Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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RETOUR SUR LES PRÉSIDENTIELLES ET LES LÉGISLATIVES

mercredi 22 août 2007

On aurait pu penser que la situation post-électorale que nous vivons, aurait vu émerger une mobilisation importante à la ’hauteur’ du matraquage médiatique quotidien distillé pendant toute la campagne présidentielle. Celui-ci avait d’ailleurs commencé bien avant, avec la propagande d’incitation à s’inscrire sur les listes électorales. Pourtant, depuis l’élection de Sarko, des révoltes et rassemblements spontanés se sont fait jour dans plusieurs villes mais sans perspectives réelles pour le moment : l’attentisme est à l’ordre du jour.

Tandis que la droite se félicite et se pâme de toute-puissance, la gauche en pleine décomposition en est est réduite à quelques gesticulations moribondes : certains quittent même ses rangs pour rejoindre le gouvernement d’un homme qu’ils estimaient « dangereux » avant le résultat du second tour des présidentielles ; et l’apathie règne jusqu’à l’extrême-gauche.

Les effets de rabattage aux urnes de la part de toutes les organisations de gauche et d’extrême-gauche peuvent expliquer une partie de la démoralisation : en effet quelle peut être leur réponse à un scrutin ’démocratique’ quand une partie de leurs préoccupations se centre sur l’électoralisme ? En toute logique, la critique de la ’démocratie’ les prendrait à leur propre piège, les pousserait à remettre en cause leur propre fonds de commerce, le fait de chercher des strapontins électoraux, les jeux d’appareils etc.

On peut néanmoins attaquer la ’légitimité’ toute relative de ce scrutin sur quelques points. Quand il ressort de la bouche d’un des chefs de l’UMP que «  ce n’est pas la rue qui gouverne », comment peut-on croire une seconde que le système de représentation actuel est démocratique ? Dans un fonctionnement démocratique, rendre des comptes de la part des élus serait la condition de base pour que ce système puisse être crédible. Or, jamais n’est posée la question de la révocabilité des mandats.

D’abord, cette accession à la ’légitimité démocratique’ et à la caste dirigeante est chargée de verrous, elle n’est ouverte la plupart du temps qu’à une clique d’énarques et/ou de carriéristes. Ajoutons qu’un mandat de député rapporte à celui-ci 6.952 euros bruts -5.178 euros nets- par mois. A l’issue de son mandat, il touchera une allocation chômage du même montant pendant cinq ans, puis il bénéficiera d’une rente à vie de 1135 euros, soit 20% de son traitement [1].

De plus, la manne financière liée au nombre de voix est suffisamment intéressante - 1,66 euros par voix à condition de dépasser les 1% de voix dans au moins cinquante circonscriptions -, pour que certains individus prennent le risque de se lancer dans le jeu électoral. L’inflation des candidatures a été surprenante. Petits et nouveaux partis ont alors fleuri étrangement en cette période des législatives : rien que trois chapelles différentes écolos dont une qui avait fait parler d’elle avec Francis Lalanne, des partis inconnus au bataillon comme La France en Action dont certains candidats sont des membres de sectes diverses comme celle de l’ordre du temple solaire... Cela traduit l’état de décomposition de notre société où 1% des électeurs sont prêts à accorder leurs voix à n’importe quelle secte mystique venue de nulle part (on se rappelle de la candidature du Parti de la Loi Naturelle défenseur du vol yogique lors des élections européennes).

En revanche, la stratégie « pédagogue » des partis d’extrêmegauche est moins évidente [2].

Aussi A. Laguiller affirme dans le même temps lors de la dernière campagne des législatives que le vote est «  un chiffon de papier  » et que voter pour L.O serait un gage de faire grève dès les premières mesures contre les travailleurs. Quant à la LCR, le discours de O. Besancenot revient à dire que le parlementarisme est compatible avec un changement de société [3].

Il faut aussi prendre en compte la part importante de l’abstention. A ces dernières législatives, la moyenne nationale a été de 40%. Certains quartiers populaires ont même totalisé largement plus de 50% d’abstention. C’est dire le discrédit et/ou le désintéressement portés à la politique. Comment s’en étonner alors que depuis des décennies, la politique fait dans le spectacle et le show bizness (émissions politiques questions/ réponses, politique people avec son lot de démagogie et d’artifice...). Elle est devenue une offre de consommation parmi d’autres, mais se révèle à chaque fois une arnaque.

Ce qui a été frappant à cette dernière élection présidentielle a été la personnalisation [4] du vote : on culpabilise individuellement l’électeur ou l’abstentionniste, mais on déresponsabilise la population sous couvert de ’démocratie’, laissant place au fatalisme, à la résignation voire au nihilisme.

D’après nos représentants, nos journalistes, nos économistes etc..., un dépassement du système économique et politique en place serait de toute façon impensable, seule resterait possible la négociation « concertée » de la régression sociale. Le moyen de s’opposer à la marchandisation globale ne peut décidément pas résider dans la morgue ’démocratique’. Combattre l’isolement, la vision d’un ennemi imaginaire (le voisin, l’ « immigré »...), peut faire notre force à condition de sortir de l’individualisme quotidien et de la valorisation marchande.


[1] 1 Loi votée en catimini à l’assemblée nationale le 1er/02/07 à l’unanimité (UMP, UDF, PS, PCF), voir Le Canard Enchaîné, 7 février 2007.

[2] 2 Lire à ce propos « LO, la LCR et les élections : la longue marche de l’opportunisme (1976-1988) », feuilleton en 3 épisodes, articles et tracts de Combat communiste recueillis par Ni Patrie Ni Frontière, http://www.mondialisme.org, in rubriques « articles utiles ».

[3] 3 cf. premier film de campagne officiel pour les législatives http://www.radio-rouge.org/index.php/Legislatives-2007/p4

[4] 4 Pour comprendre comment la ‘personnalisation’ est un processus à l’oeuvre dans nos sociétés modernes, lire G. Lipovetsky, « L’ère du vide, essais sur l’individualisme contemporain. », Folio Essais, 1979.


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