Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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COUPE DU MONDE ... FRIC IMMONDE !

mai - juin 1998

samedi 12 janvier 2002

Le 12 juillet à 21 heures, si tout va bien, tu seras devant la télé ­ Bouygues (TF1), en compagnie de quelques vrais potes, tous fin prêts pour déguster la finale de la coupe du monde. Il y a aura même la copine gaucho-branchée de service, qui aime cette fête « réellement populaire bien que pas mal machiste » ! Pour un soir, pour une semaine, pour un mois, oublier toutes les emmerdes ! Le boulot, le chômdu, la course au pognon ! C’est vrai, quoi ! La vie est difficile ! On peut souffler, non ? Rêver ! Et vous êtes en effet 1,7 milliards de terriens, scotchés, devant le petit écran, bouche ouverte, à attendre le début du cirque.

Seulement voilà, la fête va foirer, tu le sens déjà. L’équipe de France (« Canal+/Danone/Adidas ») va être virée en quart de finale par les Anglais (pardon, par l’équipe « Skysport/Nike »). La finale, c’est « Opel/Mastercard » contre « Fiat/Fininvest » (Allemagne - Italie). Pas terrible : dès le début, ça joue sur la défensive. Toute la première mi-temps, ça traîne, ça traîne. Il y a bien trop de pognon en jeu ! A part quelques actions de jeu ­ notamment un tir de Ravanelli (14 millions de francs par an), bien servi par Simone (15 millions de francs pas an) mais contré par Lothar Matthäus (15 millions de francs aussi) ­ il ne se passera pas grand-chose.

Alors tu commenceras à regarder le décor quand la caméra Bouygues filme autre chose que le gazon et les maillots pendant les arrêts de jeu. C’est quand même beau ce stade d’à peine 3 milliards. Et pour moins de 8 milliards, Monsieur Bouygues en a retapé dix, des stades. Dans toute la France. Huit milliards ! Huit fois l’obole donnée par Jospin pour le Noël des « précaires ». Et pendant que tu te moques, cynique, des pubs Coca, Danone ou Adidas, Monsieur Bouygues est en train de se faire 40 petits millions supplémentaires de recettes publicitaires parce que toi et tes potes vous regardez sa chaîne. Et cette pub, on la paie déjà : Danone a prévu de nous faire bouffer 10 milliards de yaourts Footix pour payer la note. D’ailleurs, de ce vaste spectacle mondial, c’est nous qui payons tout : le stade (on l’a loué pour deux mois au vrai propriétaire : le consortium « Bouygues/Générales des eaux »), les joueurs (165 000 francs par jour pour Ronaldo), la pub, la télé (500 millions investis par TF1, 700 par Canal+), et même la place au stade des V. I. P. (« very important persons » : les huiles, quoi) : 37 500 francs la place en loge climatisée décorée par Yves Saint-Laurent, pour ton patron, ton député, ton banquier ! Invités à tes frais par les firmes à ingurgiter 6 kilomètres de buffets préparés par des grands chefs.

La seconde mi-temps sera aussi nulle que la première. Peu importe si Opel bat Fiat, la société marchande, elle, a gagné ! Elle te fait même payer les spectacles qu’elle organise pour te faire supporter la misère et l’exploitation, et t’empêcher de penser. Même ta détresse, tu l’achètes.


Mieux qu’un C.E.S, qu’un emploi-jeune...

Les volontaires embauchés pour la coupe du monde

En juin 98, plus de 2.000 personnes ont travaillé, gratuitement, dans la sécurité et l’animation pour le Comité d’Organisation de la Coupe du Monde.

Quelle surprise cela fait, quand on sait que l’Etat français a débloqué 8 milliards de francs pour la Coupe ! Comment ne pas s’offusquer, lorsqu’on voit les bénéfices que va générer cette coupe (pub, sponsors, "merchandising" ... ), des bénéfices qui devraient dépasser les dizaines de milliards de francs ? Attention, cet argent ne reviendra pas au contribuable, mais au Comité d’Organisation de la Coupe du Monde ! Et pendant ce temps, des millions de gens vivent avec moins de 3 000 F par mois.

Donc, ce Comité, soutenu par l’Etat, par les différents sponsors (Crédit Agricole, Danone, France Telecom, Hewlett Packard, La Poste, Manpower .. ), va employer pendant un mois gratuitement plus de 20 000 personnes pour qu’ils reçoivent notamment des footballeurs payés jusqu’à 100 000 F par jour. Même si ces personnes sont volontaires, on ne peux pas accepter de les voir se faire exploiter pour le bon plaisir de quelques gros capitalistes. En effet, ces volontaires ne l’auraient pas été moins, s’ils avaient été payés, bien payés !

Voilà un nouvel exemple de la précarisation généralisée des emplois publics et privés. Ce mouvement tend à toujours moins payer les gens, au profit d’une minorité, la classe dominante, qui détient les affaires et le pouvoir. La dénonciation de ce travail gratuit doit entrer dans un processus de lutte au quotidien contre le capitalisme et tous ses avatars politiques.

Contre cet appel à l’exploitation volontaire, boycottons tout ce qui a trait de près ou de loin, à la Coupe du Monde (matches, animations, bibelots, etc.) !

Contre le recours généralisé à la précarisation des emplois, développons la solidarité de classe travailleurs, chômeurs, étudiants !

CNT/AIT Montpellier


CNT-AIT



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