Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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ENTREPRISE TARTEMPION

LE LOT COMMUN A DEFAUT DE LUTTE COMMUNE

mercredi 5 janvier 2005

Le couperet est tombé un lundi matin d’automne : dans ma boîte on extermine ... pardon, on « externalise » ! Ça faisait plusieurs semaines que la rumeur courrait les trois couloirs de cette PME de province, 12 salariés sur le site (employés et direction compris). « Il paraît que nous ne passerons pas l’hiver, ils vont délocaliser tous les services vers une plate-forme européenne de la holding, dans le sud de la France !

Les esprits sont prêts, le jeune loup de la direction commerciale, fraîchement promu à la tête de la boîte après avoir bouté en touche l’ancienne direction, peut continuer sa sale besogne. Sa technique est simple et efficace, il joue d’abord la division en convoquant deux réunions successives ce matin-là : la première avec quatre collègues à qui il annonce leur licenciement économique, la seconde avec le reste du personnel. Ainsi, à grands coups d’organigramme du groupe pour mieux diluer sa responsabilité et de statistiques fumeuses sur les difficultés de la boîte pour prouver l’inéluctable restruc-turation, il nous annonce que seuls les services qui n’apportent pas de valeur ajoutée à l’identité propre de la boîte seront sous-traités. Après tout le magasinage, c’est « une référence, un emplacement et un transporteur » peu importe la marchandise que ce soit des yaourts, des clous ou des cravates ! C’est donc les stocks (2300 m² désormais vides) et leurs expéditions qui seront pris en charge par cette fameuse plate-forme. Les deux magasiniers ainsi que l’employée et le cadre du service achat en font les frais, ils quittent la boîte avant la fin de l’année. « Eh ! Ben voilà, après 32 ans à bosser pour des clous dans une industrie de pointe ... je me suis fait clouer le cul, c’était certainement plus facile que de me faire fermer ma gueule » dira l’un. Le caractère imminent de la rumeur de fermeture brutale est démenti, ceux qui ne sont pas licenciés sont soulagés mais le jeune loup ne relâche pas pour autant la pression, promettant monts et merveilles à travers les nouveaux objectifs de chacun. Ainsi il faut en profiter pour « écraser la pyramide hiérarchique », les décisions doivent se prendre au plus proche du client sans forcément passer par lui : « si ça peut me libérer deux jours par semaine pour aller jouer au golf » ajoute-t-il sur le ton de la plaisanterie !

Reste que l’atmosphère d’insécurité et de peur continue de peser, la stratégie du fossoyeur sent le roussi de la liquidation à court terme. Renseignement pris, ce golfeur à la petite semaine n’en est pas à ses premiers méfaits, il a déjà sévit dans d’autres filiales du groupe.

Pourtant le climat reste morose, il n’y a pas de réaction collective du personnel en vue, chacun s’accroche à son emploi. La passivité, la résignation et l’individualisme sont de mise dans cette boîte qui n’a pas de tradition de lutte. Qui plus est, la disparité des situations sur un effectif très réduit, du jeune précaire déqualifié en CDD au cadre à moins de deux ans de la retraite, y garantit la paix sociale jusqu’à sa liquidation totale. Sans base arrière pour se préparer à ce type de situation et construire un rapport de force, et sans réseau extérieur inter-boîte pour renforcer les solidarités, les travailleurs restent désarmés.

L’humour reste alors souvent la seule arme à disposition pour se soutenir mutuellement, mais comme le dit l’un des collègues virés dans « une note d’outre-tombe à tous les survivants » : « si j’essaie de tourner tout ceci en dérision c’est pour cacher un profond désespoir qui laissera en moi à jamais un goût amer. Je souhaite de tout mon cœur que vous conserverez vos emplois, cependant il faudra vous adapter à vos nouveaux dirigeants, formatés pour le respect de l’argent au mépris de l’être humain ».

Rien que très banal dans cette histoire, le lot commun de beaucoup de boîtes : au pas de l’oie du Marché, le talon de fer capitaliste qui broie quotidiennement la dignité des travailleurs, jusqu’au jour où les luttes ... et là il reste du boulot !

Phicel


CNT-AIT



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