Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



LA NATURE HUMAINE

étendard pourri du fatalisme et de la réaction

lundi 5 mars 2007

Qu’ils sont nombreux et laids, ces ternes lieux communs qui servent d’ersatz de conscience politique, de substitut de pensée à ceux qui ont peur du changement, et qui tiennent lieu de prétexte à ceux qui ont tout intérêt à ce que les autres ne pensent pas !

En plongeant une main dégoûtée dans le sac à vomi [1] des idées-qui-n’en-sont-pas, on trouve - comble de bonheur ! - soigneusement rangé entre "les abstentionnistes font le jeu du FN" et "de toutes façons, y’aura toujours des pauvres et des riches" le non moins célèbre " l’Homme est pourri, c’est la nature qui veut ça, et t’y changeras que dalle avec tes p’tits papiers à la con, pôv’ blaireau...".

Ha !

Implacable argument qui claque dans ta petite gueule d’anarcho de merde, et qui laisse flotter derrière lui une odeur fétide. Ca sent le fatalisme stérile, l’aigreur. Ca sent la peur de prendre son futur en main. « Ca sent la trouille, Rémi ! » [2]

Pourtant, le futur que tu avais habilement suggéré à ton interlocuteur (après lui avoir copieusement bourré la gueule pour qu’enfin, il t’écoute) il avait pas l’air dégueulasse, ça l’avait même laissé rêveur : des histoires de « décider-tous-ensemble-de ce-qu’on-va-faire », des... « machins générales », là, et pis, « plus de misère, plus de patron qui t’aboie sur la gueule », « des oiseaux qui chantent et des femmes qui courent nues dans les champs »... (Il faut parfois savoir user de rhétorique pour parvenir à ses fins). Mais soudain, alors que tu t’apprêtais à lui pleurer doucement dans les bras en l’appelant « compagnon », et à lui agrafer une étoile noire et rouge sur son bleu d’ouvrier, voila qu’il est pris d’un sursaut d’effroi qui étouffe en lui toute velléité révolutionnaire :

"Mais t’es pas bien, ta ! L’Homme, il est mauvais ! C’est dans sa nature ! Y’aura toujours des guerres, du fric et des gens qui veulent le pouvoir ! " [3]

Et merde. Le con.

"Mais si, ’tain, r’gard’ Jeanine et Maurice, y sont d’accord avec moi ! Même le mec à la télé, là ! Même le pape ! Même le martien que j’ai croisé hier soir en rentrant du bistrot, y’m’l’a dit !"... [3]

Et pour cause.

Voici le résultat des efforts conjugués des profiteurs, des médias qui distillent leur soupe empoisonnée, des philosophes aigris, des politicards de tous bords et des curetons de tous poils (qui ont d’ailleurs réussi à persuader des générations entières de crédules fidèles qu’ils étaient pourris jusqu’à la moelle parce qu’un abruti avait croqué dans une pomme. Allez comprendre...).

Bref, tout un ramassis de parasites qui ont tout intérêt à ce que l’Ordre reste l’Ordre, et que ceux qui les subissent ne se rendent pas soudainement compte que la Liberté, c’est bien plus que les miettes qu’on leur jette à la face d’un air condescendant.

La « nature humaine ». Ben tiens ! L’argument lui même est creux, sous ses dehors philosophico-scientifiques. Comme si la connerie et le pouvoir étaient génétiquement codés ! Non , messieurs dames : la connerie, ça s’apprend, ça se travaille, ça se manipule !

L’être humain, contrairement aux autres animaux -c’est pas du spécisme, je connais des animaux très sympas- est majoritairement déterminé (si l’on excepte ses fonctions strictement biologiques) par ce qu’il apprend. On appelle ça l’acquis. Si !

L’ensemble des marqueurs caractéristiques d’un individu, notamment son comportement en tant qu’ « être social », se constitue à partir de la structure socio-culturelle dans laquelle il évolue depuis sa naissance. Entendons par là la cellule familiale, les proches, l’école, le boulot, le PMU "chez Jean Louis", bref, le système, en règle générale. Tout ce qui est d’ordre psychologique, moral, comportemental chez un individu est donc à mettre en rapport avec son milieu et pas avec cette prétendue nature humaine qui sert de justificatif aux pourfendeurs de la révolution.

En gros, si les rapports sociaux développés par l’Homme sont souvent basés sur la domination ou la soumission, ce n’est pas le fruit d’un quelconque déterminisme biologique, mais bien le résultat du bourrage de crâne méthodique opéré sur l’individu depuis son plus jeune âge.

Le pouvoir, la hiérarchie, tu les prends dans la gueule ; que ce soit ta famille, ton prof ou ton patron qui te les inculque. Et petit à petit, tu intègres ces valeurs, et tu les appliques.

Si on te répète dix, quinze fois par jour que toute ta vie tu seras un crevard, que tu dois accepter de te laisser marcher sur la gueule par certains et de marcher sur celles des autres afin de mener à bien ta sacro-sainte ascension sociale, tu vas finir par l’accepter comme quelque chose d’à la fois normal et inexorable.

"Et ouais, mon pote, la nature humaine..."

Cette soit disant méchanceté innée, cette épouvantable nature qui réduirait à néant toute volonté de s’organiser de façon horizontale, égalitaire et libertaire n’est en fait que le produit de l’entérinement par l’individu de l’ensemble des "valeurs" pourries qui caractérisent toute structure socio-politique basée sur l’oppression.

Et ça change toute la donne, concernant cette prétendue immuabilité de notre condition, voués à être asservis ou à asservir, car ce que l’on a appris, on peut le désapprendre.

Ca s’appelle la prise de conscience. Mieux qu’une douche froide. C’est pas facile, mais ça marche et ça fait du bien. Lucide. Tu te rends compte qu’il y a du boulot mais aussi qu’il existe des choses biens, simples et justes qui méritent d’être défendues : La solidarité. La liberté. La vie . Pas la vie sous plastique, pleine de notre petit confort de consommateur moyen occidental. Pas les devises illusoires inscrites sur des pièces de monnaies de prétendues démocraties.

Pas la nature humaine. Des choses vraies.

Et ça te donne de la rage, bordel, et du cœur au ventre, plus que tous les fouets du grand Kakapital !

Ca te donne la force de lutter pour qu’arrive le jour du grand soir, inexorablement.

A la sociale !

Satan Bush / 1 koin

Article paru dans Il était une fois la révolution, con !, n°30, le journal des Jeunes Liertaires


[1] Le « sac à vomi » est un jeu Nathan. Toi aussi, fais rire tes amis révolutionnaires pendant les longues soirées d’hiver en épluchant les 243 énoncés les plus hallucinants de conneries répertoriés par Michel B.

Attention : ce jeu ne convient pas aux aigris, aux politicards, aux fafs, aux stals, aux réacs, aux gauchos, aux mous du fion et aux gras du cerveau. Bref il ne convient pas à grand monde.

NB : Il n’y a pas de contre indication pour les enfants de moins de 36 mois.

[2] T’ as pas vu le film "C’est arrivé près de chez vous" ? C’est vachement marrant.

[3] Toute ressemblance avec une situation réelle ou des individus existant serait purement fortuite.


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.