaines. »

Pour la socialisation

« - Si la socialisation doit supprimer le chaos d’inégalités injustes, tout ne s’est pas toujours déroulé comme nous l’aurions souhaité. Nous sommes confrontés, par exemple, au déficit de l’approvisionnement en courant électrique, nos conditions de travail sont très pénibles ; notre alimentation insuffisante, tant en qualité qu’en quantité. Pourtant, malgré tous ces problèmes, les collectivités tournent relativement bien. Si la vraie tragédie se déroule réellement sur le front, nous devons aussi nous préoccuper de la socialisation. Toutes les entreprises collectivisées, dans les conseils desquelles la CNT est majoritaire, sont favorables à la socialisation, en accord avec le plan établi par notre organisation. Parmi elles, se trouvent les deux entreprises les plus importantes de Terrassa. Ce courant s’est confirmé lors d’une assemblée générale de conseils d’entreprise tenue à la mi-septembre 1938 au Théâtre du peuple (ex-Théâtre principal). Nous avons continué de travailler dans ce sens, mais malheureusement le plan de socialisation n’a pu s’appliquer sur le terrain Quatre mois plus tard, le 26 janvier 1939, les hordes fascistes entraient à Terrassa. »

EN CONCLUSION : Après la guerre, les franquistes blâmèrent les collectivisations et les présentèrent comme de véritables absurdités. Mais la réalité vient contredire cette analyse. Dès le début de l’occupation franquiste, la production peut reprendre immédiatement et certains magasins sont mieux approvisionnés qu’en juillet 1936. Bien qu’il manque encore aujourd’hui une analyse détaillée des données économiques nous permettant de quantifier et de faire une évaluation précise des collectivisations, certains témoignages viennent valider le fait que la production a pu continuer dans pratiquement toutes les industries et cela en temps de guerre.

Biographie militante [26]

Frederic Marín Abad est né à Enguera (province de Valence, Espagne) le 24 décembre 1902. À quinze ans, en 1917, il adhère à la CNT-AIT. Entre cette date et juillet 1936, il participe activement aux conflits sociaux qui ont lieu à Terrassa.

À partir du 15 août 1918 et pendant quatorze semaines, il apporte son soutien à la grève des industries textiles, en vue d’obtenir la semaine de cinquante-quatre heures. La grève rencontre l’opposition du patronat, qui a recours à des briseurs de grèves et aux autorités. Les syndicats sont fermés et les membres du comité syndical incarcérés. Pour en finir avec ce conflit, les patrons sont contraints d’accepter les revendications. En octobre 1918, toujours tisserand à l’usine de « Paco Roig », Frederic Marín se met en grève avec d’autres compagnons en raison du refus par les patrons de leurs revendications, que ces derniers considèrent comme une provocation. A la même époque, son ami et compagnon de la CNT, Serafin Sala, est assassiné [27]. Cette grève précède la grève générale des mois de mars-avril 1919. Entre 1919 et 1923, une lutte sans merci s’engage entre les syndicats et les patrons, qui embauchent des pistoleros (tueurs à gages) pour se débarrasser des responsables syndicaux. Pendant cette période, accusé à tort de porter une arme sur lui à l’intérieur de l’usine, Frederic Marín s’exile pendant plus d’un an, tout d’abord à Barcelone puis à Sabadell (province de Barcelone). Son père, Federico Marín Vincent [28], refusant de livrer quelques informations sur son fils, est incarcéré pendant deux mois à la prison de Terrassa.

Sa contribution à la FAI fut tout aussi courageuse et conséquente. À partir de 1927, il appartient à des groupes de l’organisation spécifique, ceux qui après la création de la FAI en 1927, formèrent la fédération locale des groupes de Terrassa.

S’ensuivent les événements de 1933 : le Bienio Negro (les deux années noires) avec la droite qui prend le pouvoir ; des mouvements de mécontentement dans toute l’Espagne et à Terrassa, l’occupation de la mairie par des ouvriers appartenant à la CNT-FAI, notamment pour riposter contre les mauvais traitements infligés aux mineurs en grève de Figols (bassin minier de Berga).

À cette époque, Frederic Marín a deux garçons en bas âge, sa famille l’occupe beaucoup et bien qu’appartenant toujours à la CNT-FAI, ils participent moins activement aux activités militantes.

Dès les premiers jours de la révolution, après le 19 juillet 1936, totalement engagé dans la lutte révolutionnaires, il part à Alicante (sans ordre de mission de la CNT), pour faire partie de la colonne qui doit se rendre sur le front d’Andalousie où opère déjà celle du cénétiste andalou Maroto. Finalement, leur tentative pour monter au front est un échec, et après un mois de bombardements par les phalangistes, ils sont contraints de retourner à Terrassa.

En août 1936, Frederic Marín est nommé par la fédération locale de la CNT de Terrassa responsable de la Commission statistique et d’orientations économiques.

En juin 1937, il devient adjoint au maire des transports et des travaux publics de l’administration locale.

En mars 1938, il est nommé, en tant que délégué de la CNT, vice-président du conseil économique de Terrassa.

En octobre 1938, il rejoint la 119e brigade mixte, premier bataillon, première compagnie de la 26e division, dont il devient peu après « commissaire politique ». Sur le terrain, entre deux offensives ennemies, il anime quelques conférences [29]. Le 13 février 1939, il passe la frontière française à Puigcerda pour un exil qui va durer cinquante cinq ans. Parqué dans les camps de rétention de Septfons et Vernet d’Ariège, il connaît comme ses camarades souffrances et humiliations.

Vers la fin de l’année 1941, sous le gouvernement de Pétain, la répression s’accroît. [30] Arrêté à deux reprises, Frederic Marin, parvient à s’évader. Commence pour lui une vie de « survie » dans la clandestinité.

A partir de 1945, il reprend légalement ses activités. Avec quelques compagnons, il est à l’origine de la création de la Commission de relations et de solidarité des cénétistes de Terrassa dans l’exil. Durant les quarante ans d’existence et d’activités de la Commission, il en fut un membre actif.

En 1948, il devient secrétaire de la fédération locale de la CNT de Houilles (département des Yvelines) durant plus de trente ans et secrétaire du comité régional de la zone Nord (de la CNT en exil), jusqu’au début des années 1960.

Membre depuis 1966 de la Commission internationale des relations (CIR), il participe à la Commission préparatoire du congrès des fédérations anarchistes (CRIFA) qui se tient à Carrare (Italie) en 1968.

Il retourne pour la première fois en Espagne en 1976, après la mort de Franco. Lorsque, dans les années 1960, celui-ci disait : « les anarchistes peuvent revenir, j’ai pardonné ». Frederic Marin rétorquait : « Moi, je n’ai pas pardonné ». Seul son âge avancé lui fait arrêter ses activités militantes au sein de la CNT. Analysant les erreurs du passé, Frederic Marín, durant toutes ses années de militantisme à la CNT, n’a de cesse de condamner la participation de la CNT au gouvernement républicain. Cette erreur est pour lui fondamentale et ne doit plus, à l’avenir, se reproduire.

Il décède à quatre-vingt-onze ans, le 21 janvier 1994, à Sartrouville (Yvelines).

Valérie Minerve Marin


[1] CNT : Confédération nationale du travail créé en 1911 en Espagne et affiliée depuis toujours à l’AIT contrairement à la CNT dites des Vignoles qui en a été exclue en 1993. Nous parlons donc bien tout au long de ce texte de la CNT-AIT.

[2] FAI : Fédération anarchiste ibérique. Entre 1923 et 1930, sous la dictature de Primo de Rivera, la CNT entre dans la clandestinité. Parallèlement, se crée la FAI (en juillet 1927 à Valence), dont l’objectif, en tant que société secrète révolutionnaire, est d’unifier les activités anarchistes et syndicales en Espagne et au Portugal et de contribuer à la lutte contre la dictature. À partir de 1931, elle devient le lieu où se rassemblent les cénétistes qui s’opposent au caractère de plus en plus révisionniste de la Confédération. Minoritaire dans la CNT jusqu’en 1931, son influence au sein de celle-ci va devenir majoritaire, et en 1932 les tendances syndicalistes représentées par Pestaña et Peiró (Manifeste des trente) sont exclues de la CNT. De plus, il est important de souligner que si, au début, les faïstes apparaissent comme moins « économistes » que les syndicalistes, cela ne dure pas. Par ailleurs, ils ont intériorisé une morale et une éthique très forte. Source : Courant alternatif, sup. février 1996, p. 6, et la CGT-SR et la Révolution espagnole. De l’espoir à la désillusion, Jérémie Berthuin, Editions CNT-RP, novembre 2000.

[3] ERC : Esquerra Republicana de Catalunya (Gauche républicaine de Catalogne)

[4] POUM : Parti ouvrier d’unification marxiste.

[5] Source : Jérémie Berthuin, la CGT-SR et la Révolution espagnole. De l’espoir à la désillusion, op. cit.

[6] « A les masses populars en general » in Terme : Centre d’Estudis Històrics. Arxiu Històric Comarcal. « La Guerra Civil a Terrassa ». Monogràfic. Terrassa, novembre 1986.

[7] George Orwell, en 1938, expose de manière assez juste ce que souhaitait la CNT-FAI sur ce point : « [...] 3) hostilité sans compromis à l’égard de la bourgeoisie et de l’Eglise [...]. Les anarchistes étaient à l’opposé de la majeure partie des soi-disant révolutionnaires : si leur politique était assez vague, leur haine du privilège et de l’injustice était d’une intransigeante sincérité. » Source : Courant alternatif, « Il y a 60 ans... Espagne 1936 : Guerre ou révolution ? » op. cit., p. 26.

[8] UGT : Union générale des travailleurs (syndicat socialiste dominé à cette époque par les communistes).

[9] L’Acció. 12 agost 1936, Espartacus Puig : « Dignifiquem la revolució » in Terme : Centre d’Estudis Històrics. Arxiu Històric comarcal. « La guerra civil a Terrassa ». Monogràfic. Terrassa, novembre 1986, p. 21.

[10] Biographie militante en fin d’interview.

[11] Al Vent. « Conversa amb el cenetista Frederic Marín. Les col.lectivitzacions i la socialització d’empreses : Guerra i Revolució 1936-1939 ». Terrassa, n° 90, 1986 (propos recueillis par Jordi F. Fernández).

[12] La socialisation consistant à regrouper toutes les entreprises d’une même branche.

[13] À l’intérieur du mouvement révolutionnaire CNT-FAI, le mot compañero (« compagnon ») était usité à la place de camarada d’origine marxiste et surtout utilisé par les phalangistes.

[14] Le nouveau système de production modifiait le titre des entreprises mais ne réorganisait pas la production. Chaque entreprise collectivisée continuait à travailler pour son propre compte.

[15] À l’époque, le travail hebdomadaire s‘élève à plus de cinquante quatre heures par semaines. En France, le passage au 35 heures ne date que de l’année 2000 et le travail de nuit n’est pas encore aboli. De plus, la législation autorise certaines entreprises à ouvrir le dimanche.

[16] Il ne s’agit pas d’appliquer une hiérarchie des salaires. Il est nécessaire de modifier le système progressivement, d’autant plus que la CNT doit composer avec l’UGT, ce qui rend très difficile le passage à l’autogestion.

[17] L’avortement n’existait qu’en Catalogne, encore que la ministre de la Santé de novembre 1936 à mai 1937 ait appartenu à la CNT.

[18] Cette obligation imposée par le gouvernement bourgeois catalan s’explique par le fait que, pour ce gouvernement, les syndicats doivent pouvoir parler au nom de tous les travailleurs.

[19] L’évolution de la guerre génère une nouvelle demande, l’article militaire, et pour le cas de Terrassa, surtout des couvertures. Ainsi, les problèmes de production viennent des difficultés de s’approvisionner en assortiment de laine en provenance de l’Estrémadure et du sud de l’Aragon. Dans cette perspective, le rôle du comité d’industries est très important : il devient l’intermédiaire naturel entre les commandes d’articles militaires de l’administration et la production industrielle. Aussi parce qu’il permet l’obtention des matières premières, ce comité d’industries intégre ensuite le conseil économique.

[20] Certaines collectivités connaissaient également des problèmes de ravitaillement en matières premières.

[21] L’ERC, le PSUC (Parti socialiste unifié de Catalogne, créé en juillet 1936, dirigé par les communistes et affilié à la IIIe Internationale) et l’UGT se posent en défenseur de la petite-bourgeoisie et demandent un décret sur les collectivisations et les normes élaborées par la Généralité de Catalogne.

[22] Le PSUC, qui n’a pratiquement pas de militants à Terrassa en juillet 36 (ni d’ailleurs dans le reste de la Catalogne), devient l’arbitre de l’évolution politique, notamment en introduisant par le biais de l’UGT et au détriment du POUM, ses hommes de confiance dans le conseil municipal. Au sein de l’UGT, des conflits se produisirent entre le POUM et le PSUC. Ces derniers prennent prétexte de l’assassinat d’un de leurs militants pour intensifier une campagne contre le POUM. Une véritable « chasse aux sorcières » s’ensuit, expulsant tous les hommes du POUM. Pour se protéger, de nombreux militants intégrent le front militaire. D’autres sont protégés par la CNT, qui retrouv une certaine initiative politique à partir de 1938 quand elle reprend la mairie.

[23] « Trentistes » : anciens membres de la CNT, scissionnistes emmenés par Pestaña, favorables à un accord avec les partis de gauche.

[24] Le PSUC qui défend alors la petite bourgeoisie, fait parallèlement campagne en faveur des municipalisations se démarquant ainsi de la campagne de socialisation portée par la CNT et le POUM. Après mai 1937, la situation de la mairie est chaotique, la CNT perd du pouvoir et l’ERC municipalise certains services (eaux, autobus, pompes funèbres) qui jusque-là étaient collectivisés et contrôlés par la CNT. La CNT s’oppose fermement à tout ce processus qui témoigne d’un recul dans sa perspective des transformations économiques et qui non seulement éloigne la socialisation mais aussi de la propre collectivisation de la production. Le PSUC sait que la force décisive est la CNT qui compte, pour l’année 1936, 11 000 adhérents, alors que l’UGT n’en compte que 3 000. Tenir tête à la CNT est le véritable objectif du PSUC et pour cela il a besoin de dominer l’UGT. Afin de freiner la CNT, le PSUC s’allie avec l’ERC et si, finalement, les cénétistes récupérèrent la mairie, le PSUC sait qu’il a une influence au moins similaire à celles des anarchosyndicalistes. Qui plus est, dès 1937, le PSUC, farouche partisan de l’institutionnalisation de l’ordre public, a redonné un certain pouvoir à la police qui dispose de nouveau du droit d’intervention.

[25] La double volonté de moderniser et rationaliser l’industrie s’affirme : rénovation de l’outillage des machines, élimination de la concurrence commerciale, etc. Il s’agit de dépasser une économie coordonnée pour arriver à une économie planifiée.

[26] Sources : Francisco Pérez, CNT-Espagnole, et Frederic Marín, Récit familial, 1984.

[27] Sources : Francisco Sabat, Los anarcosindicalistas tarrasenses en el exilio, 1979, p. 20., et Frederic Marin, Récit familial, op. cit.

[28] Ce dernier est président du groupe culturel anarchiste la Colmena (la Ruche) à Cullera (province de Valence) dans les années 1900-1911. Dans son village, il fonde une petite École moderne, dans laquelle il met en œuvre les méthodes de Francisco Ferrer. N’étant pas rémunéré, il doit fermer l’école et reprendre son travail de nuit à la boulangerie dans laquelle il effectue un travail de petite comptabilité et aide le boulanger à faire le pain. En 1911, durant la grève générale contre la guerre au Maroc, il est arrêté et passe six mois en détention à la prison modèle de Valence.

[29] Nous n’avons trouvé aucune information concernant ces conférences. Sans doute portent-elles sur l’avenir d’une société plus juste et le plus libre possible avec le communisme libertaire, et servent-elles aussi à remonter le moral des militants sur le front.

[30] La Gestapo et Pétain se font forts de remettre à Franco les libertaires de 1936. C’est ainsi que Juan Peiró, qui réintègre la CNT en 1936 après avoir été « trentiste », est fusillé à Valence en 1942. Source : Courant alternatif, op. cit., p. 5.


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