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samedi 1er décembre 2001

Pour ceux qui auraient encore un doute sur la vraie nature des contre-sommets "anti-mondialisation" à la mode et de leur fonction, voici quelques nouvelles.

La dernière euphorie médiatique s’est batie autour des "anti-" au sujet de leur première réunion mondiale officielle qui s’était ouverte à Porto Alegre le 25 Janvier 2001. Elle marquait symboliquement l’institutionnalisation d’une stratégie stérile d’opposition réformiste au capitalisme.

Cette première réunion née sous le signe de l’humanitarisme caritatif chrétien et charitable a été abritée par l’université catholique. Libération du Vendredi 26 janvier relatait une polémique lancée par le président brésilien à propos des dépenses « trop coûteuses » engendrées par le forum : environ 4 millions de Francs. Un homme intelligent, sans doute un « socialiste » averti, s’était empressé de démontrer l’utilité de ce nouveau « marché » : le dirigeant d’une « association brésilienne des patrons pour la citoyenneté », Oded Krajew, avait déclaré qu’en temps qu’ « homme d’affaires » il garantissait à la ville et l’Etat qu’il s’agissait d’une « exellente opération ». Quand un patron parle en ces termes, on peut lui faire confiance.

Au même moment le directeur général du forum économique de Davos, en Suisse, diffusait des idées que ses désormais confrères d’outre-atlantique ne renient pas. Les patrons souhaitent construire des structures permanentes de discussion, suite au groupe de travail crée il ya plus de six mois entre représentants d’ONG et de multinationales. Ils reconnaissaient à ce titre le droit des uns et des autres à « peser sur les gouvernements ». Ils veulent créer ensemble une « méthode d’évaluation de la performance du système global » pour rendre compte de l’efficacité du travail ONG/ multinationales. La nouvelle tendance du patronat international est de reconnaître les mouvements contestataires citoyens car ils sont désormais obligés de composer avec pour maintenir la paix sociale généralisée. C’est ainsi qu’ils se mettent à déclarer que la mondialisation est « inéquitable », que « les pays riches sont inconscients », etc.

Mais si ils n’ont aucun mal à se retrouver dans les critiques qui leur sont adressées, c’est parce que ces critiques ne les atteind pas dans leurs fondements. Que signifie par exemple, la dénonciation d’un « libéralisme inéquitable », quand on sait que son fondement, le capitalisme, est de nature profondément inégalitaire ? Dans ce sens, la solution prônée par les dirigeants économiques et les patrons lors du forum Suisse était à la hauteur de l’attente de ceux qui contestent sa validité  : « encadrer la dynamique du capitalisme pour la mettre au service de la société », « l’entreprise responsable », « l’éthique sociale », « l’idée de régulation et la necessité de politique de redistribution », sont autant d’idées que partagent à la fois les originaux capitalistes et leur pâle copie sociale. La preuve est que le FMI a intitulé son rapport 2000 « l’économie mondiale au service de tous », et que l’élite économique mondiale de Davos parlait de « mondialisation à visage humain ». Il y a donc bien une logique et son pendant.

Dans le même temps les opposants au « néolibéralisme » qui sont maintenant reconnus officiellement et clairement identifiés par leurs interlocuteurs promettent de quitter progressivement les habits de la contestation spectacle pour devenir une force de proposition. Etant donné leur objectif (la gestion sociale du capitalisme), on peut souhaiter qu’ils n’aient pas trop d’idées. Car à les entendre, l’exploitation pourrait presque devenir « acceptable ». Voilà de nouvelles chaînes que les capitalistes n’espéraient plus. Les nouveaux gardiens humanistes du grand bagne économique dans lequel nous vivons pourront toujours jouer aux assistantes sociales : le capitalisme n’aura vraisemblablement pas à se préoccuper du recrutement de ses futurs cadres.

D. Crypt

CNT-AIT


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