Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



Révolte chez Quebecor

lundi 9 avril 2007

Ce n’est pas tous les jours que nous donnons la parole -ou plutôt que nous laissons la plume dans “Le Combat syndicaliste”- à un patron ! Ils n’en ont nul besoin d’ailleurs, ayant la totalité des médias à leur dévotion. Mais le communiqué que nous reprenons ci-dessous mérite cet honneur. Non pas sur le fond, car il est la copie conforme des discours patronaux les plus éculés, mais par les événements qu’il rapporte : en effet à la plus grande stupéfaction de leur patron, les salariés du groupe Quebecor sont sortis de la passivité.

"Le 8 janvier 2007, un groupe, estimé à plus de 200 personnes, composé majoritairement de salariés de l’usine Héliogravure Didier Quebecor à Hellemmes (59) et d’employés de l’entreprise JDC imprimerie à Torcy, menés par un groupe d’agitateurs clairement identifiés comme des élus de la Filpac-CGT, se sont présentés au siège de la société Quebecor World France (QWF) à Saint Thibaut des Vignes (Seine-et-Marne). Malgré la présence d’un dispositif policier visible mais restreint, ils ont envahi les bureaux, par effraction et de vive force, brisant tout sur leur passage, détruisant portes et cloisons, fenêtres, mobilier, équipements informatiques, souillant les locaux de projection d’eau, de farine, d’encre et d’œufs, taguant la façade et y apposant des affiches au contenu insultant. (...) Pétards et fumigènes ont vite rendu l’atmosphère absolument irrespirable. La violence était telle que le personnel [jaunes] a été obligé de se réfugier en s’enfermant dans un bureau fermé à clef d’où ils n’ont pu sortir que sous la protection de la police (...) ils ont laissé derrière eux un spectacle de désolation et des dizaines de milliers d’euros de dégâts, un espace dédié au travail littéralement profané par une violence bestiale et destructrice. (...) Aucune revendication n’a été formulée, on était venu pour casser, "pour emmerder Quebecor" (...)

[Ensuite, les manifestants étant allés sur un autre site :] ...les envahisseurs ont perturbé la production, parcourant les allées de l’usine en y lançant des pots fumigènes et en taguant les murs. Ils se sont ensuite livrés à un pillage des stocks de magazines et de DVD prêts à être livrés aux distributeurs (...) : "Ce n’est pas du vol, c’est notre dû" (...). Tous les fauteurs de trouble ou auteurs de délits identifiés feront l’objet d’une plainte en vue de poursuites."

Bien qu’il feigne de se demander "pourquoi tant de haine ?", le patron nous livre, dans l’inimitable langue de bois de tous les technocrates, une des clefs de la situation : "Il est exact que, confronté depuis plusieurs années à une conjoncture difficile, et à un contexte concurrentiel particulièrement rude, le Groupe Quebecor a entrepris une difficile et pénible restructuration. Plusieurs entreprises du Groupe ont dû être réorganisées, cédées ou fermées". Oui mais voilà, chef, beaucoup de salariés ont fini par comprendre le sens véritable de l’expression "conjoncture difficile" : la rue pour eux, l’explosion des bénéfices pour les actionnaires.

Alors, le petit couplet sur "le groupe a toujours su, par la négociation, trouver les moyens d’accompagner cette évolution, d’éviter le drame humain, par la multiplication des mesures d’accompagnement conçues et débattues avec des partenaires sociaux souvent lucides, toujours responsables" ne fait plus recette. Même les adhérents de la CGT (c’est dire) n’y croient plus !

Il faut dire qu’après s’être fait inculquer la religion du travail (un terme comme "profané", directement tiré du vocabulaire religieux, ne figure pas par hasard dans le communiqué patronal !), apprendre qu’on va être jeté à la rue comme un malpropre, c’est dur. Surtout que les centaines de milliers de salariés licenciés, qui se retrouvent dans la misère, permettent d’apprécier à leur juste valeur les fameuses "mesures d’accompagnement" !

Alors, qui peut sincèrement s’étonner de l’exaspération croissante du monde du travail ? Qui peut encore s’étonner que la révolte gronde ?

P.


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

Traduction(s):

[ Haut ]
Dans la même rubrique


Le B i B
Bulletin Inter Boites n°1
A propos de la gauche plurielle - gauche poubelle ...
LE DRH EST SOCIALISTE
Article du Combat Syndicaliste Eté 1998

ENTREPRISE TARTEMPION
LE LOT COMMUN A DEFAUT DE LUTTE COMMUNE
La liste noire :
histoire(s) de la déqualification à marche forcée
(vers l’Avenir Radieux ?)

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.