Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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Nul ne devrait ignorer leur façon de faire...

mercredi 5 janvier 2005

D’abord, tu apprends qu’une de tes voisines d’immeuble s’est fait voler son sac à main, chez elle, pendant qu’elle regardait avec son mari les deux escargots de “Microcosmos” s’enlacer baveusement. Bon, ça arrive. En plus elle est flic, c’est quand même le comble ! Et puis quelques jours plus tard, tu vois un sac dans la cage d’escalier que tu montes et descends plusieurs fois par jour. Tu finis par faire le rapprochement avec le sac volé de ta voisine : tu lui diras quand tu la croiseras un de ces quatre. C’est chose faite quand quelques jours plus tard tu la rencontres ; et c’est cool, c’est justement son sac ! T’en arrive même à être content de ta BA du jour : paraît que c’est bien pour la ligne de conduite ! Tu pars tranquillement prendre le bus qui t’emmènera à la fac. En chemin, tu penses à la soirée que tu organiseras chez toi dans deux jours. La journée se termine, une journée comme les autres.

Le lendemain au réveil, coup de téléphone : un commissaire te demande si tu veux bien passer faire une déposition pour ta BA. Pas de problème, mais pas trop tôt, il faut quand même que tu récupères d’un rythme étudiant quelque peu décalé. Alors le lendemain à 9h30, tu te pointes au commissariat, la tête un peu enfarinée. Tu attends dans le hall d’entrée, avec comme spectacle un jeune flic qui note toutes les allées et venues, tous les coups de fils et leurs contenus. Il prend ça au sérieux, ça doit lui plaire. Chacun ses goûts...

Le commissaire vient te chercher, tu le suis jusque dans son bureau. C’est comme chez le docteur, tu t’assois en face de lui, seulement lui, il a eu la chance de rencontrer Michel Platini comme en témoignent les photos derrière lui. Ça doit être un mec sympa, il aime le foot, comme moi. Il commence à te poser ses questions : “Alors, racontez-moi”. Un peu vague comme question. Que veux-tu lui raconter d’autre que tu as vu un sac à main dans ta cage d’escalier, que tu as prévenu la voisine, et qu’effectivement c’était celui qu’elle s’était fait voler ? “Et vous saviez qu’elle se l’était fait voler ?” Bah oui ! Dans les petits immeubles, les nouvelles vont vite. Il est con ou quoi ? Tu ne vas quand même pas lui apprendre ça ! “Mais alors, quel jour l’avez-vous signalé à votre voisine ?”.“Euuuhhhh...” Tu ne sais plus trop : c’est vrai que tu n’es pas franchement du genre à faire attention à ces détails. Tu réfléchis un peu : “Ca devait être un lundi, ou bien non, peut-être un vendredi”. Tu hésites, ça te ressemble bien. Mais tu viens de créer une brèche dans laquelle le commissaire va aussitôt s’engouffrer. Dommage... Il prend son téléphone et appelle sa collègue, la première intéressée dans cette histoire, étrangement absente. Elle lui confirme sans hésitation que c’était un vendredi. Il me repose alors sa question : “Alors, c’était un vendredi ou un lundi ?” Tu veux bien que ça soit un vendredi, franchement, qu’est ce qu’on en a à foutre ? L’important c’est qu’elle ait retrouvé son sac. Tu lui réponds : “Pfff, ouais peut-être, j’sais plus”. “Ah, Il ne sait plus !” s’exclame le commissaire. A ce moment, un collègue du commissaire rentre dans le bureau. Tu lui dis bonjour. Mais bon, il est loin d’être sympathique celui-ci. Il se plante derrière ta chaise. Bizarre, mais pourquoi pas. Il t’ordonne de t’asseoir correctement en foutant un coup de pied dans ta chaise ! L’atmosphère a changé, c’est beaucoup plus tendu. Tu baisses les yeux : au pied de ta chaise, une boucle scellée au sol. Vraisemblablement, ça doit servir à attacher une paire de menottes si nécessaire. Tu réalises alors qu’ils ne sont pas du genre à plaisanter. “Il faut bien que vous compreniez : le suspect numéro 1 dans cette affaire, c’est vous ! ” Coup de froid. Pourtant tu n’y es pour rien, tu as juste trouvé un sac. A partir de ce moment, ça ne va pas être une partie de plaisir. Il est 10h, et tu ne sais pas encore que tu ne finiras qu’à 13h. Quand une simple déposition tourne à l’interrogatoire... A moins que ces deux mots soient synonymes dans le dictionnaire policier ?

Ils t’apprennent que le problème, c’est qu’il y avait son flingue dans ce fameux sac à main, et qu’il a disparu. Wouah, les boules ! Et ça marche, ça te fout les boules. Et une couche de plus, une. Ça commence à faire un peu lourd. Tu commences à te demander quand et comment ça va finir. Il faut avouer qu’ils ont bien réussi leur coup, que tu t’es fait avoir comme un bleu. Eh oui, il aurait fallu que tu saches que c’est comme ça que ça se passe : nul n’est sensé ignorer la loi... Toi, tu te dis : nul ne devrait ignorer leur façon de faire... Ils finissent par te demander si tu accepterais qu’ils viennent faire une perquisition chez toi. Ah, enfin tu vas pouvoir leur montrer que tu es de bonne foi, que ce flingue ne se cache pas chez toi. Une lueur d’espoir... Mais tu es décidément trop naïf : ils ne faut pas te faire d’illusions, c’est eux qui mènent la danse. Et quelle danse ! Bouquins qui tombent par terre, sommiers et matelas retournés, placards vidés et boîtes ouvertes : on se croirait dans une série policière de TF1 ! Et puis une fois qu’ils ont fini leur remue-ménage, qu’ils te le laissent en l’état, ils t’emmènent voir le voisin d’en face. “Savez-vous quelque chose à propos du vol du sac à main ?” RAS leur répond-il sèchement. A ton grand étonnement, ça leur convient parfaitement comme réponse, puisque vous repartez.

Pourquoi est-ce qu’ils n’ont pas insisté avec lui ? Tout simplement, parce qu’il est avocat et qu’il sait très bien ce qu’il faut dire et comment le dire. Maintenant tu le sais, si ça t’arrive une autre fois, tu répondras sèchement, sans hésitation, et brièvement. Treize heures approchent : de retour au commissariat, tu signes ta déposition sans prendre le temps de la relire. Erreur de ta part, mais tu en as tellement marre ! Avant de quitter les lieux, tu leur précises quand même que si un jour tu trouves un cadavre au bord d’une route, tu te garderas bien de le signaler, histoire d’éviter de mauvais moments en leur charmante compagnie. Pas très civique mais tu n’ignores plus leur façon de faire... Et puis le coup du flingue disparu, ils ne se sont pas gênés, eux, pour monter cette histoire de toute pièce. En fait, il ne manquait que la carte de police de la voisine, dans le sac...

Blasé, tu rentres chez toi. Ça t’a coupé un peu les pattes, et puis ça ne te donne plus trop envie d’organiser ta soirée. Tu racontes tes péripéties autour de toi dans la journée, ce qui ne manque pas de surprendre tes amis. Tu leur dis aussi que pour la soirée, tu n’es plus très chaud. “Oh allez, fais la quand même, ça te changera les idées !”. Finalement, cette soirée se déroulera dans la joie et la bonne humeur, comme d’habitude. Mais pour un peu, tu te serais laissé aller à broyer du noir ...


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