lundi
10 mars 2003
Le 29 janvier, la grève de six heures appelée par les syndicats des ouvriers des chemins de fer pour lutter contre des suppressions de lignes et des licenciements a largement dépassé tous les espoirs. L’immense majorité des 43.000 salariés des chemins de fer slovaques ont en effet débrayé. Mais, le gouvernement de centre-droit a refusé toute négociation avec les cheminots, déclarant que les coupes budgétaires étaient indispensable pour se conformer aux normes de l’Union Européenne (que la Slovaquie devrait rejoindre avec la Pologne, la Slovénie, la Tchéquie). Aussi, une nouvelle grève, elle aussi massive, a été lancée le 31, grève qui s’est transformée en grève reconductible. C’est un événement historique, c’est la première grève de cette ampleur de toute l’histoire de la Slovaquie indépendante.
Après trois jours de grève, le gouvernement a saisi la cour suprême qui a décrété la grève illégale. Les dirigeants syndicaux ont ensuite appelé les salariés à reprendre le travail et la grève a été brisée. Tout n’est pas fini pour autant, la confédération syndicale KOS a fait appel de cette décision devant le tribunal constitutionnel, estimant que la décision de la cour suprême est anti-constitutionnelle. En effet, si cette décision fait jurisprudence, que restera-t-il du droit de grève en Slovaquie ? Patrons et gouvernement pourront alors simplement briser les grèves en les jugeant « illégales ».
Mais surtout, et malgré son échec final, le caractère massif de la grève des cheminots a renforcé la conscience de classe des ouvriers slovaques. Au même moment, le gouvernement, afin « d’inciter les investisseurs étrangers » à s’installer en Slovaquie, a décidé de mettre en chantier une révision du code du travail (voir HOBOCTb n°11) qui impliquera des facilités pour les licenciements, une généralisation du travail à temps partiel et une baisse des majorations pour heures supplémentaires. Il est aussi question de rediscuter des modalités du droit de grève.
Aussi, et grâce au succès de la mobilisation des cheminots, des syndicalistes et des travailleurs de plus en plus nombreux considèrent que la grève générale est à l’ordre du jour. En faisant décréter la grève illégale, la bourgeoisie a peut-être gagné une bataille, mais le monde du travail n’a pas dit son dernier mot !
Camarades !
Hier (NdR : le 29 janvier), les travailleurs des chemins de fer se sont lancés dans une grève de six heures. Priama Akcia (NdR : Action Directe, section slovaque de l’Association Internationale des Travailleurs), avec l’aide non-négligeable de camarades de la Fédération Anarchiste Tchécoslovaque et de militants non-organisés, leur ont apporté un soutien dans treize villes de Slovaquie.
Les travailleurs luttent contre un plan qui prévoit la suppression de 22 connections ferroviaires, 122 trains et le licenciement d’un millier de salariés. Depuis que la Banque Européenne d’Investissement intervient financièrement dans la compagnie d’Etat des chemins de fer en juillet 1999, plus de 6.000 travailleurs ont été licenciés. Et le plan global prévoit d’en licencier encore 15.000 de plus !
Nous avons sorti un numéro spécial de notre journal « Mangez les riches ! » qui a généralement été très bien reçu. Nous avons dépensé environ 100 dollars dans du matériel de propagande, et cette somme devrait grossir dans les jours à venir. Nous nous réjouissons de pouvoir ainsi développer notre point de vue et nos idées parmi les grévistes sans être en faillite.
Regardez l’image jointe, c’était l’image appelée « image du jour » sur le site web de SME (un journal néo-libéral). Elle a aussi été publiée en page principale du site internet de la grande compagnie médiatique Markiza TV. C’est l’image d’un cheminot à Presov (ville située à l’est de la Slovaquie où nous avons une section) en train de lire notre journal (« Mangez les riches, solidarité avec les travailleurs des chemins de fer ! »).
Le ministre des transports a refusé les revendications des cheminots, si bien qu’une grève illimitée commence le 31 janvier. Nous espérons, quant à nous, être à nouveau présents pour marquer notre solidarité.
Les cheminots écrivent une page d�histoire. Et nous aussi !
Ce n’est qu’un court message, un rapport plus détaillé arrivera après la fin de la grève. Cette grève écrit l’histoire, c’est historiquement la première grande grève en Slovaquie depuis l’indépendance de 1993.
[M.T., Secrétaire International de Priama Akcia
(30 janvier)
(...) Nous avons distribué deux numéros spéciaux de notre journal dans plus de 10 villes et avons eu en échange des réactions très positives. Dans certaines villes, nos militants ont été invités par les grévistes dans leurs lieux de travail. Dans d’autres villes, les travailleurs étaient un peu plus distants, mais généralement, nous avons eu un très bon accueil.
Depuis le 31 janvier, les cheminots se sont lancés dans une grève illimitée qui pourrait se terminait par une grève générale. Aujourd’hui, dimanche 2 février, à 13 heures 15, la grève continue et le gouvernement se demande s’il ne va pas appeler l’armée pour remplacer les cheminots. Nous ne savons pas ce qui pourra se passer demain lorsque la semaine de travail reprendra. La situation est très tendue.
Les chefs syndicaux du Comité Central de Grève détiennent tous les pouvoirs, mais jusqu’à présent ils sont sur des positions sans compromis. Cela est surprenant. Cependant, nous sommes très critiques sur ce pouvoir. Les travailleurs nous ont dit que depuis que la grève a commencé, ils ont juste reçu un coup de fil pour leur demander combien il y avait de grévistes, mais c’est tout. Aucun retour, aucune communication avec la base.
Dans certaines villes, des « citoyens » et des travailleurs des chemins de fer se sont rejoints dans des rassemblements communs. (...)
Priama Akcia, 2 février.
Adresse de Priama Akcia : pa_intersec@yahoo.com
Article de HOBOCTb n° 12, mars 2003
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