Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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QUE SE VAYAN TODOS !
QU’ILS S’EN AILLENT, TOUS !

(A propos du Vénézuela, de Chavez, et des libertaires)

mardi 25 février 2003

La presse et l’ensemble des médias parlent du Vénézuela (quand ils en parlent) d’une manière biaisée et souvent caricaturale. Nos compagnons anarchistes vénézuéliens qui vivent la situation au quotidien et participent de près au mouvement populaire, exprime ici leur point de vue sur l’opposition idéologique apparente entre les soutiens de Chavez et ses opposants.

Caracas le 18 décembre 2002.

Des divers courants de pouvoir présents dans la société vénézuélienne a résulté l’existence de deux camps sociaux, prétendument antagonistes , dont la confrontation a atteint son moment de tension maximale après l’appel à ce qui a été appelé "chômage civique national" lancé à partir du 2 décembre dernier. (par la bourgeoisie locale, le MEDEF local et les prébendiers du secteur pétrolier - NdT) Une des parties voit le conflit comme la lutte de "la constitutionnalité contre le coup d’état" ; l’autre comme celle de "la liberté contre dictature", dans une grossière simplification qui cherche à diminuer la pensée et la critique au seul profit des représentants des deux camps. Nous, les habitants de ce territoire appelé le Vénézuéla, les citoyens encore debouts, nous nous trouvons face à un faux dilemme et à une polarisation médiatique et intéressée qui cache l’essence même du conflit : la lutte pour le pouvoir.

Si, dans les grandes traits nous pouvons décrire ce qui arrive comme le conflit entre deux manières d’organiser et de comprendre la société - l’État centralisateur contre l’aménagement selon les lois du Marché - il n’est pas moins certain que tous les deux possèdent le même fonds culturel. Pour cette raison ils ont en commun la même façon de voir pour activer les ressorts de la politique et la transformation de la société. C’est pour cela que le comportement de ces deux courants - qui ne diffère que par des nuances rhétoriques, est exactement le même. Tous les deux possèdent des moyens de communication alignés sur leurs intérêts, qui transmettent seulement les versions et les informations qui appuient leurs affirmations. Les deux ont besoin que des mobilisations massives de citoyens légitiment les positions de leurs dirigeants, décidées à huis clos. L’un et un autre sont des projets qui, sous d’autres latitudes ont été insuffisants pour atteindre des objectifs de justice sociale et de liberté.

Devant la série d’événements qui se sont produits dans le pays nous croyons pertinent de faire les considérations suivantes, lesquelles aident à comprendre la nature des événements, à établir une vision et des positions distanciéesdes secteurs en crise et à suggérer des stratégies d’action pour le présent et le futur.

1 > le gouvernement de Hugo Chávez est victime des institutions qu’il n’a pas voulu transformer pendant son mandat. Sa révolution en paroles est contredite par les faits qui ont permis la continuité de divers organismes avec les méthodes de fonctionnement du passé : bureaucraties perverses et soutenues par des fonctionnaires défendant leurs prébendes. Le Tribunal Suprême de Justice, PDVSA (entreprise pétrolière étatique) et le Conseil National Électoral sont des exemples clairs de cette situation.

2 > L’état de belligérance accordé aux Forces Armées continue à leur donner un rôle prédominant dans la vie politique du pays. Bien que ceux qui appellent à la grève n’aient pas rejeté la possibilité du coup d’état militaire, pour sa part, le régime bolivarien se présente comme le garant de la stabilité et du contrôle exécutif et politique de l’Armée. La voie du coup d’État légitime a été tracée par l’actuel gouvernement, en mythifiant sa véritable origine, en en faisant l’apologies et en en décrétant la date (4 février 1992) comme jour de célébration national. Il a continuellement favorisé la prédominance de l’Armée sur le civil.

3 > Ceux qui appellent à la grève ont fait preuve d’une stratégie d’opposition obscure, et contradictoire. Ils ont indistinctement sollicité la démission du président, demandé la convocation d’un référendum consultatif, la tenue immédiate d’élections, l’application de la charte démocratique Interaméricaine de l’OEA (Organisation des États Américains) et appelé au putsch des membres des Forces Armées. La définition de leurs stratégies se fait en dehors de ceux qui les soutiennent et répondent à chacun de leurs appels.

4 > le mécontentement par rapport au régime est légitime puisqu’il n’a rempli aucune des promesses de sa campagne électorale (diminution de la pauvreté, combat contre la corruption, changement réel les institutions, amélioration de la qualité de vie, ouverture politique pour la participation de tous les citoyens...), il a canalisé et domestiqué la ferveur révolutionnaire de la société et il a, à plusieurs reprises, manifesté son incompétence pour la solution des problèmes du pays.

Ce malaise est capitalisé par un secteur de la société tout aussi prédateur que le précédent et représentant les forces politiques qui ont appauvri le Vénézuéla pendant quatre décennies.

5 > les relations du Vénézuéla avec son principal partenaire commercial, les Etats-Unis, ont été régularisées dans les derniers mois, en étant qualifié de "cordiales" par des porte-parole du gouvernement. Un échantillon en a été donné par le règlement ponctuel des paiements au titre du service de la dette externe du pays et l’établissement du mécanisme de la double contribution, largement favorable aux investissements étrangers. La supposée confrontation avec les Etats-Unis est véhiculée par des secteurs de gauche participant le gouvernement et n’est seulement présente que dans le discours, parce que, dans la pratique, c’est le programme économique capitaliste et néo-libéral qui a été mis en oeuvre

6 > les pratiques informatives des moyens de communication étatiques et officiels sont indistinctement biaisées et manipulatrices. Le peu d’autonomie des moyens alternatifs et communautaires apparus durant les dernières trois années les a clairement placés dans un des deux camps, obérant ainsi leur indépendance et leur crédibilité.

7 > l’Armée, la Garde Nationale et toutes les polices exécutent le monopole de la force exercé par l’État. Transformer sa nature répressive ou gagner ses membres au processus révolutionnaire implique nécessairement leur dissolution.

8 > l’impunité pousse sur les morts de la Place d’Altamira (à Caracas). En évitant la mise en place d’une enquête rapide et impartiale sur les événements, les cadavres ont été utilisés, sans aucune sorte de preuves fiables, comme un argument contre l’adversaire. Une telle pratique révèle la capacité de nuisance politique des adversaires, l’irresponsabilité des moyens de communication qui aplanisse le chemin menant au non éclaircissement des crimes. Tant le gouvernement que l’opposition ont saboté la mise en place d’une Commission de la Vérité qui aurait pu révéler les responsables des morts des événements du 11 à au 13 avril passé, et ils ne donnent aucune preuve de leur volonté à revenir sur cette situation.

9 > les porte-parole du gouvernement et l’opposition ont à plusieurs reprises transmis des messages de violence, d’intolérance et d’appel à la confrontation dont les suites sont vécues par les bases des deux tendances et non par leurs dirigeants. Ceci démontre la vocation autoritaire et élitiste des deux parties et comment ils manipulent leurs partisans selon leur convenance.

10 > une sortie révolutionnaire à l’actuelle situation impliquerait l’ignorance, par une large part du mouvement social, des facteurs qui limitent une transformation profonde. Cela commence par Hugo Chávez et la nouvelle bureaucratie enkystée dans le gouvernement, mais également par l’apparente opposition des grands chefs d’entreprise de Fedecámaras (le MEDEF local - NdT), les bureaucrates syndicaux de la CTV (Centrale des Travailleurs Vénézuéliens - Syndicat maffieux lié au patronat principalement dans le secteur pétrolier -NdT) et les politiciens cauteleux de la Coordination Démocratique, outre le confinement des Forces Armées dans leurs casernes. Bien que l’option électorale soit une sortie immédiate, elle ne modifiera pas l’origine systémique et structurelle de la crise, mais conduira à une nouvelle réorganisation du contrôle bureaucratique des organes du pouvoir par ses protagonistes actuels.

11 > la déception croissante des citoyens face aux représentants des deux tendances doit se transformer en une motivation principale pour construire une alternative différente et antagoniste des deux camps.

12 > Tout processus de changement à longue portée, qui conjurant les risques de l’ immédiateté et prétendant avoir une base sociale solide et politiquement consciente, devra capitaliser les espaces ouverts de participation populaire actuels et l’expérience des mobilisations des citoyens vécues durant les dernières années. L’autonomie et l’autogestion, comprises dans toutes leurs dimensions et implications, sont deux valeurs qui joueront dans le futur un rôle marquant.

13 > les Vénézuéliens libertaires, individuels et fédérés, participent à diverses initiatives qui essayent d’opposer une parole différente et vraie aux porte-paroles actuels du capitalisme d’État et de Marché. Nous nous sommes unis, avec nos particularités, aux groupes de gauche non pro-Chavez, organisations estudiantines et des Droits Humains, collectifs écologistes, secteurs indigènes et communautés qui, n’appartenant à aucun des deux camps, n’ont trouvé que peu d’écho dans les médias privés et étatiques de communication, mais dont le travail horizontal et de base, ainsi que les façons de se relier entre eux, représentent quelques uns des très nombreux espoirs dans le futur Vénézuélien.

Davantage d’information dans des perspectives anarchistes sur la crise vénézuélienne dans les websites www.nodo50.org/ellibertario et http://samizdata.host.sk/LIB.html

(Image GIF)
El_Libertario


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