samedi
16 février 2002
Enseignement des langues vivantes
Dans certaines écoles primaires, les enseignants, les intervenants exterieurs, se debrouillaient jusqu’à présent pour proposer aux élèves de cycle 3 (CE2, CM1, CM2) plusieurs langues au cours du cycle, ou au cours d’une meme année.
Avec les nouvelles mesures du duo Allègre - Royal, il faut passer à l’enseignement assorti de mesures d’évaluation et n’enseigner plus qu’une langue. Cette langue doit être poursuivie au collège. Les collèges ne proposent pas tous plusieurs langues en 6ème, en tous cas, certains ne proposent pas l’espagnol, par exemple. En revanche, ils proposent tous l’anglais. C’est une facon d’asseoir la prépondérance de cette langue au détriment des autres. Le choix de la langue est fait par les parents. Quel choix ont-ils dans ces conditions ?
Autre paradoxe de ce systeme qui prétend promouvoir les langues, les instits et les profs d’école compétents pour enseigner les langues font defaut, ils font donc appels à des profs de collèges ou des intervenants agrés. Ces derniers sont pris d’assaut par les écoles primaires ou pratiquent des tarifs que l’école ne peut pas se payer. Résultat des courses, à la rentrée prochaine, il y aura des écoles où l’on pratiquait trois langues qui se retrouveront sans aucun enseignement de langue faute de prof.
Enseignement des langues regionales
L’Union locale de Montauban a eu un debat sur le développement de l’enseignement bilingue francais / occitan dans certaines écoles publiques.
De ce débat sont ressorties plusieurs constatations et inquiétudes :
Les langues minoritaires ont le droit de trouver une place dans nos societés, chacun à le droit de parler la langue qui lui appartient. Pour que cette langue puisse survivre, il est necessaire que l’ecole la prenne en charge et l’enseigne. Cependant il est difficile de trouver des limites. Chaque langue ayant la meme valeur qu’une autre, quelles langues faut-il prendre en charge ? Pourquoi s’arreter aux langues régionales et écarter des langues issues de l’immigration (qui sont peut-être plus parlées que des langues régionales), combien faut-il de locuteurs pour qu’on prenne une langue en compte ? Où sont les limites géographiques ? Faut-il des limites géographiques ? Ce sont ces questions qu’il faut resoudre avant d’enseigner dans une autre langue que le francais, et si bilinguisme il y a, il faut qu’il se fasse sur le libre choix des parents et des enfants.
On peut aussi s’interroger sur la finalité d’une telle démarche de la part des Etats, et surtout de l’Etat francais qui au cours du dernier siecle à plutôt mené une politique de génocide culturel et linguistique. Qu’y a-t-il derrière cette soudaine volte-face ? Si nous regardons le modèle espagnol qui, à la chute du franquisme, a mis en place un systeme éducatif bilingue (où a cote de l’espagnol sont apparus le catalan, le basque, le galicien... ) la langue minoritaire est en voie d’obtenir une position hégemonique du fait de politiques regionales de type nationaliste. Cette tendance exclut de fait les « etrangers » à la region du monde de la communication et, par-la même, du monde du travail. Le refus de l’espagnol fait son apparition dans le monde des politiques, certains faisant même mine de ne pas comprendre cette langue dans des reunions publiques. Cette demarche met en avant la valeur symbolique forte de toute langue, et fait craindre une manipulation politique qui serait le ferment de nationalismes de type balkanique.
Cet éclatement des langues éuropeennes ne fait-il pas la part belle à la langue des maîtres du monde : l’anglais au detriment des concurrents éventuels sur le marché mondial, le francais, l’espagnol ? (Le francais concurrence l’anglais dans le monde de la diplomatie où il est encore langue officielle et l’espagnol est une menace pour l’anglais sur le continent americain du fait de la démographie vigoureuse des populations hispanophones).
Avec l’éclatement linguistique, ne faut-il pas craindre à terme l’explosion de revendications « nationales » (de type corse ou basque) qui fragmenteraient l’Europe en une multitude de principautés qui seraient bien moins menacantes pour l’oncle Sam qu’une Europe puissante et organisée ? Où est l’équilibre entre le developpement des langues qui appartiennent à chacun d’entre nous et la lutte contre tous les nationalismes ? Comment vivre pleinement sa culture et continuer a oeuvrer pour une lutte commune des peuples de la Terre ?
Cette offrande soudaine des Etats n’est-elle pas un cadeau empoisonné, un leurre donné aux peuples pour mieux les diviser alors même que la resistance au Capitalisme passe plus que jamais par une union des luttes ?
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