Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Plumés en activité, re-plumés à la retraite ?

dimanche 6 octobre 2002

Un beau jour (si l’on peut dire !) le "salarié modèle", celui qui ne pose pas de question et n’a que des "revendications raisonnables" , un mauvais jour donc, ce "salarié modèle" est viré. Un chèque dérisoire en poche, sans un mot de remerciement, ils sont nombreux, métallos de Longwy ou biscuitiers de LU, à avoir pris dans la gueule un grand coup de capitalisme sauvage.

Un beau jour, le petit retraité, celui qui coule une vieillesse peinarde, qui joue aux boules et lit tous les matins la "nécro" de La Dépêche, un mauvais jour donc, ce petit retraité va se faire jeter à la rue, comme un chien. Comme des centaines de milliers de retraités américains, victimes des fonds de pension.

Qu’est ce que c’est, au juste les fonds de pension ?

Jusqu’à présent, en France, la retrai-te est assurée par un système dit de répartition. En gros, tous les salariés cotisent à la caisse de retraite de leur secteur d’activité. Ces cotisations, mises en commun, sont réparties ensuite entre les retraités du secteur. Sur le fond, un tel système repose sur la solidarité des générations. Dans les faits, les inégalités sont grandes, en fonction du secteur d’activité, du grade et du salaire de l’employé, du nombre d’années travaillées, etc., sans compter, que les syndicats réformistes et le patronat, qui cogèrent ces caisses, les ont transformées en gruyère pour y planquer des permanents grassement rémunérés.

Même si cela permet de toucher un minimum de retraite, le système en cours est, on le voit, déjà pipé ; et la solidarité affichée entre actifs et retraités n’est en rien un paradis. Avec la retraite par capitalisation, c’est encore pire. Ici, il n’est plus question de la moindre dose de solidarité mais tout simplement d’épargne individuelle. Le salarié doit alimenter, sur le principe "chacun pour soi", un compte durant ses années de travail. Il se constitue un petit capital. Ce dernier est sensé lui rapporter, lors de sa retraite, de quoi vivre. C’est ce que promettent les banquiers qui font "fructifier" cet argent (que l’an appelle les fonds de pension) en jouant à la bourse (c’est-à-dire en achetant et en vendant des actions, des parts du capital des entreprises). Ce système est absurde, immoral et dangereux.

Absurde, car il aboutit à l’inverse du but poursuivi. En effet, ce que recherchent les banquiers en plaçant les fonds de pension, c’est la rentabilité financière. Ils obligent toute entreprise qui ne rapporte pas assez à se "restructurer" en licenciant plus au moins de monde, et, si cela ne suffit pas, ils l’obligent à fermer en jetant tout le monde. Peu importe que cette entreprise produise des objets utiles, qu’elle assure des revenus à des milliers de salariés, ni même qu’el-le fasse du bénéfice. Si ces bénéfices sont inférieurs au rendement exigé par les banquiers, elle y passera comme les autres. Des milliers de fermetures, ces dernières années, s’expliquent par le jeu boursier des fonds de pension. En clair, plus il y a de salariés qui alimentent les fonds de pension, plus il y a de salariés qui courent le risque de licenciement (parfois, d’ailleurs, ce sont physiquement les mêmes personnes !) et donc moins de gens qui peuvent s’assurer une retraite !

Immoral, car si les gros salaires peuvent placer de grosses économies (avec l’espoir d’une retraite juteuse), les bas salaires ne peuvent placer que peu d’argent, et donc, ils toucheront une retraite inférieure au minimum d’aujour-d’hui. S’ils la touchent.

Car le système est extrêmement dangereux pour les salariés. Les récents scandales financiers américains l’ont démontré, en particulier l’affaire ENRON : quand la bourse craque, quand l’entreprise dans laquelle ont été placés des fonds de pension s’effondre, adieux placements, adieux retraites. Les fonds partent en fumée, les actions ne valent plus rien et, catastrophe, les centaines de milliers de retraités qui avaient fait confiance au système, ne touchent plus un rond.

Ce ne sont pas ces considérations qui empêchent les rats de la finance et les politiciens de faire le forcing pour abattre, en France comme ailleurs, les retraites par répartition et pour imposer celles par capitalisation. L’argument qu’ils avancent contre le système actuel est un argument démographique : dans quelques années, avec le "Papy boom", il y aura plus de retraités que d’actifs, donc ceux-ci ne pourront pas payer. Cet argument choc s’effrite facilement si on pousse un peu l’analyse démographique (il y a beaucoup plus de jeunes que de papys sur la planète) ou technologique (ce qui compte, ce n’est pas tant le rapport actifs/retraités que le niveau de productivité). Mais surtout il constitue sur le plan économique un sophisme d’une rare vacuité.

Que nous dit-on en effet ? qu’il y a trop de vieux, pas assez d’actifs pour payer les retraites par répartition, donc qu’il y a une seule solution la capitalisation.

Nos économistes de "haut vol" n’oublient qu’un gros détail : un capital ne rapporte que si les entreprises dans lesquelles il est investi produisent assez de biens et de services pour couvrir leurs frais (matières premières, machines, salaires...) et dégager des bénéfices. Les entreprises assurent leur production et dégagent des bénéfices grâce au travail de leurs actifs. Vous avez compris ce que votre banquier veut vous cacher : Si les actifs sont assez nombreux pour que les entreprises dans lesquelles ils travaillent dégagent des bénéfices suffisants pour rémunérer le capital et par là payer les retraites, alors ils sont nécessairement assez nombreux pour payer les retraites par répartition, puisque le nombre d’actifs est identique dans les deux hypothèses et que le volume de la production ne change pas.

Pourquoi donc tant d’acharnement pour nous obliger à passer par des fonds de pension ? C’est que ces fonds représentent déjà des sommes fabuleuses. A la Bourse de New York, 40% de la valeur de la capitalisation (8700 milliards de dollars en 1997) est déjà détenue par ce que l’on appelle les "zinzins" (leS’invesfisseurS’institutionnels) qui gèrent les fonds de pension. A la Bourse de Paris, les zinzins internationaux détiennent 35% des sociétés cotées à l’indice dit "CAC 40" (les 40 sociétés les plus performantes sur le plan boursier). Ceux qui manipulent ces fonds ont, on le devine, un pouvoir considérable. Et surtout ils encaissent à titre personnel des sommes fabuleuses. Car ces bons gestionnaires n’oublient jamais, que la bourse monte ou qu’elle descende, de prélever leur "dîme" au passage : charité bien ordonnée com-mence par soi-même !

Qu’encore plus de monde soit obligé de verser de l’argent aux fonds de pension est bien sûr leur rêve le plus cher ; un rêve qui se transformera inéluctablement en cauchemar pour de nombreux salariés. Actifs, retraités, chômeurs, il est temps de se réveiller.


CNT-AIT



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