lundi
13 décembre 2004
Le mardi 19 octobre, Stéphanie a été libérée. Cette libération est, dans ce cas douloureux, une première victoire morale. Mais, elle ne veut pas dire, loin de là, que l’affaire soit achevée. C’est pourquoi, si nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont participé à cette lutte d’une manière ou d’une autre, nous les appelons à rester vigilantes et prêtes à reprendre la mobilisation si besoin en était.
Bien donc que l’affaire ne soit pas close, il nous a semblé important, à ce stade, de faire connaître une analyse de militants sur les questions soulevées par cette lutte (“Réflexions autour d’une lutte”) mais aussi de rappeler les principaux points du dossier et de donner un rapide compte-rendu de l’action du 16 octobre (“Retour sur image”)
Le 22 mars 2004, Stéphanie, déjà mère d’un enfant de trois ans, accouche à l’improviste. Elle n’avait pas conscience d’être enceinte, victime d’un “déni de grossesse” [1]. N’ayant pu prendre la mesure de son état, elle accouche seule dans des conditions épouvantables, avec une hémorragie massive. Le nouveau-né ne donne aucun signe de vie, il est ou mort ou en état de mort apparente. Alors qu’elle est encore sous perfusion, le 29 avril, les gendarmes viennent pour l’incarcérer sous l’inculpation d’infanticide car, d’après le scénario élaboré par une certaine presse et la police, elle aurait étouffé volontairement son nouveau-né. Sa famille, ses copains, les militants de la CNT-AIT de Toulouse dont Stéphanie et son compagnon sont membres, regroupés au sein des “Amis de Stéphanie” ont très rapidement mis en relief les incohérences de ce scénario.
Au cours de l’été, un examen de laboratoire, une expertise anatomo-pathologique (c’est-à-dire l’étude au microscope des différents tissus organiques) est venu effondrer totalement le scénario policier en établissant de façon irréfutable, “l’absence de stigmates pouvant évoquer une asphyxie ou une suffocation”, et en mettant en évidence des stigmates de liquide amniotique. Malgré cette expertise qui l’innocentait, Stéphanie était toujours en prison à la rentrée. Cette situation étant de plus en plus insupportable, les “Amis”, qui n’étaient pas restés inactifs jusque là (voir notre précédent numéro), ont décidé de médiatiser l’affaire et d’organiser le samedi 16 octobre une marche de protestation tout le long des 23 kilomètres séparant la Place du Capitole de la prison de Seysses. Dans des conditions météorologiques épouvantables, environ cent cinquante personnes ont pris, vers 11 h 30, le départ d’un cortège qui a parcouru la rue Alsace, le pont St Michel puis la route de Seysses. Une soixantaine de participants sont arrivés jusqu’au bout et se sont retrouvés vers 17 heures sur le parking de la prison, à quelques mètres de la porte d’entrée, contenus par un petit cordon de gendarmes. Une prise de parole a eu lieu à la sono et des slogans bien sentis ont été repris en chœur par les marcheurs.
Inutile de dire qu’en tant qu’ “Amis de Stéphanie” nous remercions chaleureusement tous ceux, connus et inconnus, qui ont fait acte de présence ce jour là, tout particulièrement les copains venus de l’extérieur (Montpellier, Perpignan, Gard, Landes, Bordeaux, Gers, Bayonne) ainsi que les camarades qui ont mis à notre disposition leur autobus, facilitant ainsi le retour de nombreux marcheurs.
Maguy
[1] On trouvera toutes les précisions utiles sur cette maladie sur le site de l’ARDG (Association pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse) : http://deni2grossesse.free.fr/wiki
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