Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Oui, il faut débattre et clarifier

samedi 20 octobre 2001

Dois-je l’avouer ? Contrairement à beaucoup de militants, j’ai lu cette brochure avec sympathie. Même si j’ai d’importantes divergences sur le fond et si la forme dérape parfois (les auteurs cédant à des facilités de plume), je crois qu’il faut souligner au moins deux choses positives la volonté d’ouvrir le débat et une critique des différentes composantes du mouvement libertaire actuel qu’il convient de ne pas écarter d’un revers de manche.

Le premier point est essentiel. Le mouvement libertaire devrait se caractériser par un débat permanent. Il possède des bases idéologiques solides qui sont acquises et qui le caractérisent. Mais je regrette, moi aussi, que leur actualisation, au contact de la réalité, ne soit pas assez débattue. Par exemple, la façon d’agir dans les entreprises et dans les quartiers en tant que militants libertaires devrait être nourrie d’expériences, régulièrement synthétisées et analysées. Il serait intéressant que ceux qui ont une pratique dans ce domaine prennent la peine de la décrire (avec le plus d’objectivité possible) pour nourrir la réflexion collective. Car il faut avouer qu’à ce jour, beaucoup de militants, soit ont des réponses toutes faites (par exemple, une vision " 1950 " du syndicalisme d’entreprise), soit font en pratique des choses opposées à ce que leur théorie préconise (comme de se présenter à des élections professionnelles et même politiques !). Même si elle ne prend pas le problème sous cet angle, la brochure de Raynaud et Babar a le mérite de questionner le mouvement et peut donc le faire avancer sur ce plan. Deuxième point : Jean-Marc Raynaud a une longue connaissance " par l’intérieur " d’au moins deux organisations, ce qui lui permet d’aller droit au but et de tracer leur portrait en quelques lignes.

Disons tout de suite que les autres organisations n’échappent pas à cette dissection politique : nous écopons en ce qui nous concerne de l’étiquette " psychorigide " car nous rejouerions " sans cesse juillet 36 en mimant ce qu’il y avait de plus dogmatique dans le mouvement anarcho-syndicaliste de cette époque ". La base de l’analyse me semble exacte d’une part, nous faisons preuve d’une grande fermeté dans les principes anarcho-syndicalistes et dans leur application d’autre part, l’expérience de la révolution libertaire espagnole de Juillet 1936 est une de nos références. Est-ce pour autant de la rigidité psychique ? Est-ce que nous rejouons sans cesse les barricades de Barcelone et l’autogestion en Aragon ? A chacun d’entre nous de s’interroger.

Mais revenons à ce que Jean-Marc connaît le mieux : la Fédération Anarchiste (dans laquelle il milite depuis 30 ans), et le groupe des Vignoles dans lequel il milite depuis peut-être sa création. La première est " incapable de décider quoi que ce soit d’une manière collective " elle " fonctionne (ne fonctionne pas) au surréalisme de cette billevesée qu’est l’unanimité (comme si la vie, l’intelligence et l’efficacité pouvaient être unanimes ..... qui tolère qu’une minorité (voire un simple quidam) empêche le plus grand nombre de s ’exprimer en tant que tel ". En ce qui concerne le groupe des Vignoles, il est, nous dit Jean-Marc, presque " exclusivement parisien ... et pédale à coté du vélo de son projet initial " car il " ne syndique (pour l’essentiel) que des non travailleurs qui sont prêts à presque tout... pour en syndiquer des vrais, et qui s ’imaginent que le romantisme révolutionnaire a quelque chose à gagner avec un SO (Service d’Ordre, si si..) musclé, crâne ras et mauvaises manières machistes du genre c ’est moi qui ai les plus grosses ". Et de conclure que cet " activisme (étudiant ?) " est une " baudruche qui commence déjà à se dégonfler ". Ces constats sont écrits très simplement, et me semble-t-il sans véritable acrimonie, par un membre de ces deux organisations qui a joué un rôle majeur dans leur histoire récente. Ils devraient, là aussi, faire réfléchir en profondeur leurs adhérents, et, plus largement tous les libertaires. Raynaud et Noël tentent un début de clarification. A tous de la poursuivre et de poursuivre le débat.

Rirette


CNT-AIT



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