Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Construction d’un lycée catholique Jean Paul II à Sartrouville
L’eau bénite comme pédagogie ou l’histoire de l’humanité ramenée à 2000 ans (ou un peu plus).

dimanche 26 avril 2009

La photo de manque pas de sel, ni d’eau bénite.

On peut voir dans un récent journal (fin 2008) de la municipalité de Sartrouville une photo où l’évêque du secteur, Eric Aumonier, bénit la dalle de béton du futur lycée catholique en présence de quelques élus dont les maires UMP de Sartrouville (P. Font) et de Maisons Laffitte (J. Myard). La présence de ces élus n’est pas un hasard puisque fervents catholiques, leurs enfants sont scolarisés dans le privé.

Sartrouville, autrefois commune dite « rouge », continue sa transformation. Après la rénovation urbaine qui entraine la diminution des logements pour les personnes les plus modestes, l’installation de la vidéo surveillance dans les rues et les lycées, la fermeture d’un centre de Santé, il fallait bien que la religion pointe sa calotte et son crucifix.

Début 2008, une église construite sur le Plateau (le quartier populaire de la ville) a été inaugurée en grande pompe, voici que la religion, repoussée depuis le 19 ème siècle hors des instances sociales et politiques s’attaque de nouveau au contrôle de la pensée : celui de l’enseignement.

Cet établissement catholique a reçu pour cela près de 2 millions d’euros de subventions par le Conseil Régional d’Ile de France présidé par Jean Paul Huchon (PS°, dont 776 960 euros (80%) versés au titre de « transfert » d’un CFA (Centre de Formation d’Apprentis) de Poissy, c’est là toute l’astuce, le transfert du CFA, qui sera intégré au lycée, permet de capter l’argent public.

Le lycée, construit sur l’emplacement d’une ancienne usine Thalès, est prévu pour accueillir 650 élèves dont 200 à la rentrée 2009. L’objectif est d’attirer les ados des couches moyennes et supérieures locales qui ne trouvent pas de place dans les lycées privés très chics des communes bourgeoises voisines de St Germain en Laye, du Vésinet et de Maisons Laffitte. C’est aussi l’occasion pour la religion catholique de s’implanter dans des zones où elle n’est pas ou peu présente : le prosélytisme est un bon outil de conversion des cerveaux.

Au delà de l’aspect scandaleux du financement par notre argent public d’une structure d’enseignement religieuse : les croyants doivent financer eux-mêmes leur école, cette implantation pose des questions liées à la science, à la liberté de se faire sa propre opinion et au rôle d’influence de la religion, quelle qu’elle soit, sur l’individu et la collectivité.

Aujourd’hui les religions, essentiellement le catholicisme , l’islamisme, le bouddhisme refont parler beaucoup d’elles notamment en France. Alors que près de la moitié des français déclarent ne pas croire en un dieu (Athés et agnostiques), les faits et gestes des porte-paroles religieux sont médiatisés, des hommes politiques prennent position pour l’intrusion de la religion dans la vie sociale, politique et culturelle.

Que veulent ces religions et leurs « portes- parole » ?

Pour les croyants, les choses paraissent claires et simples, la vie sur terre a été créée par un être supérieur voilà quelques millénaires ou un peu plus, la limite reculant au fur et à mesure que la science avance, quoique les « créationnistes » américains les plus « purs » situant cette création à 2000 ans, les croyants les plus « progressistes » se raccrochant à la science mais ne remettant pas en cause l’existence d’une origine (l’œuvre d’un « être supérieur »). Au fur et à mesure que la science a avancé [1], les religions ont reculé dans leur influence et ont du s’adapter à la l’évolution de la pensée rationnelle. Au 19 ème siècle Charles Darwin, pour ne citer que lui, a par ses découvertes porté un coup fatale à la croyance en un être suprême créateur de l’homme , il a démontré que la vie était une évolution et non pas quelque chose de fini dès l’origine : le mythe de l’homme origine de la vie s’écroule définitivement après celui de la Terre comme système central de l’univers.

Car en posant comme explication de la vie, un être Dieu à l’origine de celle-ci, les croyants pensent avoir résolu l’équation et apaisé quelque peu leur angoisse de la mort. Il leur faut une origine, un début tant le monde doit avoir un début : la création et une fin : l’apocalypse. Cependant si Dieu existe et que le principe d’un être supérieur comme origine de quelque chose, alors dieu n’échappe pas à la règle : en un mot, si Dieu existe qui l’a créé ? Qui a créé Dieu ? Un être encore plus omniscient, omnipotent capable de voir tout sur tous, de décider de tout, d’entendre les quelques milliards d’êtres humains et pourquoi pas les milliards d’autres êtres éventuellement crées dans d’autres galaxies ?

Je ne pense pas qu’un être si « puissant » se soit « emmerdé » à gérer tout cela. Ou alors nous avons affaire à un fou.

Donc il n’y pas de début, ni de fin, pas d’être qui me regarde, qui décide pour moi, pas d’ apocalypse ou de descente aux enfers ou montée au paradis si je suis sage ou pas, bon ou non.

La notion du bien et du mal [2] est souvent mise en avant par les croyants et leurs prêtres. Pour eux, seule la religion serait en mesure de donner aux êtres humains les critères de ce qui est bien ou mal. Sans religion, le monde, affirment-ils, serait dans le chaos, la destruction.

Or d’une part des études ont démontré que la notion du bien était universelle et totalement indépendante de la religion ! C’est à dire que des personnes placées devant des mêmes choix moraux effectuent des choix identiques, qu’elles soient croyantes ou non et quelle que soit leur culture et leur lieu de vie. D’autre part, il est assez facile de rencontrer des personnes athées ou agnostiques ayant construit et partageant avec les autres des valeurs de bien et de mal universelles. Ainsi, contrairement à ce qu’ils prétendent, les croyants de toutes les religions ne peuvent prétendre détenir et définir ce qui est bien ou ce qui est mal pour les autres. Qu’ils le fasse pour eux est leur problème mais ne peuvent l’imposer comme une vérité. Vouloir le faire est une stratégie afin de contrôler la vie des hommes et de les dominer.

Dominer, détenir le pouvoir, voilà un des buts de toute religion. Domination d’une caste (ceux qui détiennent la parole sacrée : le clergé), de croyants ayant des intérêts dans cette domination, le lien est fort entre la religion et l’exploitation des hommes, le commerce et le contrôle des populations, sur les autres, ceux qui se plient à croire mais ne détiennent pas le pouvoir et ceux qui ne croient pas mais sont soumis, voir même supprimés.

L’histoire de l’humanité est, entre autres choses, le recul de la religion devant la raison, le développement et la reconnaissance de droits aux humains, la connaissance et le savoir, la science et la conscience de soi et des autres comme êtres libres et douées d’autonomie de pensée et d’action. L’évolution de l’histoire humaine est donc contraire aux religions et à leurs dogmes.

La domination religieuse passe aussi par le contrôle de l’esprit et des corps des plus pauvres. Le pauvre est le business du croyant, il est celui qui lui assure l’accès au paradis. Par le pauvre, le croyant sauve sa peau pour l’au-delà. Il chérie le pauvre, éprouve de la compassion, lui donne quelques miettes et un peu de réconfort. Car pour le croyant, le pauvre est coupable d’être ce qu’il est, d’ailleurs si le pauvre se révolte et veut changer ses conditions de vie et la société, alors le croyant l’en dissuade ou le combat par tous les moyens. Car l’ordre doit régner, l’ordre établit par dieu ne doit pas être troublé et remis en question. Le pauvre ne peut avoir son salut que dans l’au-delà, dans le royaume de « Dieu » : il n’a qu’à patienter et souffrir en silence.

La religion est structurée hiérarchiquement, tel une pyramide ! En haut le maître, un dieu omniscient et à la suite différentes couches où se répartissent le pouvoir et le « savoir religieux ». Un pape ou un imam ou un Daili Lama sont les premiers humains, les premiers délégués, dirigeants auto proclamés vivant sur le dos de leurs fidèles. Viennent ensuite toute une série de représentants plus ou moins importants chargés eux aussi du contrôle sur le peuple des croyants et si possible des non croyants. La religion hiérarchise donc les individus et rejoint dans cette méthode de contrôle la hiérarchie économique et sociale qui structure encore nos sociétés et qui renforce la domination. Il n’est donc pas étonnant d’observer encore la religion et tous ces dérivés accompagner les formes de pouvoir qui nous dépossèdent de notre liberté.

Car avec la notion de liberté on touche à l’essence même de l’homme. La religion ne peut imaginer l’être humain comme libre, alors que celui-ci recherche sa liberté. Aussi toute religion tend à contrôler, limiter voire anéantir toute liberté et tout désir de liberté (Liberté de penser, liberté sexuelle, liberté d’association...d’éducation...). Le rêve de toute religion est d’avoir l’humanité uniforme, adorant un même dieu, un même livre sacré, un monde où chaque homme , chaque femme, chaque enfant ne remet pas en question l’ordre qui lui est enseigné.

Allons nous laisser nos enfants rejoindre les rangs bien rectilignes de l’éducation religieuse ?


[1] « Les prêtres des différentes sectes religieuses...redoutent les progrès de la science comme les sorcières l’approche de l’aube, et voient d’un mauvais œil ce présage funeste annonçant que vont être dévoilées les duperies qui les font vivre ». Thomas Jefferson. Dans un sondage (Ifop) du 12 avril 2004 55% des français annonçaient croire en un dieu, 44% affirmaient ne croire en aucun dieu et 1% ne se prononçaient pas.

Un sondage de l’institut Harris publié par le Financial Time daté de décembre 2006, dénombre 32 % d’athées et 32 % d’agnostiques en France (sondage réalisé sur les États-Unis, l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni)

[2] « Proclamer comme divin tout ce qu’on trouve de grand, de juste, de noble, de beau dans l’humanité, c’est reconnaître implicitement que l’humanité par elle-même aurait été incapable de le produire ; ce qui revient à dire qu’ abandonnée à elle-même, sa propre nature est misérable, inique, vile et laide. Nous voilà revenus à l’essence de toute religion, c’est à dire au dénigrement de l’humanité pour la plus grande gloire de la divinité » M.Bakounine, Dieu et l’Etat.


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