Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Expertise ? Vous avez dit expertise !

jeudi 13 mars 2003

Jeudi 16 janvier 2003, 23 heures, Aéroport de Roissy. Un jeune Somalien (24 ans), sans-papier et demandeur d’asile politique, est expulsé. Trois flics de la PAF (Police de l’Air et des Frontières) l’encadrent. Il fait un premier malaise. Il en fait un deuxième. Un médecin est appelé, pour faire l’expertise de la situation. Il conclut que c’est un simulateur. Le somalien est embarqué dans l’avion, sans trop de ménagements, et, en tant que simulateur agité, il est ficelé sur son siège. L’avion n’a pas décollé qu’il fait un troisième malaise. Il tombe dans le coma. Il n’en ressortira jamais. Trois jours après, le samedi 19, le "simulateur" meurt. "L%expert" est toujours vivant.

Quelques jours avant, le 30 décembre 2002, toujours à Roissy, un argentin est conduit de force dans l’avion. Il meurt d’une crise cardiaque. Son corps est toujours à la morgue. Il n’a pas été réclamé par la famille. L’argentin n’en avait plus. D’ailleurs, il n’avait plus personne en Argentine. Sur réquisition du parquet, des experts font l’autopsie. Ils concluent à la "mort naturelle". C’est sûr, il est tout à fait "naturel" de mourir d’une crise cardiaque quand on est expulsé vers un pays d’où on s’est échappé pour ne pas crever de misère et où l’on ne connaît plus personne !

Janvier 1996, prison de Nanterre. Trois détenus sont au mitard. On les y met pratiquement à poil : pour tout vêtement, ils n’ont qu’un slip de papier (ce qui n’est pas un des "traitement inhumain et dégradant" interdits par la loi, puisque c’est l’Etat qui le fait). L’hiver est rigoureux. Le vent s’engouffre dans la cellule. Il y fait à peine 10 degrés. Les prisonniers se trouvent mal. Mais deux médecins, Louis Huard psychiatre et Didier Lucas généraliste [1], donnent leur conclusion, et vite fait après avoir "examiné" les détenus à distance, à travers les barreaux. Les bons docteurs ont conclu que les prisonniers ne courraient aucun danger. En slip, avec le vent et par 10°, il faut vraiment avoir fait de longues études pour pourvoir affirmer sans rougir une telle ânerie ! Mais on est expert où on ne l’est pas, que diable ! Malgré l’expertise, un premier prisonnier est tombé dans le coma, puis un deuxième, enfin le dernier. Quand le Samu est arrivé, leur température corporelle avait dramatiquement chuté. Elle était entre 20 et 25 degrés ! C’était une extrême urgence. Un peu plus, et ils étaient morts par hypothermie.

18 Septembre 2002. Papon, déclaré par les experts "grabataire", ce qui veut dire, selon la définition du Dictionnaire Robert "Qui est malade et ne quitte pas le lit" et "impotent" ("Qui ne peut se mouvoir, ou ne se meut qu’avec une extrême difficulté") sort de sa prison sur ses deux jambes, fort alerte, devant les caméras... Les experts n’avaient pas lu le dictionnaire ?

Avec une blessure à la main, Madame X, secrétaire dans le privé aura droit à un jour d’arrêt de travail au sens pénal du terme, Monsieur Y, policier, avec exactement la même blessure, à trois semaines. Un flic rugbyman, c’est plus fragile qu’une petite secrétaire, c’est sûr, enfin, pour un expert judiciaire.

Je ne sais pas sur quels critères sont sélectionnés les médecins experts qui interviennent à la demande de la police ou de la justice, mais je commence à avoir une petite idée...

Martine


136 JOURS APRES SA LIBERATION,

"l’impotent", le "grabataire" Maurice Papon est toujours de ce monde. Monsieur Perben, combien de vieillards, combien de grabataires, combien d’impotents y a-t-il aujourd’hui dans vos prisons ? Monsieur Perben, depuis 136 jours, combien de prisonniers sont morts derrière les barreaux ? Combien n’ont été libérés que pour mourir quelques jours après ? Vous ne dites rien, M. Perben ?

1er-II- 2003


[1] c’était tellement gros, qu’ils viennent d’être condamnés, après exactement six ans de procédure. Un gardien et le directeur en exercice à l’époque ont été également condamnés. Leurs peines sont déjà amnistiées. Ça n’a pas que des inconvénients, pour certains, une longue procédure...


CNT-AIT



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