Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Afrique du Sud : Le mouvement des « sans terre » attaqué à Soweto

vendredi 11 juin 2010

La coupe du monde de football qui va se dérouler en Afrique du Sud au mois de juin dernier est un élément d’un vaste plan de propagande politique, qui consiste à faire croire qu’il y a eu un miracle démocratique en Afrique du Sud.

Si l’apartheid a officiellement été aboli, la ségrégation sociale quant à elle continue de plus belle, comme partout sur la planète capitaliste.

Les populations pauvres des ghettos et des bidonvilles ont vu leurs conditions de vie aggravé par les préparatifs de la Coupe du monde de foot. Pour maquiller la situation, le gouvernement à procédé à des expulsions massives, entassant les personnes déplacées dans des quartiers informels de baraques en tôles.

Mais dans cet océan d’injustice il existe des ilots de résistance et d’humanité. Des gens comme par exemple le mouvement Abahlali baseMjondolo refusent les compromis avec les politiciens corrompus, organisant le boycott des élections politiques selon le principe « No land - no house ? NO VOTE ! » Les politiciens avaient promis, en échange des votes des habitants des baraques, de leur donner terres et maisons. N’ayant rien du venir des promesses électorales, ils ont donc décidé de boycotter durablement les élections. Et de lancer des campagnes massives pour l’abstention.

Mais la radicalité de ces mouvements gêne le pouvoir. Il laisse sciemment s’attiser les passions nées de la promiscuité (qu’il crée en déplaçant de force les populations et en les entassant ensuite dans des endroits où rien n’a été prévu en terme d’accès aux services de base), espérant ensuite intervenir en tant que « garant de l’ordre sécuritaire » qu’il a pourtant contribuer à déstabiliser.

Ci-dessous deux témoignages des incidents intervenus récemment dans le bidonville de Protea-Sud. L’un du groupe anarchiste d’afrique du Sud « ZACF » et l’autre d’un militant du groupe Abahlali baseMjondolo. Ce genre d’attaque n’est pas la première. Déjà en septembre dernier une autre organisation de l’Alliance des Pauvres (Poor people alliance) avait été attaquée dans un autre bidonville à Durban. Les similitudes des modes opératoires font dire aux compagnons sud africain qu’il pourrait s’agir d’un plan concerté du parti au pouvoir (ANC, Afrian National Congress) pour en finir avec les organisations de base radicales.

CNT AIT Paris, d’après des informations de ZACF et Abahlali baseMjondolo.

Les militants des « sans terre » et les « habitants des baraques » (bidonvilles) attaqué à Soweto par le Front Anarchiste communiste Zabalaza (ZACF)

Ce qui suit est une communication urgente émise au nom de, et en solidarité avec le Mouvement des Sans Terres (LPM) et desautres habitants du bidonville de Protea-Sud, à Soweto. Il est basé sur des renseignements obtenus par téléphone et par des conversations en face-à-face avec des membres du LPM après les violentes attaques contre eux la nuit dernière [24 mai 2010]. Il semble y avoir toujours de la confusion autour de ce qui s’est passé, et les détails sont encore fragmentaires. Nous rendrons disponibles les nouvelles informations sur la situation au fur et à mesure que nous les recevrons, de même que toute correction factuelle qui s’avérerait nécessaire. Dans la soirée du dimanche 23 mai, un groupe d’hommes ont tenté d’incendier la baraque de la présidente du Mouvement des Sans Terres, Maureen Mnisi, dans le « village informel » (bidonville) de Protea-Sud, à Soweto. Elle était à l’intérieur au moment des faits, et a eu la chance de sauver sa vie uniquement parce que son fils est tombé sur les assaillants et a pu les chasser.

Vers 20h00, le même soir un groupe de cinq hommes - dont trois étaient vraissemblablement armés de fusils, un autre portant une panga (machette) et le cinquième un manche de pioche - ont sauté la clôture entourant la baraque d’un autre membre du LPM et sympathisant du ZACF. Ils ont frappé violement à la porte de sa partenaire et de sa baraque, exigeant de voir « l’homme de la maison". Quand les occupants de la baraque ont pensé que les assaillants allaient enfoncer la porte, le camarade s’est caché et sa partenaire a répondu à la porte, espérant être en mesure de dissuader les assaillants. Ils sont alors entrés à l’intérieur de la baraque avec une torche, découvrant uniquement les deux jeunes enfants du couple en train de dormir sur le lit, et ont déclaré "akekho" - il n’est pas ici. Ils ont alors battu la camarade qui avait répondu à la porte, en lui enjoignant de dire à son partenaire qu’ils reviendraient pour lui. Craignant pour leur sécurité et celle de leurs enfants, ces compagnons ont été contraints de fuir la communauté sans presque aucun de leurs biens.

Après cela, le groupe d’hommes armés [1] auraient continuer de tourner dans le bidonville, attaquant d’autres personnes. Un membre de la communauté est signalé comme ayant été tué, et au moins une autre personne à dû être hospitalisée. Les gens qui se cachaient pendant les attaques ont rapporté que les assaillants sont partis vers minuit, des ambulances venant et emmenant des personnes à l’hôpital. On ne sait pas encore combien de personnes ont été affectées par les attaques, ni combien ont fui.

Les members du LPM sont quasiment certains que les attaques ont été orchestrées par certaines des personnes qui habitent les maisons « HLM »’ dans la zone, du fait des tensions persistantes entre les habitants des bidonvilles et ceux des HLM au sujet des connections illégales au réseau électrique et sur les relogement. En effet, certaines des personnes en dans les HLM voulent que le bidonville soit déplacés (ce que le gouvernement essaye de faire depuis des années) afin de faire monter le prix de leurs propriétés. Le LPM est en première ligne pour résister à ces déplacements forcés, ainsi que dans l’organisation des reconnexions électriques. Nous pensons que c’est pour ces raison que ses membres ont été attaqués.

Le LPM et les autres habitants des baraques se réunissent cet après-midi à 16h00 au Parc des faiseurs de Paix (Peacemaker Park) de Protea- sud afin de déterminer une réponse. Ils appréciront la participation et le soutien d’autant de représentants et d’activistes du plus grand nombre de différents mouvements sociaux possibles.

Solidarité totale au Mouvement des sans terre et aux habitants des baraques de Protea-sud ! Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre tous !

ZACF


La crise de l’électricité à Protea-sud :BATTONS NOUS CONTRE LE GOUVERNEMENT, PAS ENTRE NOUS !

Protea du Sud est l’un de ces « quartiers informels » (bidonville) qui n’a pas encore bénéficié au cours des 16 dernières années de la démocratie. À l’heure actuelle, les gens de Protea-sud vivent toujours sans aucun service (eau, électricité et sanitaires). Hier, la communauté qui vit dans des maisons à loyer modéré a décidé de débrancher l’électricité que les gens des habitations informelles avaient connecté dans leurs baraques en tôle. Ils sont allés dans le quartier pour débrancher et battre les gens qui avaient connecté l’électricité dans leurs baraques. En conséquence, deux personnes ont reçu des coups de feu et une est décédée sur place tandis que l’autre a été transportée d’urgence à l’hôpital. Maureen Mnisi, qui est la responsable du Mouvement des gens sans terre (LPM Landless People Mouvement) a également été attaqué à son domicile, les membres des maisons HLM ayant tenté d’incendier sa baraque. La communauté du quartier informel est en colère et ils ont décidé de se réagir en se battant. Ils ont brûlé l’armoire électrique et ont jeté des pierres sur les gens des HLM.

Le problème de la communauté de Protea-Sud dans son ensemble ce sont les services. Les gens ont besoin d’électricité pour survivre. Que vous viviez dans une baraque ou dans une maison HLM, nous avons tous besoin d’électricité. Et c’est pourquoi il est urgent de travailler ensemble pour combattre l’ennemi. Lutte les uns contre l’autre, n’amènera pas l’électricité à Protea-Sud. Les personnes qui ont l’électricité dont nous avons besoin en tant que communauté de Protea-Sud sont assis dans leurs bureaux du gouvernement et ils ne voient même pas la nécessité de nous donner l accès aux services.

Lutter les uns contre les autres ne nous aidera pas. Nous pouvons voir cela clairement - maintenant que l’un des membres de notre communauté a été abattu par un autre membre, nous allons pleurer ses funérailles.

NOUS DEVONS IDENTIFIER L’ENNEMI QUI CREE DES DIVISIONS ENTRE LES COMMUNAUTES PAUVRES.

Jacob Zuma [le leader de l’ANC, et président de l’Afrique du Sud] a presque pleuré à Orange Farm la semaine dernière, disait-il. Faisons en sorte que le gouvernement qui prétend ne pas connaître nos problèmes, vienne dans toutes les collectivités pauvres où les gens souffrent, sans services de base, PLEURER POUR NOUS TOUS. Faisons en sorte que le gouvernement quitte ses bureaux et vienne pour régler la question de l’électricité à Protea-Sud et dans les autres communautés pauvres.

"Organise-toi ou meurt dans la pauvreté : la coupe du monde ne bénéficie qu’aux des riches et non aux pauvres".

http://www.abahlali.org/node/6732

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Interview de Sbu Zikode de Abahlali baseMjondolo Les habitants des townships sud-africains se disent choqués que le gouvernement rechigne à les aider alors qu’il compte dépenser 100 millions d’euros pour l’organisation l’an prochain de la Coupe de monde de football. Les autorités doivent quant à elles s’inquiéter de ces accès de violence qui, s’ils continuaient, pourraient dissuader certains des 500 000 étrangers attendus dans le pays pour l’événement.

“Il serait dans l’intérêt du gouvernement d’impressionner les étrangers en améliorant les conditions de vie des pauvres de ce pays”

S’bu Zikode, 34 ans, est un ancien pompiste. Il habite dans le bidonville de Kennedy Road, dans les environs de Durban, où s’entassent 7 000 personnes. Licencié en 2006, il préside aujourd’hui Abahlali, un mouvement pacifiste sud-africain d’habitants de bidonvilles qui fait partie du réseau national The Poor People’s Alliance.

Là où nous vivons, il n’y a ni ramassage d’ordures ni routes. Les gens meurent régulièrement dans des incendies. Le taux de chômage est très élevé. Dans certains bidonvilles, il y a un ou deux robinets d’eau pour plus de 10 000 personnes. En moyenne, il y en a cinq par township. Les toilettes sont de simples fosses sans chasse d’eau et il en existe généralement une seule pour 5 000 personnes. Les gens sont contraints de faire leurs besoins dans les buissons. Le gouvernement veut même nous chasser des taudis dans lesquels nous vivons et vendre les terres au plus offrant, notamment pour construire des centres commerciaux.

La plupart de ceux qui travaillent sont domestiques chez les riches ou vendeurs ambulants. Les autres sont au chômage et finissent par monter un petit business dans le bidonville.

Nous voulons simplement que le gouvernement nous parle, qu’il nous écoute. Nos leaders semblent penser que nous n’avons pas le droit de protester. Les autorités incitent à des comportements violents en faisant des promesses qu’elles ne tiennent pas, puis en réprimant nos communautés pour les empêchent de protester ! Les gens ont l’impression qu’ils n’ont pas le choix. Le premier réflexe est de discuter avec le gouvernement. Mais lorsque ce dernier refuse de les écouter, ils descendent dans les rues. Aucun humain ne recours à la violence s’il n’est pas poussé dans ses derniers retranchements. Ceux qui doivent être interrogés sont les officiels. Les vraies victimes sont les habitants des bidonvilles.

Nous ne profitons pas de la Coupe du monde de football pour faire pression sur le gouvernement. Mais nous pensons qu’il serait dans l’intérêt du gouvernement d’impressionner les étrangers en améliorant les conditions de vie des pauvres de ce pays. Je ne vois pas pourquoi quiconque voudrait visiter l’Afrique du Sud dans l’état actuel des choses. Le gouvernement doit veiller sur ses propres citoyens avant de s’occuper des étrangers."


[1] Il n’est pas encore clair s’il s’agit du même groupe d’hommes responsables de toutes les attaques, ou s’il y avait plusieurs groupes opérant simultanément.

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