samedi
16 février 2002
« Les travailleurs sociaux doivent-ils etre des militants ? » se demande le sympathique hebdomadaire « LIEN SOCIAL » en annoncant son forum « atypique » d’octobre à Toulouse.
Le principe de cette nouvelle édition des forums toulousains fait peau neuve et affiche dans un magnifique dépliant que les travailleurs sociaux vont, non seulement, avoir la parole mais encore, qu’ils vont pouvoir VOTER ! Le principe ? Un électeur = une voix. Et pour amplifier la démocratie (directe ?) , pas de tribune exclusive. Les orateurs (sociologues, élus, syndicalistes, administratifs, psy, économistes... et même des travailleurs sociaux !) n’interviennent qu’une seule fois a la tribune. Dans la salle, une sorte de forum qui rappelle un peuple imaginaire.
Eh oui, car le peuple des travailleurs sociaux ne sera pas là, pas plus que les usagers avec qui certains rêvent d’une solidarité active... Et non, fin des illusions - la societé du spectacle continue de sévir, puisque sous les artifices d’une démocratie transversale, (Toqueslles n’est plus là pour relever les fourberies du lien social new look), la Loi montre son visage authentique.
Pour faire partie des élus que seront ces « electeurs » triés sur le volet, il faudra débourser 2200 francs pour deux jours de débat ou etre missionné par un patron jugeant utile d’avoir des employés militants. Pas question pour les organisateurs de prendre en consideration les travailleurs sociaux qui sont à contre-courant de leur tutelle. Pas de pitié pour les travailleurs sociaux qui bossent dans des associations désargentées. Pas de droit à la parole pour les travailleurs sociaux au chomage.
Le choix de « LIEN SOCIAL » est clair et définitif : 2200 balles, est le prix à payer pour acheter le droit à la parole. « LIEN SOCIAL » ne transigera pas. On ne s’offre pas le palais des congrès de Diagora a Toulouse - Labège par hasard. On se retrouvera entre « electeurs - badgés » de salons en restaurants, d’espaces privatifs en salon d’honneur et d’équipement multimedia en apéritifs pour une cuisine mijotée d’avance entre nos futurs petits chefs, ceux qui s’autorisent à prétendre qu’ils vont y assurer « tous les echanges ».
Si les militants qui agissent à contre-courant de l’idéologie dominante risquent d’être fort rares en raison du tri préalable qu’opère la loi du fric, gageons que les mercenaires de l’insertion pour assurer la paix sociale seront ici chez eux.
Les libertaires savent pour leur part que ces gens "permettront" aux RMIstes de continuer a « vivre » pendant un mois balles avec 2200 balles. 2200 balles ! ... Le prix d’une entrée au forum de « LIEN SOCIAL ». Ne serait - ce pas une provocation ? Décidement, notre camp n’est pas celui des salons et des moquettes de Toulouse - Labège où l’on cherche à panser l’angoisse du vide. Nous militons dans la rue pour la revolution sociale.
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