Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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AVEC TOI STEPHANIE ...

Le Déni de grossesse

lundi 26 juillet 2004

Le 27 mars 1997, tu étais à mes côtés. Ce jour-là, Marc Bourragué, le Procureur qui peu auparavant invitait chez lui un tueur en série pour boire l’apéritif, me traitait de voyou. Pour une sombre histoire de doigt tordu sur un policier de la BAC il demandait contre moi douze mois de prison et deux ans d’interdiction du territoire de la Haute-Garonne. A 20 ans, tu faisais donc connaissance avec les paradoxes de l’institution judiciaire. Et, comme cela, depuis 1995, ta présence discrète a appuyé les combats des plus démunis.

Puis, nous avons eu un enfant, peut-être cela a-t- il déclenché quelque chose, peut-être pas, je ne suis pas psychiatre, le fait est que tu étais malade, que tu souffrais et que personne n’a rien vu. Jusqu’à ce jour terrible d’un autre accouchement, solitaire et effroyablement douloureux, au cours duquel tu as perdu l’enfant que tu portais. Jamais de ma vie je n’avais appelé le SAMU. C’est ce que j’ai fait en revenant du travail. Et j’étais loin de me douter en te retrouvant comateuse et exsangue que des services d’aide médicale d’urgence à la prison il n’y avait qu’un pas.

Tu étais en souffrance, tu as vécu un drame épouvantable, et la société Te met en prison.

Car la société, elle se résume à pas grand chose. Pendant que tu étais en réanimation et moi placé en garde à vue, un journaliste a fait les cancans du commissariat, un autre a pris notre maison en photo. Ils ont volé notre douleur pour la transformer en un sordide fait divers. Quelle bonne chose, pour le petit commerce, que ce frisson qui a dû parcourir l’échine du lecteur à l’évocation du "mystère" de la machine à laver. Avant de t’abandonner à la mort, tu avais couché ton premier enfant et caché le deuxième. Mais ici le thème vendeur était trop beau pour qu’on s’amuse à le démystifier.

Voilà pour les médias, les autres tu les connais aussi. De nos jours, quand on met les pieds dans un palais de jugement on doit savoir que l’on va perdre un morceau de soi. Confronté à cette chose le plus sage se prépare toujours au pire, car il sait que l’innocence, l’irresponsabilité, la maladie y sont pris moins en compte que les relations.

Toi, tu n’as pas de relations, tu as des gens qui t’aiment, et en premier lieu un petit garçon de trois ans qui souffre de ton absence. Et si tu restes debout du fond de ta geôle, c’est parce que tu sais bien qu’à la longue l’amour, l’amitié et la solidarité finissent toujours par triompher de la force.

# Olivier


DENI DE GROSSESSE

Le "déni de grossesse" véritable question de santé publique, est parfaitement négligé, comme tant d’autres problèmes par les autorités sanitaires. Il se définit comme le fait pour une femme enceinte de ne pas avoir conscience de l’être.

Une des premières descriptions en a été faite dès le XIXème siècle par un disciple d’ESQUIROL, qui, avec PINEL figure parmi les fonda-teurs de la psychiatrie en France. Jusqu’à eux, ce type de malades, assimilés à des simulateurs ou à des délinquants (et antérieurement encore, à des sorciers) étaient emprisonnés, enchaînés (au sens propre), battus. ESQUIROL et PINEL réussirent à mettre fin aux violences les plus brutales, que les malades mentaux subissaient. Mais on mesure encore aujourd’hui encore le chemin qui reste à parcourir ! Avec les progrès de la psychiatrie cependant, le "déni de grossesse" fait maintenant partie des pathologies bien connues.

Une étude française récente menée pendant sept ans auprès de 2 550 femmes dans des maternités du Nord permet d’éclairer ce qu’est le déni. Les auteurs ont observé 56 cas. Près de la moitié des femmes victimes d’un déni a déjà été mère. Tous les milieux sociaux sont concernés et ces femmes ont entre 14 à 46 ans. Leur corps ne présente pas ou peu de signes de grossesse : elles ont des règles ou des saignements génitaux, elles n’ont pas pris de poids ou pratiquement pas ... L’entourage le plus proche ne perçoit rien, alors que des personnes qui ne voient la femme qu’épisodiquement peuvent parfois s’en apercevoir. Les médecins eux-mêmes peuvent s’y tromper. Ainsi, plusieurs de ces femmes, alors qu’elles étaient enceintes, ont consulté pour des douleurs ou des malaises. "un tiers d’entre eux ont évoqué des troubles intestinaux ou urinaires... Ils n’ont pas posé l’hypothèse d’une grossesse ou ont envisagé une grossesse débutante alors qu’elle était à son terme" conclut cette étude.

Même si pour un certain public ignare et moralisateur "la femme est prise pour une dissimulatrice et une menteuse", sur le plan médical, la seule difficulté qui demeure à ce jour pour les spécialistes est l’absence de modèle théorique général explicatif. Cette situation n’est cependant pas exceptionnelle en médecine. Enfin, le déni de grossesse touche 2 à 3 grossesses pour mille. De 600 à 1 800 femmes sont donc victimes de ce syndrome chaque année. Pour la moitié d’entre elles le déni se poursuit jusqu’à l’accouchement, et quelques dizaines sont confrontées au drame de la mort de leur bébé.

REANIMATION NECESSAIRE DANS 5 A 10 % DES CAS

En effet, faute d’une hospitalisation d’urgence, le déni total de grossesse aboutit à un accouchement dans des locaux inappropriés, le plus souvent dans la solitude. Les risques potentiels de décès naturel de l’enfant sont de ce fait majorés. Or, on a tendance à l’oublier, tout accouchement comporte des risques pour la mère et pour l’enfant.

Ainsi, l’Organisation Mondiale de la Santé rappelle que des gestes de réanimation sont nécessaires pour 5 à 10 % des nouveau-nés. Dans tous ces cas, faute de réanimation, la vie de l’enfant est en danger. La mortalité néonatale fait d’ailleurs plus de 5 millions de victimes chaque année dans le monde. Une des situations les plus critiques est représentée par l’état de mort apparente qui concerne 3 % des cas. Inconnu semble-t-il de la justice, ce tableau clinique est décrit de longue date par les accoucheurs.

Ainsi F. CHAUSSIER (1746-1828), professeur à la faculté de médecine de Paris, écrivait-il : "L’enfant naît quelquefois dans un état de stupeur et de faiblesse qui ressemble à la mort la plus assurée. Il est sans mouvement et sans pouls ; ses lèvres sont décolorées, ses yeux éteints, ses membres flasques et sans résistance. D’autre fois les paupières sont gonflées, les yeux saillants et le visage violet : tout annonce une stase de sang." Et de conclure : "Si on n’agit pas, le fil de ses jours est tranché et ne peut être renoué".

ETAT DE MORT APPARENTE

Actuellement, l’état de mort apparente, hantise des sages-femmes, est "défini par un score d’Apgar à la première minute de vie inférieur à 4". Par exemple, si l’on ne perçoit pas le pouls, si le corps est mou, s’il n’y a pas de réactivité à la stimulation, même si la peau est un peu rose et s’il y a une respiration imperceptible, on est en dessous du score de 4 et le bébé semble mort. Seule "une prise en charge immédiate et stéréotypée du nouveau-né" est susceptible de sauver le bébé. Ces gestes sont hautement techniques : intubation d’emblée, massage cardiaque puis instillation d’adrénaline par voie intra-trachéale. Comment reprocher à une mère qui accouche seule de ne pas avoir réalisé cette prise en charge ? D’autant que, si l’enfant meurt toujours quand ces mesures ne sont pas prises, le résultat n’est pas acquis quand elles sont mises en oeuvre par des professionnels, et des morts sont à déplorer encore de nos jours, même dans les meilleurs milieux hospitaliers.

# D’après les documents de l’ARDN

SOUSCRIPTION SOLIDAIRE

Pour participer à la campagne d’information et de solidarité en faveur de Stéphanie, adressez vos dons aux :

Amis de Stéphanie,

C/o C.D.E.S., 7 rue St Rémésy, 31000 Toulouse.

CCP 3 087 21 H Toulouse

et consultez le site :

http://www.ifrance.com/lesamisdeste...

Pour soutenir Stéphanie :

-  Télécharger, signer et renvoyer la pétition
-  Demander sa libération en écrivant au Juge des libertés et des détentions, TGI, Place du Salin 31 000 Toulouse et au directeur de la Maison d’Arrêt de Seysses, rue Casanova BP 85 Seysses, 31603 Muret

POUR EN SAVOIR PLUS

Pour plus de renseignements et pour connaître les références scientifiques, se reporter au site de l’ARDN (Association pour la recon-naissance du déni de grossesse) : http://deni2grossesse.free.fr/wiki


MORT D’UN BEBE APRES UN DENI : RELAXE DANS LE NORD

Le dernier cas de mort d’un bébé à la suite d’un déni de grossesse jugé en France vient de l’être par les Assises du Nord. Valérie, mère de cinq enfants, avait fait un test de grossesse. Il était positif. Malgré cela, elle a été victime d’un déni. Le 22 février 2001, son compagnon la retrouve en pleine hémorragie. Il alerte le SAMU. A 6 h 30, la police, appelée par le SAMU retrouve le corps du bébé dans un sac pou-belle, au fond d’un placard. Valérie l’avait caché pour que ses autres enfants ne le voient pas. Accusée d’homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans, Valérie (qui avait simplement été placée sous contrôle judiciaire et non empri-sonnée) a été acquittée, le jury populaire ayant reconnu qu’à la suite d’un déni de gros-sesse le décès d’un nouveau-né ne saurait être assimilé à un infanticide. "La Voix du Nord" du 31 mars 2004 ajoute que ce verdict a été accueilli par tout le monde avec satisfaction. On reconnaîtra sans peine d’énormes similitudes entre l’histoire de Valérie et celle de Stéphanie. Alors, pourquoi l’acquittement dans le Nord et la prison avant tout jugement à Toulouse ?

#u


CNT-AIT



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