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lundi 1er avril 2002

SILENCE, ON BOMBARDE !

La guerre du Kosovo a été pour moi un sujet d’étonnement. Non pas ce que les États, au service des intérêts capitalistes les plus bas, y ont fait ; mais bien la façon dont les organisations "révolutionnaires" ont réagi.

Une satisfaction, tout de même, dans ce tas d’embrouilles on a pu constater que les militants de l’AIT, sans avoir besoin d’un "bureau central" ou d’une "ligne politique", ont fait la même analyse et sont passés à l’action dans la cohérence à la fois contre la dictature et contre la guerre. L’AIT a dû être une des rares organisations dans ce cas. Car très nombreuses ont été celles qui ont été traversées par des débats byzantins et qui ont été incapables d’adopter, comme nous l’avons fait spontanément dans le monde entier, une position de classe, internationaliste et antimilitariste. La lecture d’un journal pourtant sympathique, comme "L’École Émancipée", montre à quels exercices de contorsion intellectuelle se sont livrés certains militants d’extrême gauche pour justifier ou faire semblant d’ignorer la politique d’union sacrée autour de l’OTAN.

Un autre exemple significatif de cette insuffisance criminelle nous a été donné par la manifestation européenne de l’extrême-gauche contre le chômage a Cologne, le 29 mai 99. En pleine guerre européenne, alors que les bombardiers faisaient pleuvoir des centaines de milliers de bombes sur les populations civiles, notre bonne extrême gauche -SUD, AC !, Vignoles, CGT Espagnole, SAC... est restée muette sur le sujet. Sous prétexte d’unité d’action, il s’agit en fait de complicité. Car, à qui fera-t-on croire qu’on ne peut pas (qu’on ne doit pas) être à la fois contre le chômage et contre la guerre ? Or, on a beau écarquiller les yeux, on ne voit pas un mot contre la guerre sur les fameuses banderoles unitaires. Il y a des silences qui parlent plus que des discours ! Il y a des silences qui tuent.

AMSTERDAM, COLOGNE, GOTTEBORG, LE FILON S’EPUISE

De toutes façons, cette manifestation de Cologne a surtout brillé par les manipulations médiatiques auxquelles elle a donné lieu dans les jours qui l’ont précédée.

"Libération" (29 mai), jamais en reste pour prendre des vessies pour des lanternes, écrivait que le groupe des Vignoles assurerait le quart de la participation française, estimée à 4 000 personnes, soit 1 000 participants. On reste rêveur devant tant de naïveté. Rappelons que, dans leur presse, les Vignoles faisaient le forcing pour remplir les 300 places qu’ils avaient réservées (Voir "CNT Info" des Vignoles de mai 99), le tout, disaient-ils, pour constituer un imposant "cortège noir et rouge" avec les troupes de la CGT Espagnole, la SAC suédoise, dont les caisses sont toujours bien remplies (merci l’Etat !), des italiens, belges, allemands, grecs, bref, une marrée noire et rouge...

La réalité fut toute autre. "Le Monde Libertaire" estimait à un millier le total réuni sur le plan européen par cette mouvance, et Arbetaren, le journal de la SAC, pourtant co-organisatrice de la manifestation, n’osait pas aller au-delà de 1.200. En recoupant les informations iconographiques, on est obligé de réviser à la baisse ces chiffres, ce qui fait que la réalité européenne de cet ensemble, pourtant géographiquement très vaste et disposant d’importants moyens financiers, se situe au maximum autour de 5 à 800 personnes. On est loin des fanfaronnades préalables et des mensonges médiatiques, car tout cela fait bien peu de monde pour chaque organisation malgré les efforts de ratissage large. C’est d’ailleurs pourquoi le journal de la SAC ne cache pas son inquiétude : la prochaine manifestation internationale du ramassis gauchiste est déjà programmée pour 2001 à Gotteborg et la SAC sera en première ligne. Or, comme le note Arbetaren, ils étaient 50.000 manifestants au total à Amsterdam en 97, moins de 20.000 à Cologne en 99... Ils seront probablement encore moins nombreux en 2001 ! . Quant au pôle des pseudo "noir et rouge", il risque vraiment d’être microscopique. La SAC, qui sest alliée avec des grenouilles qui veulent se prendre pour des bœufs a effectivement beaucoup de souci à se faire pour conserver sa crédibilité dans son propre pays...

CGT ESPAGNOLE : UN SYNDICAT POUR FLICS ET MATONS

Dernier exemple qui montre comment certains se revendiquent du "noir et rouge", tout en faisant dans le bleu marine ou le vert-de-gris (c’est selon la couleur de l’uniforme), je tombe dans la presse espagnole sur des informations plutôt croustillantes.

Cela se passe à Almeria et cela concerne l’inénarrable CGT Espagnole. Cette organisation n’a pas hésité à passer à l’action directe pour soutenir des travailleurs. Jusque là, tout va bien. Là où on atteint le comble du ridicule, c’est quand on apprend que les travailleurs en question sont des... matons. Eh oui, pour soutenir "les justes revendications" des gardiens de la prison Acebuche, la CGT Espagnole n’a pas hésité à envahir le 7 juin, avec quelques complices, le bureau d’Angel Justé, le directeur de la tôle. Les revendications cégétistes valent leur pesant de cacahuètes : modification du statut des gardiens de prison, pour qu’ils puissent avoir de meilleures promotions dans leur carrière. La CGT Espagnole s’est répandue dans la presse locale d’Almeria pour appeler à l’unité d’action avec les autres syndicats de matons. La CGT Espagnole syndiquait déjà des flics, elle syndique maintenant des matons.

"Dis-moi qui tu syndiques, je te dirai qui tu es", affirme un vieux proverbe anarcho-syndicaliste...

Polyglotus

CNT-AIT


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