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samedi 4 mai 2002

Un N° spécial des Nouvelles Libertaires, titré "Nous sommes la tempête !" a été distribué à 2000 expl. lors de la manif parisienne du 27 avril contre le FN. Il donne la position de l’union des anarchistes qui refuse de participer à la farce électorale. Nous vous en donnons communication.

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BASTA LE CHANTAGE POURRI DES POURRIS DE LA POLITIQUE !

L’élection du 5 mai nous est présentée comme le moment dramatique le plus grave que la France ait connu depuis la tentative de putsch des généraux "félons" d’Alger.

Déjà instrumentalisés grâce à la proportionnelle adoptée par M. Mitterand, le FN et son leader sont devenus le meilleur outil de pérénisation des pouvoirs monarco-républicains français. Repoussoir absolu, il oblige les citoyens à se faire les électeurs, non d’un programme mais d’une personnalité présentée comme le recours ultime à un cataclysme politique majeur.

C’est oublier que déjà pour les élections de 95, M. Chirac avait reçu (pour quelle discrète négociation ! ) un Le Pen qui ne lui fut effectivement pas un véritable adversaire.

Jospin a pratiqué une politique économique et sociale criminelle, plus soucieuse de l’intérêt des patrons du Medef, des financiers et des boursicoteurs qu’aux centaines de milliers de salariés licenciés. C’est sous son règne que nous avons vu l’explosion du précariat. C’est également sa politique qui a accéléré la casse des services publiques qu’il a placé sous la coupe de la logique ultra-libéraliste.

Et c’est ce même Jospin qui aura eu cet incroyable toupet de se présenter aux français comme le héraut d’un programme politique centriste, pour s’étonner ensuite que les électeurs lui aient préférés d’autres candidats de la gauche plurielle ou de l’extrême gauche. !..

Nous vivons dans un pays où désormais le plébiscite permanent devrait tenir lieu de programme électoral !... Un pays où l’abstentionnisme tranquille des pécheurs de crevettes ou celui des révolutionnaires libertaires serait irrémédiablement cloué au pilori, aux côtés des Serial killers et autres pédophiliques impétrants.

On serait désormais considérés comme des alliés objectifs du fascisme. Pourquoi pas d’Al Kaïda ! Les Maîtres des Pouvoirs Absolus sont dans le délire le plus total.

Empêcher de dénoncer la nauséeuse pourriture qui fait le vrai lit du fascisme, voilà la tache des serviteurs de l’illusion patriotique et parlementaire ; éviter que trop d’odorat ne se forme au démasquage de la dépravation politique : voilà ce qu’ils veulent ; mais perdre leurs sièges de roupilleurs et d’endormeurs du peuple, alors là que nenni ! Tout ce fric volé aux collectivités locales ou aux citoyens, à des fins personnelles ou pas, vous ne nous le ferrez pas oublier : autant les magouilles maffieuses de l’ancienne clique chiraquienne de l’OPAC de Paris, que les détournements d’héritage du big boss du FmNr ! Autant les détournements de la MNEF, les faux de DSK, l’impunité des milices du DPS, la casse de la métallurgie ou la fermeture de Marks & Spenser nous sont insupportables.

Tout est fait pour péréniser le système d’escroquerie politicard qui nous tient gouvernés, inutiles, impuissants.

Abrutis de violences institutionnelles, de sex stories télévisuelles, de publicités totalitaires, de chômage institutionnel, de pressions cléricalistes et sécuritaires, quand donc ferrons-nous refleurir l’espoir des champs de libertés, quand donc nous relancerons-nous à la fabrique des opéras d’utopie, quand donc arracherons-nous les portes qui discriminent les villes de nos campagnes, quand donc le règne de la procréation consciente, sans machistes ni vaginocrates ! Quand donc l’insurrection des coeurs !

La république ne sera respectable que lorsqu’elle sera respectueuse de ses engagements constitutionnels ! Quand elle assurera l’égalité du genre humain autrement que par des mots et des promesses : qu’elle mette donc en application la fraternité universelle par le partage des richesses, le démantèlement des frontières, l’oubli des chiffons cocardiers, la destruction des industries de mort... Que les ressources ne soient produites qu’au seul profit des espèces vivantes et dans leur absolu respect.

Depuis dimanche 21, on assiste à un véritable recours à l’hystérie collective comme moyen de contrôle du système politique du pays. Il s’agit bien d’endiguer au mieux le véritable péril qui pourrait s’opposer à cette incapacité politique des classes dirigeantes et possesseuses, qui n’est plus à démontrer. On hurle à la nécessité de faire l’union républicaine, on appelle à l’auto-flagellation, à la honte, à la culpabilité, au refoulement de masse : tout et à tout prix, pour préserver l’outil électoral et le système parlementaire. Tout, au risque d’encore plus de dépravation morale.

Le jeu consiste à savoir jusqu’à quel point limite de connerie, le citoyen électeur est-il capable de se laisser mener : si l’hebdo catho Télérama donne du "abstention piège à cons", le site Islamaiya fait des semblants d’humour en appelant à voter Le Pen pour mieux rentrer au pays de la Charria. D’autres nous conseillent de porter des gants en latex, tellement c’est crado de prendre le bulletin de Chirac ou de Le Pen, mais surtout ne pas oublier de voter, de voter, de voter...

Nous, nous sommes irrémédiablement perdus pour ce style de délégation de pouvoirs sans contrôle. Et il n’est pas non plus question que ces charlots nous transforment en chair à bûchers démocratiques.

Que personne ne vienne nous donner des leçons d’antifascisme à propos d’un Le Pen que nous combattons depuis toujours, dans la rue comme dans les ateliers...

Après plus de 20 ans de pouvoirs socialo-chiraquiens, qu’on ne vienne pas nous donner des leçon de démocratie et nous répandre des promesses de mieux vivre et de mieux respirer dans cette société suintante d’ordre où règnent les polices publiques et privées, les milices de vigiles et d’intégristes, l’armée de métier et autres gens d’armes.

Quand vous légaliserez les sans-papiers ou si vous supprimez les frontières, alors on votera pour vous...

Quand vous abolirez les prisons de la misère sociale et que vous pratiquerez un véritable partage des richesses, alors on ira choisir des bulletins de vote...

Quand vous interdirez les Partis de la haine raciale comme ceux du négationnisme, quand vous respecterez les lois de 1905, séparant l’église de la société civile, alors on pensera à voter...

Quand l’état aura répudié les arnaqueurs de la finance publique, puni ceux qui ont violé Marianne et fait respecter les principes de la Grande Révolution, alors on regardera comment réorganiser la représentation citoyenne, mais autrement que dans des isoloirs...

Quand le logement sera social, que la santé ne roulera plus à 2 régimes, la retraite plus repoussée aux calendes mussoliniennes, que la télé sera libérée, que l’art sera dans la rue et que les escrocs de la république l’auront remboursée, alors on viendra habiller vos panneaux électoraux de la poésie de nos vie...

Quand le libéralisme et l’impérialisme ne tripoteront plus les fesses de Pétain ou d’Hitler, que cesseront les pèlerinages aux Mecques chrétiennes où aux Romes islamistes, qu’on arrêtera les jérémiades répandues aux Murs des Lamentations, les trémoussements devant les icônes ou les délaï Lama, les Staline ou autres Bouddha, alors sans dieux et sans maîtres, le sourire posé sur nos visages, on ira s’occuper à autre chose qu’à s’enfermer dans les labyrinthes des isoloirs capitalistes, on ira voter avec nos poings dressés pour une société de libres vies, où se pratiqueront l’entr’aide et la solidarité fraternelle.

C’est ça, de ce que nous autres, acrates, on appelle la Sociale qu’on voudrait voir se répandre dans les rues, arrachant les bitumes qui rendent les esprits silencieux pour en faire des escalators dressés à l’assaut du ciel. L’abstention permanente n’est révolutionnaire que lorsqu’elle signifie la fin des précarités et s’accompagne, non du pillage des magasins de la planète, mais du partage organisé des richesses !

Et aux tentations de coup d’état existant dans la cervelle reptilienne de Le Pen l’ami des putschistes d’Alger et des caciques de l’OAS, rappelons lui le devoir d’Insurrection que nous a confié la Constitution de 1793.

En 1793, au mois de germinal se rallumaient les feux du printemps et de la grande Révolution dévoreuse d’inégalités et d’injustices. Dans le vide politique qui règne dans ce pays depuis bientôt une semaine, il est bien d’autres choses à faire que d’empêcher le pen de faire plébisciter chirac !

Joël GOCHOT

CNT-AIT


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