mardi
13 décembre 2005
L’idée de s’auto-organiser en dehors des syndicats traditionnels et des organisations politiques est très étrange voire absurde pour la majorité des « libanais » (étudiants et travailleurs). N’oublions pas que deux éléments constituent le carcan sur lequel les libanais en général se basent pour définir leur identité socio- politique : le système parlementaire (donc représentatif) et le confessionnalisme.
Or ceci n’empêche pas l’apparition de mouvements contestataires spontanés au niveau de la population, mais qui sont vite réprimés - « avec un bras de fer »- par l’Etat et par ses chiens de garde syndicalistes et religieux : il y a un an une émeute a éclaté à Hayy Assilom, quartier de la banlieue de Beyrouth, peuplé par des gens dont les conditions sont si déplorables qu’ils arrivent juste à « survivre ». L’Etat n’a pas hésité à utiliser l’armée (et non pas la police) à mettre fin à cette réaction authentique des opprimés : plusieurs personnes (une dizaine), ont été tuées et blessées par les balles des soldats et officiers libanais, sans que ceci suscite aucune réaction de la part de la CGT libanaise, sauf qu’elle a dénoncé les personnes révoltés, et celles assassinées et les a qualifiés de « meneurs de trouble », méritant ce qui leur était arrivé !
Après l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, pour la majorité des libanais, une « révolution orange » a vu le jour. Cette soi-disant « révolution » a généré une « politisation » massive des jeunes et moins jeunes, de sorte que l’appartenance à tel ou tel parti politique institutionnel devenait la condition sine qua non pour avoir le droit de tenir un discours sur « la politique » et la situation actuelle du pays. Cette « révolution » a changé tout sauf le statu quo de la société et de l’ordre établi : la droite et la gauche se sont réunies ensembles dans une coalition instaurant « le soulèvement de l’indépendance ». Elles ont fait croire que tous les problèmes sociaux seront résolus à condition d’être massif dans sa participation aux élections parlementaires. Ces usurpateurs disaient explicitement : « notre accès au parlement est la seule et unique issue de tous vos problèmes ». Maintenant qu’ils sont au pouvoir, rien n’a réellement changé. Ce qui a changé ce sont les personnes, mais l’exploitation demeure la même. C’est vrai que le Liban n’est plus sous la tutelle syrienne, mais il ne demeure pas moins écrasé sous le poids de la crise socio-économique et de la paupérisation qui se répand comme un cancer et touche chaque jour un plus grand nombre de personnes.
La masse (au sens large du terme, sans donner à ce mot aucune connotation discriminatoire) est contente et rassasiée. Elle a la foi indéniable dans ses représentants qu’elle croit avoir élu « librement » et « démocratiquement ». Dans cette société « spectatrice » et aliénée, qui est à mille lieues de la pensée libertaire, la création d’un mouvement anarcho-syndicaliste est non pas uniquement une nécessité mais une urgence.
Un anarchiste libanais.
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