vendredi
23 juillet 2004
"On le matraque d’abord. Puis on le sort du pieu à poil (toutes les humiliations sont bonnes), on le traîne jusqu’au couloir, là il a ordre d’y rester à genoux." Le feuilleton des prisonniers d’Action Directe qui se poursuit depuis 20 ans vient de connaître un nouveau rebondissement.
Dans l’épisode en cours, la vedette est tenue par l’ERIS (nouvelle -encore une- équipe de gardiens de prison, formés aux interventions musclées par le GIGN). Au générique également un directeur de prison et trois engagés involontaires, dont le choix relève du plus grand éclectisme : un prisonnier basque, un prisonnier corse et un "droit-co", c’est à dire un quidam emprisonné pour une raison que nous ne connaissons pas, dont "on" a jugé utile de lier le sort à trois prisonniers (il ne faut pas le dire, puisque ça n’existe pas en France) "politiques".
Jean-Marc Rouillan, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était dernièrement à la Centrale d’Izeure (près de Moulins).
Mais voilà qu’un hélicoptère survole la prison, un hélico bleu marine. Il est connu que l’EDF, chaque mois, a un hélico qui la survole. Et puis les gendarmes auraient dit que l’hélico était à eux. Oui MAIS. On a ensuite conté qu’ils auraient aussi dit que "des prisonniers de Moulins allaient filer avec l’aide d’une bande armée".
Branle-bas de combat à Izeure. Et une nuit, l’avant-veille de l’Ascension (non ce n’était pas pour monter au ciel) voilà-t-y pas que Jean-Marc est réveillé. Oh, pas même par une sirène ou un ordre beuglé : non, à coups de matraque dans son lit. C’est l’ERIS, cette belle équipe d’intervention, bleue marine, avec des cagoules sur le visage, pour qu’on ne les reconnaisse pas (ces fonctionnaires aurait-ils par hasard des choses à se reprocher ?). On le matraque d’abord. Puis on le sort du pieu à poil (toutes les humiliations sont bonnes), on le traîne jusqu’au couloir, là il a ordre d’y rester à genoux. Puis il verra sortir dans les mêmes conditions que lui deux autres prisonniers de la même section, eux aussi à poil après tabassage au lit puis alignés à genoux dans le même couloir : un militant basque Angel Picabia et un militant corse Charles Santoni. Enfin un "droit-co", tiré idem d’une autre partie de la prison, les rejoindra. Tous les 4 sont accusés de tentative d’évasion ... Alors on les emmène, à poil par les couloirs, chez le directeur ... qui détournera pudiquement les yeux. Une fois le directeur rencontré, on leur jette à chacun une paire de claquettes et un short.
Jean-Marc Rouillan part seul (encadré bien sûr) vers son destin. L’un des sbires remarque : "Il ne va pas partir comme ça". Alors on va lui chercher dans sa cellule un pantalon et un tee-shirt, et en route, et ce sera la prison de Fleury. Quinze jours après, il a enfin récupéré ses habits, mais pas le reste de ses affaires (radio, livres ...). Les trois autres ont été bien sûr expédiés de Moulins séparément. Picabia à Perpignan, Santoni à Luynes. Nous ne savons pas ce qu’est devenu le droit-co mis dans la même galère : merci de nous en informer si vous le savez. Rouillan et Santoni ont porté plainte contre les conditions de leur évacuation (l’avocate espagnole de Picabia ne l’a pas encore rencontré).
Hasta luego ! Zorro ! chante le feuilleton. La suite au prochain numéro. Vous avez dit "Justice ?" - Quelle justice ?.
# Zorra
* "Défense Active", 80 rue de Ménilmontant, 75020 PARIS.
* Régis SCHLEICHER
94-84 QI 129
CP Clairvaux
10190 VILLE sous LA FERTE
Vingt ans derrière les barreaux. Libérable depuis 5 ans. Humour administratif ou cynisme, il est à présent dans la cellule qu’avait occupé Auguste Blanqui, "L’enfermé" condamné à la prison par les divers régimes dictatoriaux du XIXème siècle.
* Georges CIPRIANI
4367.2108
44 av. de la 1ère Armée
68190 ENSISHEIM
Détenu depuis 17 ans. Gravement malade.
* Nathalie MENIGON
2173 J N107
CD chemin des Anzacs
62451 BAPAUME Cedex
Détenue depuis 17 ans. Elle est gravement malade, mais un "expert" l’a déclarée "apte à supporter la détention". Sa demande de mise en liberté pour raisons médicales a donc été rejetée.
* Jean-Marc ROUILLAN
QI 330 341 S D5 4G31
7 avenue des Peupliers
91705 FLEURY-MEROGIS
Détenu depuis 17 ans. Il est gravement malade, disent les médecins de Moulins. Des experts de Lyon affirmeraient le contraire.
Il vient de publier "Lettre à Jules", aux éditions Agone. En vente dans les librairies et auprès de "Défense Active", 80 rue de Ménilmontant, 75020 PARIS.
#
L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre
site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP,
un programme Open Source écrit en PHP
sous licence
GNU/GPL.