jeudi
24 octobre 2002
Des corps carbonisés, déchiquetés.
Au plus près de l’épicentre de l’explosion.
La Garonne dont les eaux blanc-jaunâtre charrient des poissons
crevés mêlés à des restes de ce qui était des corps humains.
La ville dans un silence inhumain.
Aucun bruit de sirène hurlante. Plus aucun signe de vie au
delà de la métropole. Une ville rayée de la carte. Et dans le
ciel, telle l’hydre capitaliste contemplant son oeuvre, le nuage
mortel, stagnant et rayonnant de toute sa puissance dévastatrice. A "Radio-interville", ils annonçaient qu’une catastrophe, due
à une explosion d’une ampleur jusqu’à ce jour inégalée,
venait de détruire notre ville. Qu’il ne serait pas possible
d’aller voir sur place avant quelques heures, voire quelques
jours ! Ce qui sous-entendait "on ne sait trop jusqu’où il y a un risque pour le reste de la population. Tant pis pour les
peut-être quelques survivants, mais ne prenons pas de risques
inconsidérés." De quoi vous faire prendre conscience que
nous ne sommes finalement que de la chair à nourrir le capital. Je revois défiler des tas d’images s’entrechoquant pêle mêle,
l’explosion du 21 septembre 2001,
les mensonges, la
résignation orchestrée par les politiciens et
les réformistes de tout horizon montés
au créneau pour la défense du système, les
ouvriers de l’usine revendiquant
de re-travailler à leur propre mort,
aidés par les syndicats
garants-de-la-paix-sociale.
La colère des riverains, les magouilles des
assurances, la colère de ceux qui habitent
dans les cités pourries qui bordent
l’usine et vivent dans la pollution
quotidienne, les quelques
compagnons avec qui nous luttions pour
une autre société en dénonçant
les raisons d’être de l’usine, la mort
exportée sur d’autres terres
contre un salaire pour pouvoir consommer
comme le voisin, les besoins créés par le
système avec le risque d’être les premiers à
en crever s’il y avait un jour un grave
problème. Si nous avions su dire non, non
nous n’en voulons pas de vos usines de m...,
peut-être que...
Biiiiipppp !
Le réveil ! Qu’elle heure est-il ? 9 heures !
Ce n’était donc qu’un
cauchemar ?
Le 21 sept... cauchemar... 21... 2002,
mince, encore à la bourre, habillons-nous
et pressons-nous.
Il y a "commémo" par l’establishment !
Aujourd’hui.
Jules
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