Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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TEMOIGNAGE : “Un chantier extérieur”

samedi 5 août 2006

Je voudrais dénoncer cette véritable force répressive qui agit dans l’ombre, je veux parler des travailleurs dits sociaux dans le milieu carcéral, en apportant un témoignage. Une femme qui purge sa peine à la prison de X, grâce à sa bonne conduite, au fait qu’elle suive des formations,... finit par sortir en "chantier extérieur" avant d’être libérée. Mais, ne nous réjouissons pas trop vite, et reprenons du début.

Dès leur arrestation, procédures, emprisonnements, les femmes subissent le mépris du personnel féminin qui les encadre, et la misogynie de cette société toute entière, de plein fouet. L’un des premiers maillons de la chaîne, c’est l’assistante sociale qui s’occupe des dossiers. Elle prend un malin plaisir -sadisme ?- à faire traîner en longueur les dossiers de personnes incarcérées, systématiquement, ce qui lui permet d’exercer un pouvoir implicite, qui lui donne une autre dimension, une autre importance dans la hiérarchie, que sa place d’assistante sociale. Résultat gravissime de l’attente des dossiers, c’est la perte d’un éventuel emploi à l’extérieur, et forcément une plus longue incarcération. L’attente, l’incertitude, sont des pouvoirs oppressifs contre les personnes incarcérées, ce sont des pénalités supplémentaires à l’enfermement.

Le deuxième maillon de la chaîne, c’est le Centre censé préparer au retour dans la "vie active", qui est chargé de contrôler, de fliquer, la personne une fois qu’elle a obtenu son "chantier extérieur". Il faut savoir qu’un "chantier extérieur" est assorti de conditions draconiennes, il ne donne pas la levée d’écrou, la personne doit être de retour dans son studio impérativement à 18 heures, juste après son travail, car elle est contrôlée tous les jours -parfois dans la nuit. Elle doit faire un compte-rendu de la journée, fournir à répétition des justificatifs, et aussi subir un langage autoritaire où on ne se gêne surtout pas pour rappeler autant de fois qu’on veut qu’on a le pouvoir de te faire remettre en prison. C’est un véritable harcèlement quotidien. En gros, tout est fait pour te faire craquer nerveusement par des conditions insupportables. Dès que le Centre constate la moindre petite entorse à son règlement, il envoie un compte-rendu dénonciateur au juge.

Dans cette histoire, après un compte-rendu assassin (il n’y avait pourtant pas vraiment de quoi), quelques jours après, la personne est conduite par le Centre devant le juge qui lui signifie son retour derrière les barreaux.

Est-ce que les pressions et le flicage quotidien sont un moyen de se réinsérer dans la vie active où plutôt des méthodes mises au point pour laminer psychologiquement un peu plus les personnes et les renvoyer dès qu’on veut à la case prison ?

N’a-t-on pas raison de penser que cette société, qui se prétend humaine, est une machine de guerre qui broie des êtres humains ici, et partout sur cette planète, avec une multitude de méthodes toutes aussi barbares les unes que les autres ?

Gaston

Tiré du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénée n°96, par la CNT-AIT de Toulouse


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