vendredi
10 mai 2002
Oiseau Tempête - c/o Ab Irato - BP 328 - 75 525 Paris cedex 11
Site web : http://abirato.free.fr
La « débâcle des idéologies », voulue et célébrée par les journalistes, les vieux croyants et les exploiteurs de toujours, mène décidément à tout... Du Medef au PS, il fallait changer d’avis, être résolument post-moderne, accepter le mensonge stalinien du « communisme » dans un seul pays (pour en constater l’échec), et abandonner le projet d’un bouleversement révolutionnaire du monde sous les décombres du mur de Berlin ! Il fallait oublier. La Révolution d’abord, 1789 et 1793, et 1830 et 1848, et la Commune. Dans les musées la révolution ! Et Mai 68 ! Oubliez ! Reniez ! C’est de là que venait tout le mal : la violence de rue, la drogue, et même la pédophilie ! Au fait ! Quel meilleur fossoyeur de 68 que Le Pen ?
« Fin de l’histoire » ! La fable bourgeoise s’était trouvé un titre ronflant... Mais c’est à des néo-nazis que l’on confie le soin d’en écrire la morale. Il ne suffit pas de licencier le « nègre » Le Pen, c’est tout le scénario et les commanditaires du livre qu’il faut jeter aux ordures ! Au-delà du mensonge ridicule de sa « fin », et contre ceux qui veulent la confisquer, nous pouvons écrire notre propre histoire. À quoi bon, sinon, se plaindre du prochain chapitre ?
Les démocrates en peau de Le Pen s’offusquent du « verdict des urnes ». Pourtant, de deux choses l’une : ou bien le pouvoir est dans la rue, et il est de nature insurrectionnelle, ou bien il demeure dans les urnes et le FN y est aussi « légitime » que le PS. C’est aussi parce qu’ils sont las de voter du pareil au pire, et du pire au même, que beaucoup se sont abstenus ou ont donné leur voix au Front. L’élection d’un Chirac écarte un Le Pen. Mais la somme d’humiliations, de renoncements et de mensonges nécessaires pour arriver à ce piètre résultat, comment ne pas voir qu’ils alimentent un état d’esprit d’aigreur et de frustration qui déborde l’électorat lepéniste. Au moins, il ne faut pas que l’énergie joyeuse que manifestent dans la rue des centaines de milliers de jeunes vienne mourir à la porte des bureaux de vote. Qu’elle s’emploie, au-delà du salubre refus, à la construction d’un autre futur !
les urnes sont funeraires ! la vraie vie se decide ailleurs !
Supporteur sans convictions de la démocratie capitaliste, le citoyen moderne arrête sa pensée et ses désirs sur un étrange paradoxe : « rien n’est possible ! tout est a craindre ! » Le même citoyen qui envisage le pire (le nazisme) comme plausible acceptera le cliché selon lequel « changer le monde est impossible ». Celui-là qui se proclame ennemi naturel de l’idéologie fasciste, exhale pourtant le même esprit boutiquier, tout de résignation paranoïaque, qui en est le ressort. Si vraiment nous courons un tel risque, je préfère en choisir un autre : celui de l’extrême liberté. S’il est vrai que nous sommes de la même étoffe dont sont faits nos rêves, je préfère l’utopie pratique du projet libertaire, égalitaire et internationaliste, aux cauchemars de la honte, de la haine, et de la peur.
Folie pour folie, que les belles l’aient en tête, et les amoureux du soleil au coeur !
ni resignation democratique ni regression fasciste !
a leurs cauchemars, preferons nos reves !
Claude Guillon Paris, mai 2002
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