lundi
22 avril 2002
Souvenons-nous : en 1993, 1994 de dures luttes sociales secouent le pays (Air France, les pêcheurs, le CIP...). Les syndicats sont impuissants à endiguer la colère d’une population qui ne supporte plus la crise. A Toulouse comme ailleurs, nous avons vu pendant la lutte anti-CIP des cortèges et des actions qui ont eu lieu sans les syndicats et les partis.
Pour les gouvernements successifs, habitués à la léthargie du début des années 90, la situation incontrôlable pouvait devenir dangereuse. Il leur fallait remettre en selle les organisations dont le rôle est de nous domestiquer. Je nomme les syndicats et la gauche qui, grâce à l’activisme de trotskistes en mal de manipulations, se sont accrochés au wagon. A tout bout de champ on a collé des autocollants sur le dos des manifestants, on a crée des sigles, AC, DAL, Ras-le-Front, ATTAC,... destinés à appâter le chaland, à le mener vers des collectifs dont la direction était verrouillée.
Tant d’efforts ont trouvé leur récompense : décembre 1995 verra les organisations institutionnelles prendre la tête du mouvement social qui ne s’en relève pas. Pour le pouvoir (dont l’objectif est, entre autre, d’imposer encore plus de précarité, de flexibilité et de continuer à laminer les acquis sociaux), le but est atteint. Reste aux mercenaires à toucher les dividendes de leur mauvaise action. Les élections seront le salaire de la trahison, elles vont amplement bénéficier à ceux qui ont si savamment su manipuler les foules. Depuis, à la place d’un mouvement social, nous avons des parodies plus ou moins habilement mises en scène.
A Toulouse on nous jouera la farce de "La Ville Habitée" dirigée par des gauchistes en préretraite. Il s’agissait de relooker la façade des politicards locaux avec quelques coups de pinceaux contestataires. Les "artistes", les cultureux, vont être utilisés pour redorer le blason mité de l’opposition municipale. "La ville habitée" deviendra la liste "la ville en mouvement" pour les élections municipales de 1995. On y retrouve déjà une partie de ceux qui aujourd’hui soutiennent la liste "Motivés". Mais ce spectacle pourtant digne des meilleurs "son et lumière" ne marche pas et la mairie échappe à la gauche.
Le triomphe arrivera en 1998 avec les régionales : 40 000 voix pour les listes L.O. et L.C.R. Cette dernière organisation envoyant deux de ses membres siéger au Conseil Régional. Ils y sont toujours. Pour quel changement ? Allez le demander aux sans papiers expulsés, aux jeunes matraqués, à Habib assassiné.
Pour 2001, rebelotte. Les politiciens laissent tomber le côté social (et pour cause : eux qui prétendaient lutter contre le plan Juppé l’appliquent dans tous ses détails, de même que, fervents défenseurs du service public, ils ont privatisé à tour de bras, etc ) mais, ils connaissent maintenant une nouvelle musique, qu’ils exploitent sans vergogne. C’est le filon pseudo-culturel.
Ce coup ci, on va utiliser le groupe ZEBDA que tout le monde connaît. Il est issu du quartier des Izards. Pour certains d’entre nous, ils sont d’anciens copains de jeu de notre enfance, puis nous les avons connu dans les années 80 avec Vitécri... Mais sont-ils si sûrs que cela de représenter maintenant les aspirations des jeunes de banlieue ?
C’est ce que voudrait nous faire croire les politiciens qui les entourent. La Dépêche du Midi ne manque pas, à chaque occasion, d’affirmer qu’ils seraient implantés dans les quartiers. Un signe qui ne trompe pourtant pas, est que l’adresse de la liste "Motivée" est située en plein centre ville, alors qu’autrefois le local de l’association Vitécri était situé aux Izards. Quelle en est la raison ? La honte d’avoir un local en banlieue ou la peur de se le faire casser ?
Enfin, quid du deuxième tour des élections ? Verrons nous l’aboutissement des grenouillages auxquels nous avons commencé à assister pendant les formations de listes ? ("l’éviction" par la liste "Motivé" des parrains LCR, si elle ne me tire pas les larmes des yeux, est la preuve que ces chanteurs, qui font leur entrée en politique, n’ont plus grand chose à apprendre question politicaillerie). Certains ont repéré des taupes de Jospin dans leur entourage immédiat ; les socialistes étant effectivement très motivés par la récupération des quelques centaines de voix qui pourraient faire basculer la mairie. Mais je pense que c’est surtout en essayant d’amener aux urnes, sur un air de samba (résille ?) [1] des abstentionnistes traditionnels que les &"Motivé-e-s" renforcent le pouvoir qui, soyez-en sûr, saura leur renvoyer l’ascenseur.
Même si beaucoup de questions sont donc encore sans réponses, on peut déjà affirmer qu’après "tomber la chemise", le nouveau tube à la mode sera un remix de Dutronc ... vous savez, cette chanson sur ceux qui savent retourner leur veste toujours au bon moment.
Un lecteur ex-électeur.
******************* Extrait du Combat Syndicaliste Fevrier 2000
cnt ait
7 rue St Remesy
31000 TOULOUSE
[1] Les lecteurs qui suivent l’actualité musico-politico-culturelle de la ville me comprendront !
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