Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Petit retour sur Ungdomshuset

fredag 13. april 2007

Ungdomshuset ?

Le squat de Copenhague (Danemark), Ungdomshuset, fut depuis son occupation en 1982 l’emblème des mouvements squats, anarcho-punk, DIY (Do It Yourself) et un véritable laboratoire de développement des actions et des techniques black bloc de « la lutte sans visage ». L’occupation de ce bâtiment était déjà symbolique puisqu’il fut construit en 1897 dans le district de Nørrebro et servait alors de quartier général à un mouvement syndical et mutualiste danois. Il accueillit notamment une Conférence de la Seconde Internationale en 1910 [1]. La vie y était très active et le lieu se transforma peu à peu en centre social, en lieu de concert, en lieu de regroupement pour les groupes anarchistes locaux. Un véritable vivier subversif qui ne tarda pas à déranger la municipalité (poil au nez) de par son activité séditieuse, insubordonnée, dissidente, tenace et débordante mais aussi de par sa notoriété grandissante chez les jeunes.

C’est ainsi qu’en 2000, le bâtiment est vendu par le conseil municipal à un groupe de grande distribution, puis revendu en 2001 à une église évangélique fondamentaliste Faderhuset (« la maison du Père ») que même l’Eglise officielle ne reconnaît pas (c’est vous dire...). En vertu de la loi danoise, la mairie est allée jusqu’à outrepasser son doux petit code pénal (pouet pouet) car la vente n’était pas autorisée par la loi, le bâtiment étant occupé.

Jugeant la maison en « trop mauvais état pour être restaurée », la présidente de la secte protestante et propriétaire des lieux Ruth Iversen demande à la mairie d’expulser les habitants et de démolir Ungdomshuset.

La fin d’un rêve...

Le premier mars 2007 la police prend le contrôle par surprise du bâtiment, hélicoptère et intervention de la brigade anti-terroriste encagoulée à l’appui, et procède à de nombreuses arrestations d’une grande violence [2]. Les moyens mis en œuvre pour expulser les squatters sont impressionnants et dignes d’une véritable guérilla urbaine [3]. S’en suivent de nombreuses émeutes dont les images en auront marqué beaucoup à travers le monde quant à la brutalité policière alors (pour beaucoup) méconnue de l’État danois mais aussi -et c’est bien plus réjouissant- au sujet de la détermination et de la ténacité des anarchistes danois. Dans les nuits du 2, 3 et 4 mars, de violentes émeutes opposent plusieurs milliers de sympathisants [4] et les forces de l’ordre danoises. Plus de 600 interpellations, comprenant des mineurs et des solidaires étrangers (scandinaves, allemands, français, etc.). Des centaines de véhicules (dont plusieurs véhicules de police) ont brûlé dans les rues de Copenhague. Les émeutiers ont fait usage de jets de pavés, de cocktails Molotov, de peinture, de feux d’artifices et ont érigé des barricades enflammées. Ces émeutes sont les plus violentes que le Danemark ait connu depuis 1993 et les protestations qui avaient suivi l’adoption du Traité de Maastricht.

Quelques jours plus tard, le 5 mars 2007, et dans une atmosphère tendue, des ouvriers au visage masqué (par peur des représailles) commencent à détruire le bâtiment d’Ungdomshuset, avec l’appui d’un très grand nombre de policiers remontés suite aux émeutes. Le nom du prestataire des travaux de démolition a lui aussi été dissimulé sur les engins de chantier...

Un squat qui meurt, dix de réoccupés

Issus de la tradition des mouvements autonomes européens et tout particulièrement du mouvement autonome allemand des années 80 et de ses Schwarzer Block, les militants de feu-Ungdomshuset ne baisseront pas les bras pour autant et d’autres tentatives de réappropriation ont été effectuées, sans succès pour l’instant mais avec beaucoup d’espoir car le message est passé, si la ville ne fait rien, les gens s’approprieront des lieux par eux-mêmes. c’est actuellement ce qu’ils tentent de faire...

Les ex-habitants d’Ungdomshuset et tous leurs compagnons ont mené une lutte anarchiste sans concession et nous saluons fraternellement leur courage et leur façon d’avoir su garder l’anonymat en balayant dès le départ la tournure héroïque qu’aurait pu prendre cette lutte pour se focaliser sur les véritables enjeux de ce combat qui sont la lutte contre l’État, pour la ré appropriation des logements vacants, contre la colonisation des cerveaux par les mérdias et pour le maintien de zones d’autonomie combattantes et anonymes, de bastions pirates prêts à l’assaut du capitalisme et ce, avec humilité et sincérité. Comme le dit aux compagnons danois le communiqué de l’espace autogéré des tanneries [5] directement issu de cette même culture DIY à Dijon:

Bravo ! Ne baissez pas les bras, vos barricades sont les nôtres!

UNGDOMSHUSET BLI’R!


[1] la conférence internationale des femmes socialistes lors de laquelle le 8 mars fut proclamé Journée internationale des femmes. De nombreux meetings s’y sont également tenus et ce fut le point de départ de nombreuses manifestations. En 1918, des anarchistes et des chômeurs partirent du Folkets Hus (devenu Ungdomshuset) pour la fameuse attaque de la bourse de Copenhague. Des personnages tels que Rosa Luxembourg, Clara Zetkin et même le sombre Lénine séjournèrent à la maison du peuple (Folkets Hus).

[2] Trente occupants de Ungdomshuset et environ 217 autres personnes sont arrêtées

[3] C’est simple, imagine toi un de ces tarés encagoulés qui arrive en rappel d’un hélicoptère par la fenêtre de ton squat pendant un assaut de lacrymogènes alors que tu dormais paisiblement...

[4] 5000 personnes (selon la police!)

[5] L’espace autogéré des Tanneries est un centre social anarchiste, occupé depuis 1998. Suite à une longue mobilisation, la municipalité a consenti à leur laisser l’espace, abandonnant l’expulsion... mais pour combien de temps? Pour plus d’infos: http://squat.net/tanneries/


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