Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



Analyses et propositions de JM Raynaud et Babar :
FRANCHEMENT CONTRE

samedi 20 octobre 2001

Je viens de lire un texte intitulé " Unité pour un mouvement libertaire ".

Rappelons qu’après la Révolution russe, un groupe de combattants anarchistes, autour de Makhno et Archinoff, se propossait déjà de rassembler et de mettre le mouvement anarchiste en ordre de bataille. Comme cette proposition impliquait des conceptions autoritaires, elles firent l’objet de critiques de la part d’autres militants anarchistes (Voline, Malatesta). Le débat autour de l’unité n’est donc pas nouveau et a pour mérite principal, quoique paradoxal, de mettre en relief les divisions et les différences au sein même de ce mouvement composite qu’est le mouvement anar. La brochure de Jean-Marc Raynaud et de Roger Noël n’échappera pas à la règle, et c’est à ce titre que sa lecture est intéressante et recommandée puisqu’elle nous livre une conception qui est celle de nombreux libertaires mais avec laquelle d’autres militants se trouveront en désaccord.

Après un inventaire du mouvement anarchiste franco-belge, la base de l’argumentation est simple " les misérables d’hier, qui n’avaient que leurs chaînes à perdre, y regardent à deux fois avant de mettre dans le jeu révolutionnaire leur télé, leur bagnole, leur ordinateur et leurs avantages sociaux " (p. 10). En vertu de quoi, " dans le meilleur des cas, parce que la perspective de la liberté, de l’égalité, de l’autogestion et, disons-le, du bonheur effrayera toujours le marais du tout venant d’une espèce humaine, solidement installé dans un équilibre névrotique tout de peur de mourir et de désir de vivre, nous ne pourrons jamais aller au-delà de l’extraordinaire d’une forte minorité " (p 18). Je laisse au lecteur le soin d’analyser ces propos dans leur contexte pour m’en tenir à ce qui me semble être l’un des principaux enseignements tirés de ce constat par les auteurs de la brochure :

La négation de l’idée révolutionnaire

L’ouvrage est ainsi parsemé d’allusions péjoratives autour du " mythe révolutionnaire ", rejoignant par ailleurs l’idéologie bourgeoise. Dans une imagerie digne d’un Gaxotte (historien royaliste) nous dépeignant la révolution de 1789, les auteurs nous décrivent une révolution comme un bain de sang, et ceux qui la prônent comme des " nostalgiques sanguinaires ", des névrosés, des assoiffés de meurtre, voire des criminels stupides (p. 17). Comment évoquent-ils les assassinats de masse, par la faim ou par les armes, commis hier et aujourd’hui par le capitalisme ? Eh bien, les victimes du capitalisme, je cite " pour innombrables qu’elles soient, ne sont ni unies, ni demandeuses d’un changement social radical... ". Pour un peu, on apprendrait que les victimes du capitalisme sont heureuses de leur sort et en redemandent encore, dans la souffrance et dans l’horreur ; leur seule angoisse semblant être de rencontrer un de ces révolutionnaires aventuriers stupides.

" Il faut être parmi les acteurs de l’histoire " (p. 7)

Rejetant l’idéal révolutionnaire pour les raisons ci-dessus, les auteurs devraient d’après moi, fort logiquement, abandonner leur étiquette anarchiste pour se retirer dans leurs pénates ou pour adhérer au parti de leur choix afin de participer à la " vie citoyenne " de l’occidental urbain moyen. Entre adhérer à ATTAC, le Net ou s’abonner à Télérama pour les plus fatigués, une vaste gamme de produits leur est offerte. Eh bien non, ils proposent au mouvement libertaire de peser sur le système (système que nous voudrions pour notre part renverser) et pour ce faire, s’allier à d’autres. Mais à qui ? Puisque, selon eux, les " misérables " d’hier sont des esclaves irrécupérables, c’est à des " non libertaires "" (p. 18) qu’ils proposent de s’allier, sans apporter d’autre précision. Ici tout est donc à craindre, le moindre mal étant d’ouvrir, comme on y est incité page 25, une épicerie bio-libertaire

Pour ma part, je n’adhère pas à cette vision tellement étriquée qu’elle en devient comique des perspectives sociales, historiques et géographiques dans lesquelles Raynaud et Noël enferment l’anarchisme. En ce qui concerne le champ social, par exemple je ne partage pas la conception de " victoires " ou de " défaites " telle qu’elle est développée dans la brochure. C’est d’ailleurs bien mal comprendre le capitalisme que de penser qu’on puisse emporter sur lui des victoires qu’il ne récupère pas ou qu’il ne détruit pas dès que le rapport de force redevient en sa faveur. Les luttes sociales ont un rôle bien plus essentiel : celui de mobiliser les exploités vers la libération du joug capitaliste.

Dans le champ historique, je ne partage pas la vision putschiste, léniniste, de la phase révolutionnaire, qui est de plus caricaturée dans la brochure ; car la révolution que nous voulons, c’est celle des assemblées générales et des conseils, et non celle de la prise du pouvoir par une camarilla. L’image d’Epinal de la guillotine et des Khmers rouges, que l’on retrouve dans la brochure, c’est l’image que l’idéologie dominante donne de la révolution. L’expérience historique des révolutions libertaires est toute autre. La révolution se fait dans les cœurs et dans les têtes, par l’échange collectif (sur les lieux de travail et de vie) des expériences et des espérances et en s’organisant pour les concrétiser et parfois les défendre. Dans le champ géographique, je suis internationaliste ; je ne me positionne pas en fonction de la classe sociologique la plus représentée dans le mouvement libertaire français, c’est-à-dire le citoyen urbain moyen occidental. Il est assez impensable de devoir rappeler que l’essentiel des habitants de la planète, qu’on les classe dans le tiers ou le quart monde, vivent dans la misère. Mon engagement dépasse les limites de celles décrites dans la brochure, et j’en tire des conclusions opposées. Face à la barbarie capitaliste, l’idéal révolutionnaire reste plus que jamais d’actualité.

Delenda es Capitalismo


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

  Présentation
  Contacts
Déplier Abstention et résistances populaires
Déplier Dossiers
  ESPOIR (Bulletin du SIPN)
  FACE A LA CRISE
Déplier International
Déplier Luttes : actualité, bilans, archives
  LUTTES DANS LES QUARTIERS POPULAIRES
  Publications
  RESISTANCE POPULAIRE
  SOLIDARITE
Déplier Stratégie
  Sur la Toile
Déplier Syndicalisme ?
Déplier TRAVAILLER PLUS ? POUR QUOI ? PRODUIRE ? COMMENT ?
  YVELINES ROUGE ET NOIR

LISTE DE DIFFUSION
      S'ABONNER
     Votre adresse électronique :
     
     
     Un message de confirmation vous sera demandé par courrier électronique.
      Gérer son abonnement.
     Votre adresse d'abonné :
     
     
      CONSULTER LES ARCHIVES

[ Plan du site ] [ Haut ]
Traduction(s):

[ Haut ]
Dans la même rubrique


Une belle manifestation
[L’unité c’est dans l’action qu’elle se réalise]
Elections législatives 2002 : appel à l’abstention
L’unité des libertaires à l’épreuve
LE COMBAT SYNDICALISTE - La Lettre du CDES - Midi-Pyrénées - Numéro spécial 75 - Mai/juin 2002
Forum Social Libertaire
Sale coup de gueule

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.