mercredi
18 décembre 2002
Peu avant la prise d’otages, les 18 et 19 octobre, l’Union des Comités de Mères de Soldats organisait une conférence à Moscou à propos de la guerre en Tchétchénie dont nous publions ici la déclaration finale. Lors de la prise d’otages, cette déclaration fut envoyée à Poutine accompagnée d’une lettre qui précise : "Les événements qui se déroulent à Moscou depuis le 23 octobre confirment une fois de plus la nécessité pour le pouvoir russe de changer radicalement sa politique "tchétchène". La question des otages doit être résolue de manière pacifique et aucune considération politique ne saurait servir de justification pour les victimes.Toutes les possibilités de sauver des vies et d’entamer un processus de négociations ouvert doivent être utilisées, à la condition qu’y prennent part la communauté internationale, et les communautés russe et tchétchène. Nous sommes convaincus qu’une autre configuration des négociations, fermée, en violation complète du droit des parties prenantes au conflit tchétchène, priverait ces négociations de toute légitimité."
Nous, mères de soldats, participant à la conférence : "L’impasse tchétchène : par où chercher le chemin de la paix ?", nous qui nous prononçons fermement et de manière constante depuis 1994 pour un règlement pacifique du conflit tchétchène, dans lequel nos fils continuent de mourir et d’être blessés, déclarons :
Nous avons perdu foi en la capacité du pouvoir étatique russe d’assurer la paix civile et la concorde dans le pays et en sa capacité à porter la responsabilité devant les générations présentes et futures des conséquences lourdes du recours aux forces armées sur son propre territoire, ainsi que des violations de la Charte de l’ONU et des autres textes juridiques internationaux qui expriment leur attachement aux droits fondamentaux de l’Homme, au respect et à la dignité de la personne humaine, à l’égalité de droit des hommes et des femmes, à l’égalité des grandes et des petites nations.
Nous voyons que la soi-disant « opération anti-terroriste » en territoire Nord Caucase se traduit non seulement par des victimes quotidiennes, par la disparition des appelés du "groupe des forces armées unies" ainsi que de la population civile, et par l’accentuation de la haine et de l’intolérance entre les différentes nationalités, mais qu’elle contribue également grandement à stimuler le terrorisme étatique et transnational.
Nous constatons que les moyens pris sur le budget, sur l’argent de millions de contribuables, pour la majorité parmi les couches les plus défavorisées de la population, les mères de soldats incluses, disparaissent dans un véritable trou noir, enrichissant les groupes terroristes de part et d’autre.
Nous nous inquiétons de ce que les moyens budgétaires alloués à la recherche des citoyens disparus dans le Caucase Nord entre 1994 et 2002 et dont on est resté sans nouvelles, à l’identification des victimes, à la publication officielle de listes et à l’information de leurs proches, ne soient pas dépensés a cet effet, et que les organes militaires et étatiques fassent obstacle à la publication de listes des victimes.
Nous notons que les instances militaires s’opposent à toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre et à tous les efforts de la diplomatie civile visant à un règlement pacifique du conflit tchétchène.
Nous sommes convaincues que la politique du pouvoir russe en Tchétchénie est dans une impasse et va à l’encontre des intérêts de la Russie dans le Caucase et dans le monde, affaiblit sa position internationale et a, en définitive, des conséquences tragiques pour le pays, sans que l’on puisse exclure l’émergence de nouveaux conflits et l’effondrement de la Russie.
Nous demandons à pouvoir participer de plein droit à la définition des voies de résolution du problème tchétchène et ce, en vertu des normes du droit international, notamment des dispositions de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU (1999), qui posent le principe de l’égalité des sexes dans la garantie de la paix et de la sécurité. A ces fins, nous proposons de constituer une commission ad hoc pluripartite, chargée du règlement du conflit tchétchène avec la participation des parties intéressées, au nombre desquelles les organisations internationales et les organisations pacifistes non-gouvernementales. Le travail d’une telle commission, de par sa transparence et son ouverture, permettra de mettre fin à cette situation où les femmes, la moitié de la population russe, se trouvent totalement exclues du processus de prise de décision dans des questions d’une importance vitale pour le pays, et illustrera de façon frappante quels sont en fait les intérêts des parties prenantes au conflit. Nous demandons au Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, à l’Union européenne, au Conseil de l’Europe et aux autres organisations internationales, intergouvernementales et non-gouvernementales, de soutenir notre initiative en faveur de l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité sur la question du conflit en République de Tchétchénie, aux fins de sa résolution pacifique.
Nous nous adressons aux États-Membres du Conseil de Sécurité de l’ONU et leur demandons d’entamer les discussions en vue de l’adoption d’une résolution de l’organe principal de l’ONU sur le Conflit en Tchétchénie. Nous pensons que ce nœud de violence, de mensonge, et de criminalité de la part des parties combattant en Tchétchénie, a depuis longtemps fait sortir le conflit du cadre des stipulations de la Charte de l’ONU sur la compétence interne des États.
Cette déclaration est ouverte. Les organisations pacifistes et de défense des droits de l’homme ainsi que les représentants de la société civile sont invités à la signer.
Déclaration finale des participants de la Conférence organisée par l’Union des comités des mères de soldats de Russie : "L’impasse tchétchène : par où chercher le chemin de la paix ?" Moscou les 18-19 octobre 2002
Bilan de la guerre en Tchétchénie depuis 1999 : Selon des ONG, le nombre de victimes civiles seraient de 20.000 depuis 1999. Le journal canadien "Toronto Sun", lui, indique le chiffre de 60.000 civils tué, selon des sources tchétchènes.
10.000 soldats russes tués (soit déjà l’équivalent de 66% des pertes soviétiques en Afghanistan).
HOBOCTb n°9 -novembre 2002
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