Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Militer en reseau fédéral

lundi 19 janvier 2004

En ce début du troisième millénaire, quelle est, pour l’anarchosyndicalisme sur le plan national la forme d’organisation la plus adaptée à sa réalité actuelle, à la situation générale dans laquelle il évolue et qui lui permette le meilleur développement ? Ce texte, est une contribution individuelle à ce débat.

MAIS QU’EST-CE QU’UNE ORGANISATION ?

Toute organisation repose sur un pacte entre des entités afin d’atteindre un but et suppose un mode de gestion de ce qui est mis en commun.

D’un point de vue anarchosyndicaliste, le pacte est librement consenti, modifiable aussi souvent que nécessaire. Il est théorico/pratique puisqu’il repose à la fois sur une théorie, une philosophie (l’anarchosyndicalisme) et sur une pratique (l’anarchosyndicalisme) qui ne doivent faire qu’un. Les entités concernées sont des structures fonctionnelles, de véritables cellules vivantes, qui conservent toujours leur liberté : les syndicats et les unions régionales de syndicats. Le but essentiel à atteindre est de réaliser une société libertaire. Cet objectif ne peut être atteint que par une politique de rupture avec tout "l’establishment". La résistance au quotidien se situe elle-même dans cette perspective. Le mode de gestion est de type fédéraliste. Il repose habituellement sur des assemblées générales ou des réunions de militants mandatés (pour la réunion en question ou pour des tâches précises sur des périodes plus longues). Ce qui est en commun à l’ensemble des syndicats est essentiellement de l’immatériel (idées, sigle, pratique de la solidarité, titres de journaux,...).

Il résulte de ce qui précède que plusieurs formes d’organisation anarchosyndicalistes sont possibles. D’ailleurs, la CNT espagno-le, la CGT-SR (France, années 30) ou la FORA (Argentine) ont eu des pratiques organisationnelles assez différentes, mais toutes reconnues par le mouvement anarchosyndicaliste international.

STRATEGIE ORGANISATIONNELLE...

Globalement, nous vivons encore actuellement sur une conception de l’organisation, héritée du XIXème siècle, qu’on pourrait qualifier de mécaniste (un rouage entraîne les autres, le flux "monte" et "descend" en suivant ces rouages). L’objectif de ce texte est de commencer à préciser ce que pourrait être une confédération anarchosyndicaliste utilisant un autre modèle organisationnel, celui du réseau. Dans cette perspective, la stratégie est avant tout de potentialiser, de rendre plus efficace l’action que le syndicat (en tant qu’entité fonctionnelle) mène là où il se trouve, et qui se concrétise par des actions de réflexion et de propagande et de résistance et d’impulsion. La conf-réseau postule donc nécessairement que chacune de ses unités ne commence à exister qu’à partir du moment où elle est fonctionnelle, c’est à dire qu’un travail militant de terrain se fait.

Il existe plusieurs possibilités pour qu’une organisation nationale rende plus efficace le travail militant des syndicats. Classiquement, par exemple, elle produit et met à disposition de ces derniers des affiches, des tracts rédigés et imprimés nationalement. Selon notre conception, puisqu’une conf-réseau regroupe des syndicats qui cherchent à avoir une réelle autonomie de réflexion, de décision, de gestion, de réalisation et d’action, le rôle de la structure nationale est tout autre. C’est d’aider les syndicats à devenir aussi autonomes que possible dans tous les domaines, de la conception du matériel de propagande à la réalisation pratique. Evidemment, tout cela n’irait pas sans poser des problèmes nouveaux, à la fois. Mais il existe des solutions.

... & QUESTIONS PRATIQUES

Une des questions que l’on peut se poser est de savoir comment se fera la mutualisation puisqu’il n’y aura plus de centralisation. Dans une conf-réseau, si un syndicat a une idée (de lutte, d’affiches, de texte ...), Il la communique à tous les autres syndicats membres (par bulletin, circulaire, internet...). Si certains d’entre eux trouvent l’idée tout à fait à leur goût, soit ils s’adressent directement au syndicat qui a lancé l’idée pour la mettre en pratique ensemble, soit ils prennent l’idée à leur compte et l’affaire est réglée. Dans le cas où des syndicats la trouvent correcte mais améliorable, ils transmettent leur nouvelle proposition. Au "pire", si une idée ne supplante pas l’autre ou si la synthèse ne se fait, il y a plusieurs versions de la réalisation (de l’affiche, du tract..) ce qui, en soi, n’est pas gênant Si des syndicats trouvent l’idée médiocre mais compatible avec l’anarchosyndicalisme, ils peuvent exprimer leur opinion s’ils l’estiment utile, mais ils ne bloquent rien du tout. Enfin, si des syndicats la trouvent incompatible avec l’anarchosyndicalisme, ils le manifestent et l’argumentent. Le syndicat qui est à l’origine du projet et ceux qui étaient éventuellement intéressés peuvent se rétracter (s’ils estiment qu’ils ont été maladroits, qu’ils se sont trompés ...) ou persister, ce qui, suivant la gravité qu’accorderont au sujet les uns et les autres, peut donner lieu à un conflit.

Les arguments économiques qu’on peut opposer à cette démarche (il est moins cher, à l’unité, de tirer une affiche à un grand nombre d’exemplaires, par exemple) ont été vrais. Ils le sont beaucoup moins maintenant (du fait des nouvelles technique d’impression et de communication). La CNT-AIT dispose d’ailleurs d’une importante expérience dans ce domaine depuis des années (par exemple avec son réseau de presse). Par rapport aux inconvénients qu’entraînent une organisation centralisée (en particulier les possibilités de prise de pouvoir), le faible "surcoût" économique éventuel du fonctionnement en réseau n’est pas un argument recevable.

Beaucoup d’autres questions qui se posent (par exemple, la gestion des contacts extérieurs, les besoins en matière de solidarité...) peuvent recevoir des réponses du même type.

LA GESTION DU RESEAU

Les questions qu’une conf-réseau aura à résoudre pour se gérer elle-même sont au moins de 3 types :

1) Qui entre dans la conf-réseau ?

On peut penser que le minimum sera l’activité réelle préalable. Un individu, un groupe d’individus qui se reconnaissent dans ce qu’est la CNT-AIT commencera par militer avant de constituer un syndicat. En pratique, il se greffera sur un des syndicats constitutifs du réseau, pour pouvoir bénéficier de l’infrastructure, vérifier l’adéquation des idées des uns avec celles des autres ... Ce n’est que quand les choses sont un peu solides qu’un nouveau syndicat peut se constituer. Ce travail peut prendre, en fonction des réalités locales, des formes très diverses. Il doit cependant exister d’une façon ou d’une autre et c’est une des bases sur lesquelles se fait l’appréciation par le réseau. Si le constat est positif, avalisé par lui (dans une réunion nationale du réseau par exemple), l’adhésion se ra avalisée .

2) Qui reste dans la conf-réseau ?

Pour qu’une confédération soit un organisme vivant, il faut que, lorsqu’une unité n’a pas le potentiel minimum pour continuer à fonctionner, elle disparaisse en tant que structure. Dans une logique de réseau, il n’y a aucun intérêt à garder des coquilles vides (il y a même des inconvénients). Le (les) militant(s) qui n’a plus d’activité réelle sur place se greffe sur un autre syndicat et vient le renforcer au lieu de rester isolé et de faire semblant. Dès que les forces le permettront à nouveau, le redéploiement aura lieu. Pour rester dans le réseau en tant que syndicat, l’activité de terrain (et les cotisations) doivent être validées périodiquement par l’ensemble du réseau. La participation à la vie du réseau, c’est-à-dire l’échange permanent avec toutes les autres unités fonctionnelles, doit être effective.

Bien sûr, le conflit peut surgir et le "gentleman agreement" sur lequel repose ce qui vient d’être écrit ci-dessus risque d’être mis à mal. Comment de tels conflits peuvent-ils être traités dans une conf-réseau ?

3) La gestion des conflits

Imaginons que le syndicat A ne soit pas d’accord (pour les raisons les plus diverses) avec le syndicat B. La première chose qu’il peut faire est bien sûr de discuter pour tenter de s’entendre. Si la situation est bloquée, il peut couper toutes ses relations avec B. Si les autres syndicats pensent et font comme A, alors B est rapidement mis hors du réseau, sans autre forme de procès. S’ils trouvent que c’est A qui a tort de se comporter ainsi et que c’est lui qui empoisonne les autres, ils coupent les ponts avec lui, et c’est A qui se trouve de fait rapidement hors circuit. Enfin, si les syndicats trouvent que le conflit entre A et B n’a pas de réelle importance, ils peuvent essayer de faire entendre raison à l’un ou/et à l’autre. Si A et B restent figés, et bien tant pis, il n’y aura pas d’échanges directs entre ces deux-là mais cela n’empêchera pas le réseau de continuer à fonctionner même si cela devient un peu "boiteux". Le réseau ne résoudra probablement pas tous les problèmes. Mais il pourrait dynamiser l’action des anarchosyndicalistes. Pour finir, soulignons, qu’au sens où on l’entend ici, il est tout à fait transparent pour ses membres, puisqu’il identifie clairement les unités fonctionnelles (des syndicats actifs), les procédures (la façon dont les syndicats communiquent entre eux), les contenus (ce qu’ils communiquent) et le degré de liberté et d’autonomie de chacun. La réflexion est loin d’être finie et le débat reste ouvert.

# Francesito


CNT-AIT



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