Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Le monde tel qu’il tourne mal

dimanche 14 mars 2004

En ce début d’année les experts de tous poils nous ont abreuvés d’analyses aussi creuses que prétentieuses concernant les perspectives pour 2004. A l’aide d’informations que nous envoient les militants et les sympathisants de l’AIT, nous pouvons ici et d’ores et déjà dire quel sera le scénario le plus probable : sauf à voir se développer des luttes d’ampleur, basées sur l’action directe et la démocratie directe, qui sont seules capables de renverser le rapport de force, cela sera la croissance pour les capitalistes et leurs laquais, et la crise pour tous les autres.

REGAIN DES TENSIONS INTERNATIONALES

Un an après le montage de la guerre en Irak, premier pays pétrolier à prétendre vendre son pétrole contre des euros et non contre des dollars, c’est la foire d’empoigne autour du marché de la reconstruction irakienne. Cela nous prouve, si besoin en était, quels étaient les véritables motifs des dissensions au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Le combat contre la tyrannie de Saddam Hussein n’était bien sûr qu’une façade derrière laquelle se cachaient de puissants intérêts financiers divergents.

Dans le partage du marché mondial autour de la guerre en Irak, les USA, vite rejoint par l’Angleterre, se sont opposés à la Russie. Et la France, au nom d’un pacifisme qui n’empêche nullement Vladimir Poutine de poursuivre le massacre des Tchétchènes, s’est alliée avec la Russie. Pour la première fois de son histoire, l’Union Européenne s’est trouvée divisée sur une grande question internationale. Rappelons en effet que l’Angleterre, lors même qu’elle n’était pas encore membre de la CEE, était unie à la France contre les USA lors de la crise de Suez, en 1956 [1]. En 2003 Chirac a ouvert les bras à Poutine, et Blair a tendu la main à Bush. La ligne de fracture créée au sein de l’UE (d’un coté l’Angleterre, l’Espagne, les pays de l’Est, tels la Pologne, de l’autre la France et l’Allemagne) est donc une première historique et elle aura des conséquences sur la poursuite de la construction de l’UE, car l’opposition entre les USA et l’Union Européenne n’est pas seulement monétaire. Lors de la visite de Bush en Angleterre le 7 novembre dernier, le Sunday Times expliquait que "Le président américain était préoccupé par le fait que l’UE s’acheminait vers la création d’un nouvel super État...". Cette "préoccupation" se traduira certainement par une sorte de nouvelle guerre froide entre grandes puissances, avec une multiplication de "points chauds". Les industriels de l’armement peuvent donc de nouveau se frotter les mains. Tous les prétextes seront bons pour coaliser des pays derrière les USA ou l’UE. Pendant que cette dernière incorporera une dizaine de nouveaux États, la première, dont la population atteindra 500 millions, va étendre son champ d’influence en particulier à travers l’ALCA (Aire de libre commerce des Amériques) qui succède à L’ALENA (Accord entre les trois pays d’Amérique du Nord). C’est dans ce contexte que se comprend la "guerre du gaz" en Bolivie. La Bolivie a connu, en janvier-févier 2003, une grève générale contre l’aggravation des conditions de vie (augmentation de la rigueur budgétaire, impôts de 12,5 % sur le salaire des fonctionnaires...). Cet automne, d’importantes révoltes sociales ont conduit à la démission en catastrophe (illustrée par sa fuite précipitée en hélicoptère) du président en exercice. Pour canaliser l’élan révolutionnaire des masses insurgées, les partis et les syndicats de gauche et d’extrême-gauche ont imposé un mot d’ordre nationaliste et anti-chilien (contre le pays voisin) : "Le gaz bolivien pour les Boliviens". Là comme au Venezuela, au Brésil et en Argentine un nouveau gouvernement s’est formé dont le discours nationaliste et faussement anti-yankee est destiné à embrigader les populations derrière des intérêts qui ne sont pas les leurs. Pour le moment, seule une minorité consciente d’anarchistes et de révolutionnaires boliviens dénoncent cette stratégie. Dans ce bouillant contexte latino-américain, l’AIT a été active, tant là où il existe des sections constituées, comme en Argentine, Brésil et Colombie, que là où se développent de nouveaux contacts comme au Mexique, Venezuela, Chili, Cuba et Guatemala.

POLITIQUES ANTI-SOCIALES : CONSENSUS INTERNATIONAL DES ETATS

Les tensions internationales qui sont dues aux intérêts contradictoires des marchés ne doivent pas masquer que, malgré les divisions affichées et les batailles pour des "parts de marché" entre ses diverses fractions, il existe une unité fondamentale de la bourgeoisie internationale contre les exploités.

Même s’il y a des différences d’échelle, de la France au Brésil, des USA au Bengladesh, les États, qui sont l’outil de la bourgeoisie, vont tous dans un seul sens : toujours plus d’oppression. Partout, l’appauvrissement et l’exploitation croissante des populations d’une part, la confiscation des libertés individuelles et collectives d’autre part, constituent les deux branches de la tenaille capitaliste qui écrase les populations. Quelque soit l’État et le parti au pouvoir, on retrouve en effet cette même et seule politique dans le monde entier. La baisse des revenus des salariés, la dégradation des conditions de vie et de travail sont omniprésentes. Mais la population, tout comme en Bolivie, n’a pas encore le niveau de conscience suffisant pour s’auto-organiser massivement et déjouer les piéges tendus par des syndicalistes et des gauchistes à la botte de la bourgeoisie. Cela, même si, comme en Italie, des volontés de riposte se font jour. Ainsi, la grève générale appelée par nos compagnons de l’USI-AIT, les CUB et les COBAS contre la réforme des retraites a été très suivie : prés de un million et demi de participants le 7 novembre dernier. A Milan l’USI-AIT a regroupé 2 000 travailleurs dans un cortège de 50 000 manifestants. Dans sa déclaration "Retraites, guerres, et droits : Il est l’heure de la grève générale et de la révolte sociale..." l’USI souligne : "Nous ne devons pas oublier que l’action actuelle du gouvernement de centre droit ne fait que suivre l’action initiée par celui de centre gauche qui a commencé à s’attaquer aux retraites en diminuant les pensions et en élevant l’âge de retraite, cela avec la collaboration active des syndicats CGIL, CISL, UIL". En Italie comme ailleurs, les syndicats d’intégration et les politiciens ont donc tout mis en œuvre pour faire réussir les projets du capitalisme. En France, le projet RMA contre les chômeurs et les travailleurs est survenu après la réforme des retraites. La non-mobilisation sur ce sujet démontre surtout que les travailleurs, échaudés par l’échec de mai-juin 2003, se méfient de plus en plus des syndicats. La manifestation parisienne contre la réforme des allocations chômage (24 décembre) à l’appel des syndicats CGT, SUD et d’organisations qui se veulent représentatives de chômeurs a été suivie par 80 personnes !

La section brésilienne de l’AIT, qui s’affronte au "Parti des travailleurs" du président Lula, est en pointe dans ce combat contre les alliés gauchistes du capitalisme, des affiches anarchosyndicalistes fleurissent sur ce thème : "Contre les vols des retraites et de la Sécu : Dehors Lula et compagnie".

Autre point d’accord entre les États mondiaux : la répression et la lutte contre les libertés. Au nom de l’insécurité et du terrorisme, tous collaborent pour réunir les polices et les fichiers. Tels, qui sont en compétition, comme les USA et la France, s’entendent fort bien pour écraser les individus. L’augmentation exponentielle des textes répressifs et le renforcement des mesures contre les "sans papiers" rentrent dans cette logique. Des nouvelles nous parviennent du Bengladesh. Des travailleurs du textile qui, depuis des années, sont en lutte pour leurs droits et communiquent avec l’AIT sont durement réprimés, certains sérieusement blessés, d’autres assassinés. L’AIT a soutenu les campagnes de leur organisation, la NGWF, contre les conditions de travail endurées par les ouvriers et a apporté un soutien financier. Ce cas n’est pas isolé : au Pakistan, une organisation syndicale s’est également mise en contact avec l’AIT en vue de son affiliation. La répression sévit aussi en Europe. Les sept personnes arrêtées le 21 juin lors de la manifestation contre le sommet de Thessalonique (Grèce) et ignominieusement emprisonnées en sont un exemple.


[1] Il faut rappeler que l’Angleterre, lors même qu’elle n’était pas encore membre de la CEE, était unie à la France lors de la crise de Suez, en 1956, contre les USA.


CNT-AIT



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