Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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A propos de l’immigration choisie

vendredi 29 décembre 2006

Ce texte n’a pas de vocation explicative vis-à-vis de ce qu’est le projet de loi dit : "Pour une immigration choisie". Pour cela, vous aurez l’occasion d’en lire des tas (proposés par tous les partis de gauche, syndicats et autres organisations...). Non, l’objet de ce texte est bel et bien de fournir une analyse concernant l’utilisation de ce projet de loi à des fins politico-stratégiques, de manière à en tirer les conclusions qui s’imposent.

Tout le monde a suivi, de près ou de loin, le mouvement social achevé en avril 2006 : la médiatique "crise du CPE". Nous pouvons en extraire deux particularités notables : la première étant que ce mouvement était d’une ampleur rarement égalée et qu’il jouissait d’une popularité considérable. La deuxième caractéristique, propre à ce mouvement, est plus intéressante encore pour nous, il s’agit de son autonomie. En effet, dans la majorité des facs, les décisions étaient prises en Assemblée Générale et / ou Comités de lutte, empêchant ainsi toute prise de pouvoir hypothétique des grosses structures syndicales et des partis. Ces mêmes organes de décisions (AG, Comités de luttes), aux mains de tous les militants (syndiqués ou non), ont basé leurs tableaux revendicatifs autour de l’abrogation de la "loi d’égalité des chances" et du refus systématique de la précarisation et de la paupérisation préparées par le gouvernement. Ces éléments sont à prendre en compte comme étant l’illustration d’un rejet des réformes anti-sociales de la droite au pouvoir et d’une prise de conscience de la gravité des problèmes structurels que connaît notre société, les symptômes étant la généralisation de la précarité. La jeunesse s’était soudain réappropriée la politique. Face à ce mouvement de masse que les professionnels du syndicalisme et de la politique (de gauche) ne pouvaient contrôler, différentes tactiques furent mises en place : renoncement au mot d’ordre de grève générale, négociations infructueuses, revendications dérivatives, manifestations épisodiques...

C’est justement ce dernier point qui m’intéresse. Le rejet par les acteurs du mouvement de tout ce qui symbolisait dirigisme, centralisme ou encore verticalisation du pouvoir, a été parfaitement perçu par les partis de gauche et les syndicats institutionnels, qui se sont sentis dépassés, submergés. Comment pourraient-ils laisser une jeunesse se perdre dans les affres de l’autogestion des luttes ? La réponse était toute trouvée. Il leur a fallu dégoter un ennemi commun, une menace capable de rassembler : Sarko. C’est ainsi qu’à la vue des prochaines échéances électorales, la politique migratoire de la droite (inacceptable, cela va de soi) va être utilisée dans l’unique but de ramener docilement, lycéens, étudiants, chômeurs et travailleurs (tous égarés !) sur le chemin des urnes pour y effectuer un vote utile... Ce "problème" qu’est "l’immigration choisie" sert de canal de dérivation, au torrent tumultueux que symbolisait cette lutte contre la précarité en général. A la vision de ceci, on se dit qu’il est facile de faire monter la mayonnaise sur un point aisément résolvable, tandis que dans les quartiers populaires survivent des millions d’hommes et de femmes auxquels on n’apporte aucune solution, et qui sont autant d’électeurs qui s’en iront peut-être voter FN, ayant l’impression de ne pas être écoutés. Le mouvement actuel de mécontentement contre le projet de loi "Pour une immigration choisie" n’est que l’arbre qui cache la forêt, un trompe-l’œil qui focalise l’attention de tous sur un sujet choisi par des stratèges politiques. Les flux migratoires posent une véritable interrogation. Celle-ci se situe sur le positionnement même de cette gauche tiraillée par les contradictions du système social qu’elle défend. Car cette gauche n’entend pas abolir le salariat, puisqu’elle a accompagné toutes les logiques de dégradation des conditions d’existence des salariés, notamment par la précarité. Nul doute que les premiers visés par cette précarité seront les immigrés, finie la vision paradisiaque de la "French way of life". La véritable interrogation n’est pas sur la particularité de tels ou tels groupes mais sur son appartenance de classes. Immigrés ou pas, exploités et opprimés ne pourront lutter contre leur domination que collectivement et par le désir d’un projet social égalitaire. Rosa de Caen

Tiré du Combat Syndicaliste numéro 97 de la CNT-AIT de Midi- Pyrénées.


CNT-AIT



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