Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

[ Imprimer cet article ] [ Envoyer cet article ] [ Nous ecrire ]



La Farce Spectaculaire Européenne

samedi 15 novembre 2003

Rituel mondio-télévisé, vaste opération de désinformation, le Forum Social Européen, véritable Farce Spectaculaire Européenne, constitue avant tout une de ces opérations routinières de manipulation qui permettent à la classe dominante de gérer la contestation populaire "en douceur", entre deux périodes de répression. Tranquillement, comme il l’a fait à Gènes ou à Seattle, le pouvoir convoque aujourd’hui ses opposants à Paris, sépare les "démocrates" des "voyous", et définit les limites autorisées de la contestation-spectacle.

Après avoir appelé à voter Chirac et ainsi légitimé Raffarin, Sarkosy et toute leur politique, les ATTAC, Bové et compagnies, continuent à assurer inlassablement les mêmes fonctions : brouiller les pistes, diviser les exploités, étouffer les révoltes dans l’œuf ou les mener dans des impasses ; en un mot, assurer la pérennité du système.

Les réformistes d’aujourd’hui sont les exploiteurs de demain.

Peut-on sérieusement en douter ? Les réformistes d’aujourd’hui sont les exploiteurs de demain. L’histoire pullule d’exemples et Lula vient d’en produire un de plus, particulièrement éloquent : ce rebelle, qui était un hors-la-loi toujours prêt à discuter avec le système, a rapidement acquis le statut d’opposant officiel "d’extrême gauche". Une fois obtenu le soutien de Walt Street, le voici devenu une sorte de vice-roi du Brésil chargé de faire avaler à ceux-là même qui l’ont porté au pouvoir les ordres du FMI [1]Lula ou pas, au Brésil comme ailleurs, le constat est le même : c’est toujours la domination et l’exploitation du plus grand nombre par des "élites" qui se poursuit. Et là-bas comme ici, la fameuse "démocratie participative" n’est qu’un rideau de fumée. Elle n’a pas pour objet d’humaniser le monde, mais seulement d’assurer aux profiteurs la paix sociale.

Un tel système de domination ne se réforme pas, il s’abat.

Sans mythe du grand soir, sans nihilisme aucun, nous affirmons qu’un tel système de domination ne se réforme pas, qu’il s’abat. La rupture totale et définitive avec ce système est la condition indispensable pour pouvoir bâtir un monde nouveau. La révolution n’est pas un bel espoir révolu, c’est un nouveau, intense et inévitable moment d’histoire à venir. Sans romantisme ni concession aux modes, fussent-elles celles du rouge-et-noir, nous savons que seul le communisme libertaire permettra une vie sans profit ni domination, que l’anarchie n’est ni le chaos, ni l’utopie. C’est le refus de tous les dogmes et de tous les pouvoirs. C’est tout simplement, pour reprendre la belle formule de Pelloutier [2], la seule façon de vivre sans dieu, sans maître et sans patrie.

Pour nous, l’anarcho-syndicalisme, c’est la mise en pratique de cette idée. A la base de chacun de nos actes militants, il y a une volonté de rupture avec le système, le refus absolu de toute délégation de pouvoir, de toute représentation déléguée ou désignée, de toute compromission.

C’est pourquoi :

-  Nous refusons toutes les élections, qu’elles soient politiques ou professionnelles. Car jamais un élu, de quelque bord qu’il soit, n’a à parler ni à décider à notre place. Face au pouvoir des canailles, nous appelons en toutes circonstances à l’abstention.

-  Nous rejetons le syndicalisme de collaboration de classe, qu’il soit porté par les vieilles centrales (CFDT, CGT, FO, ...) ou par leur progéniture alternative (SUD, UNSA, ...).Ces dernières, à travers une quête inlassable de « représentativité », de « visibilité » cherchent elles-aussi à nous « représenter », c’est à dire parler et décider à notre place. [3] Par leur intégration dans l’Etat (à travers les commissions administratives paritaires, la participation à la gestion des organismes dits sociaux ...) comme par leur collaboration au plus haut niveau avec le patronat (élections prud’hommales, ...) les unes et les autres ne sont que des rouages d’un vaste système d’exploitation, de division et de domination. Parce qu’ils cogèrent notre domestication avec l’Etat et le patronat, ces syndicats réformistes sont aussi le pouvoir. Ils sont nos ennemis de classe. Nous n’avons rien à faire avec eux.

-  Nous repoussons la comédie médiatique et la contestation spectaculaire. Elles vident nos révoltes de leur sens et en font un produit de consommation de plus. Au cours de ces dernières années, nombreux sont ceux, philosophes, sociologues ou politologues qui ont démonté les mécanismes des médias, établi leur rôle insidieusement nuisible et les ont dénoncés pour ce qu’ils sont, les "nouveaux chiens de garde" du capital. Très nombreux sont ceux, en particulier dans les milieux libertaires, qui souscrivent à ces analyses. Mais presque tout aussi nombreux sont ceux qui continuent de courir derrière micros et caméras, à placer leur stratégie organisationnelle dans une perspective de médiatisation. En ce qui nous concerne, nous avons tiré les conséquences qui s’imposent : nous ne parlons pas aux journalistes.

-  Nous récusons tous les partis politiques, des plus grands aux plus groupusculaires car, par définition, ils aspirent à prendre le pouvoir et donc à exploiter la population. C’set pourquoi, nous affirmons qu’il n’y a aucune possibilité, même ponctuelle, d’accord, d’alliance ou de signature avec eux.

Notre futur c’est le communisme libertaire, notre présent l’auto-organisation.

Pour nous, l’anarcho-syndicalisme, c’est la solidarité de classe entre exploités pour combattre le pouvoir et s’en débarrasser une fois pour toutes. Notre futur, c’est le communisme libertaire. Notre présent, c’est l’auto-organisation et l’autogestion dans les luttes comme dans la vie, sans délégué, sans leader et sans pouvoir.

C’est pourquoi :

-  Nous appelons à la formation de comités de lutte, de comités de résistance partout où c’est possible, dans les entreprises comme dans tous les lieux de vie (commune, quartier, lycée, fac,...).

-  Nous propageons le fonctionnement en assemblées générales autogérées.

-  Nous appelons à la démocratie directe et à l’action directe, c’est-à-dire à l’action collective sans intrusion de « médiateurs », de négociateurs extérieurs. Les négociateurs syndicaux ont toujours négocié notre défaite à leur profit et à celui du patronat. Les journées de grève et les cortèges décidés par les syndicats d’intégration ne servent qu’à nous faire retourner au travail sans rien avoir obtenu.

-  Nous lançons un appel à l’imagination de tous et de chacun pour renouveler et multiplier les formes de lutte : gratuité dans les services publics (transports, ...), baisse des cadences, contre information sur les boîtes, ouverture au public des lieux de travail, blocage de la production ... Inventons, réinventons nos luttes et décidons-en collectivement.

-  Nous rejettons tous les corporatismes, et nous voulons réaliser la solidarité. Solidarité entre les salariés en lutte dans les entreprises, entre les chômeurs et les salariés, entre les fichés et les sans-papiers, entre les légaux et les clandestins, entre tous les exploités.

Précaires, salariés du privé ou du public, étudiants, chômeurs, résistants au travail, exclus de tout, unissons nos luttes.

Des militants


[1] Lula a déjà fait beaucoup plus fort que Raffarin : l’âge de départ à la retraite des fonctionnaires brésiliens vient d’être reculé de sept ans et les pensions diminuées d’un coup de 30 %,... et tout ça en un seul passage au parlement brésilien. ("Le Combat syndicaliste de Midi-Pyrénées", N°82).

[2] Fernand Pelloutier (1867-1901), est le fondateur des Bourses du Travail et l’un des principaux organisateurs de la CGT (à l’époque révolutionnaire). Il rappelait que les militants syndicalistes doivent être avant tout des "hommes sans dieu, sans maître et sans patrie, les ennemis irréconciliables de toute dictature y compris la dictature du prolétariat".

[3] les « alternatifs » sont tellement utiles au contrôle social que des projets leur accordant la représentativité d’office « (comme c’est le cas déjà pour les vieilles centrales) est à l’étude dans les milieux patronaux.


CNT-AIT



-  Contacter des militants anarcho-syndicalistes
-  http://cnt-ait.info est le site d’actualité de l’Anarcho-syndicalisme.
-  La reproduction et la diffusion de l’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme sont encouragées

  Présentation
  Contacts
Déplier Abstention et résistances populaires
Déplier Dossiers
  ESPOIR (Bulletin du SIPN)
  FACE A LA CRISE
Déplier International
Déplier Luttes : actualité, bilans, archives
  LUTTES DANS LES QUARTIERS POPULAIRES
  Publications
  RESISTANCE POPULAIRE
  SOLIDARITE
Déplier Stratégie
  Sur la Toile
Déplier Syndicalisme ?
Déplier TRAVAILLER PLUS ? POUR QUOI ? PRODUIRE ? COMMENT ?
  YVELINES ROUGE ET NOIR

LISTE DE DIFFUSION
      S'ABONNER
     Votre adresse électronique :
     
     
     Un message de confirmation vous sera demandé par courrier électronique.
      Gérer son abonnement.
     Votre adresse d'abonné :
     
     
      CONSULTER LES ARCHIVES

[ Plan du site ] [ Haut ]
Traduction(s):

[ Haut ]

L'Actualité de l'Anarcho-syndicalisme sur votre site : backend.php3.
Site developpé avec SPIP, un programme Open Source écrit en PHP sous licence GNU/GPL.