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Lettre de 300 réfugiés :

mercredi 18 décembre 2002

Une lettre signée de 300 réfugiés tchétchènes en Ingouchie a été adressée le 12 novembre au président du Kazakhstan. Dans ce texte, les réfugiés demandent à être autorisés à vivre au Kazakhstan « là où Staline a déporté nos ancêtres ». Précisant que depuis la prise d’otages à Moscou, « une nouvelle campagne de rafles a lieu en Tchétchénie et les Tchétchènes sont persécutés dans toute la Russie », ces réfugiés concluent que dans la situation actuelle « un retour en Tchétchénie est pire que la déportation ».

Il faut rappeler qu’en parlant de déportation et en demandant l’asile ai Kazakhstan, ces réfugiés font clairement référence au 23 février 1944, lorsque Staline avait, en 24 heures, fait déporter 450.000 Tchétchènes en Asie centrale soviétique, et en particulier au Kazakhstan. Ils n’ont été autorisés à regagner leur pays qu’en 1956, lors de la déstalinisation. Un tiers des déportés avaient alors trouvé la mort au Kazakhstan. "Comparée à la façon dont les Tchétchènes sont traités aujourd’hui, la déportation stalinienne était un compte de fée" estime Laoura Moussaïeva, responsable d’une organisation de défense des droits des enfants Tchétchènes.

Depuis cet été, de nombreux camps de réfugiés en Ingouchie ont été « évacués » vers la Tchétchénie et cette campagne s’intensifie depuis le 26 octobre. Les autorités ingouches et russes considèrent que tous les camps devront être évacués cet hivers. Selon les opposants à la guerre, cette campagne d’expulsion renforce encore les atteintes aux droits humains, pourtant nombreux depuis le début de cette guerre en 1999. Sur tout le territoire de la Fédération de Russie, le harcèlement contre les citoyens de nationalité tchétchène se renforce. Selon Madame Gannouchkina, membre de l’ONG des droits de l’homme Mémorial, "Les interpellations et les vérifications des tchétchènes se multiplient. Les policiers font irruption à leur domicile sans aucun mandat et emmènent les adultes au poste (...). Les Tchétchènes sont licenciés sans aucune raison et leurs enfants sont renvoyés de l’école". Elle conclu en affirmant qu’aujourd’hui : "il n’y a plus de place pour les tchétchènes sur le territoire russe".

Les autorités kazakhs ont d’ores et déjà répondu à cette proposition la jugeant "irréaliste". Cette lettre, quelque soit ses résultats, démontre bien le désespoir et la situation insupportable que subit actuellement le peuple tchétchène.

Source : A.F.P.

CNT-AIT


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