Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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EXCLUSIF : le drame de l’insécurité

Edito du Combat syndicaliste / août - septembre 2001

samedi 20 octobre 2001

Il s’appelait Michel.B. Il était apolitique, pas même trotskiste ! Pour les vacances, il hésitait entre la mer et la montagne. Non, trop dangereux la montagne, les tunnels qui crament, les avalanches, les torrents qui coulent, les téléphériques qui se décrochent, trop hard la montagne ! Il aurait bien été à la met ; en Italie mais il y avait le sommet de Gènes : trop politique ce sommet, trop violent, dangereux la politique ! A un moment, il a failli aller à la plage en Espagne, mais il y a trop de soleil en Espagne, le toubib l’a dit : ça crame la peau, ça rend aveugle, et ça fout le crabe de l’épiderme, sans compter la turista qui vous chope dès qu’on passe la frontière coté Sud, et puis surtout il y a les attentats. Dangereux derrière la frontière, dangereux !

Alors il est resté chez lui, dans son trois pièces avec Interphone et code d’accès à sa multipropriété. Peinard, sans danger ! Quoique ! Un Dimanche, alors qu’il allait faire ses courses à St. Aubin, te marché chic Toulousain, il s’est fait agressé, enfin non, accosté, interpellé quoi, par un jeune anarchiste, même pas chevelu, qui vendait un journal noir et rouge : " Combat Syndicaliste". Un jeune ! Dangereux les jeunes lui avait dit son copain chauffeur de bus, dangereux ! Ce jeune-là, c’était un excité, un bavard, avec des yeux bizarres, presque joyeux. Michel, il le lui a acheté son journal, pour que le terroriste en herbe lui foute la paix. Et il a filé chez lui sans même finir son marché. Il l’aurait bien mis dans une poubelle ce journal, mais Si un jeune l’avait vu, cela aurait pu mal tourner.

Une fois chez lui, bien à l’abri, il s’est mis à feuilleter la chose. Boudu, on aurait dit un polar, avec des macchabées à tous les coins de rue et surtout de l’insécurité là même ou on ne le croirait jamais. Au boulot tiens ! Dans un article, on apprenait qu’il y avait eu en 1999, 112 000 accidents du travail de reconnus par l’état. Et dans le monde, c’était plus de I millions de personnes qui clameçaient au boulot chaque année et 250 millions qui avaient un accident du travail. Jusque dans les commissariats c ’était risqué de pointer le bout de son nez : tu pouvais y crever ; comme un chien, sous les coups des Compagnies Républicaines de Sécurité, ou des gardiens de la paix. Cerné, il a bien tenté de s’échapper en regardant la télé, mais il tomba sur un reportage sur la violence dans les services d’urgence des hôpitaux. On lui promettait de la police partout mais ça ne servait à rien : parfois, les flics étaient des voyous, et même l’augmentation de la répression (augmentation de plus de 1000 %, depuis 1978, des peines supérieures ou égales à 5 ans de prison) n’avait pas stoppé la violence. C’était de la faute des jeunes et des arabes disaient les flics en uniforme ou en journaliste. C’était de la faute de l’état et des patrons disait le journal du jeune assassin. Michel Ben Ali, petit fils de harki, greffier au tribunal, était mort de trouille.

Il passa donc le début de ses vacances cloué devant la lucarne, les trois verrous de la porte d’entrée bloqués à double tour et l’interphone en veille, à regarder crever les enfants de Palestine sous les balles des soldats de l’apartheid, à contempler les flaques de sang sur la place du 1er mai à Alger ; à écouter un homonyme, presque trotskiste, lui parler du fléau moderne " l’insécurité", à trouver héroïques ces salopards anonymes qui s’en vont bronzer en famille sur les plages d’Israël, d’Indonésie ou de Turquie.

La fin de l’histoire est triste. Michel Ben Ali, est mort le 14juillet au matin en allant voir le défilé. Voyant un char aux couleurs de la France, avec à sa tourelle son fier petit soldat aux joues roses et au regard kaki, enfin rassuré, Michel s’est élancé pour l’embrasser. Le char ; aveugle comme la république l’a écrasé ! On a retrouvé dans la poche de sa veste, un journal rouge et noir, un journal anarchiste. Là presse s’est emparé de l’affaire. " France Moche" a titré " Attentat islamiste contre l’armée !","Libernation" a fait mieux : " Le Tien An Men des anarchiste : 1 mort".

Jean-Pierre C.


CNT-AIT



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