Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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CROATIE : La docilité et la crainte ont facilité le vol de nos emplois

Interview du MASA (Réseau des anarchosyndicalistes de Croatie)

lundi 29 mars 2010

Nous publions l’interview menée avec Eugen Babić, membre du Réseau des anarcho-syndicalistes de Croatie, qui est parue samedi dans le supplément du Glas Istre - ZOOM.

Qu’est-ce que la justice sociale selon vous, ou comment appréhendez-vous cette notion ?

La justice est quelque chose que même les enfants comprennent dans leurs jeux, le besoin d’égalité à tous les niveaux. Ce n’est pas le besoin que nous soyons tous égaux, c’est-à-dire identiques, mais le besoin de permettre à tous des conditions égales de développement, sur une base matérielle : "du travail et du pain pour tous" mais aussi en matière d’éducation et de développement des affinités personnelles.

Est-ce que la Croatie est un pays où existe une quelconque justice sociale, même si dans la Constitution à l’article 1 le pays est appelé un Etat social ?

Il existe dans la mesure où nous luttons nous-mêmes, ce que nous avons montré en tant qu’étudiants au moment des blocages [de facultés, N.D.T], ce que montrent actuellement les paysans et les ouvriers. La justice sociale est une notion qui est si souvent violentée, en particulier lorsqu’elle vient de la bouche des gouvernants, ce qui sonne si peu convaincant. Aucune constitution, pas même la plus démocratique et la plus libérale, ne permettra la justice sociale dans une société divisée en classes, ce que tout Etat est dans son essence.

Qu’est-ce qui selon vous a bien pu faire que dans notre pays il n’existe pas même un soupçon de socialisme et de justice ?

Je pense que le capitalisme d’Etat à l’époque de la Yougoslavie a développé la docilité et la crainte d’émettre des critiques envers la couche dominante, ce qui dans une large mesure a facilité la privatisation, c’est-à-dire le vol de nos emplois, de nos établissements médicaux et scolaires, de nos forêts, de nos eaux, de nos terres, etc. Nous ne devons pas oublier les grandes attentes nées de l’indépendance de la République de Croatie, ce qui aujourd’hui s’avère être de plus en plus l’indépendance des puissants à piller le peuple et ce qui a été créé au fil des ans. Les gens n’arrivent pas à croire que leur propre l’Etat les pillent, toutefois nous voyons que lentement mais sûrement nous nous réveillons de ce cauchemar qui pendant longtemps a entravé notre raison et nos mains.

Quels sont, d’après vos opinions ou expériences, les idéaux d’un Etat réellement juste sur le plan social ?

La justice sociale dans l’Etat est un mythe. Dans une société divisée en classes nous ne pouvons parler de justice sociale pour tous, mais uniquement pour ceux qui peuvent se l’offrir en raison de leur situation matérielle et politique. Le socialisme pour la minorité dominante, et le capitalisme pour la majorité travailleuse. La base d’une société socialement juste est le contrôle entier sur la société par ceux qui l’activent, ou plutôt la prise de contrôle des postes de travail de la part de ceux qui les occupent ainsi que la prise de contrôle des communautés de la part des gens qui y vivent. Une société où il n’y a pas de politiciens professionnels mais où les gens décident et s’occupent directement de ce qui les concerne. Une société sans que les uns ne subordonnent les autres comme règle universelle.

Pensez-vous ou ne faites-vous qu’espérer que la Croatie puisse devenir un Etat socialement juste ?

Bien sûr qu’elle le peut, quoique certainement pas dans le cadre d’une organisation étatique. Chacun d’entre nous bâtit son destin et il faut si peu de temps et de volonté pour que les choses prennent une meilleure tournure, à condition toutefois de comprendre les causes des problèmes que nous devons chercher dans les inégalités économiques, politiques et sociales. Ensemble nous devons développer à tous les niveaux la méfiance envers ceux qui sont avides de puissance et de pouvoir, sans exception aucune. Le pouvoir n’existe pas sans un gouvernement, et le gouvernement n’existe pas sans esclavage, qu’il soit public ou masqué.

Izvor : Glas Istre, 13. ožujka 2010. - Broj 70 - Godina LXVII

Source : http://masa-hr.org/content/poslu%C5%A1nost-i-strah-olak%C5%A1ali-su-kra%C4%91u-na%C5%A1ih-radnih-mjesta, le 15 mars 2010.

Traduction : Balkanikum


CNT-AIT



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