mardi
29 avril 2003
« Que faire contre les guerres ? », c’est le sujet de la revue
« Ni patrie ni frontières » dont le N°3 (mars 2003) vient de sortir.
Sa lecture m’a permis de comprendre pourquoi je ne me
sentais pas l’envie de manifester contre la guerre en Irak : ça
fait trop ’harmonie en chiraquie. Quel amour en effet entre
l’opinion publique et Chirac ! Ces manifestations arrangent
l’état français. Tout le monde est content donc : le gouvernement
et l’opposition qui a son terrain de jeu. II y a dans cette
revue un témoignage de la manif parisienne du 15 février 2003
où étaient présents tous les crabes politiciens. L’article s’intitule
« Un bain de haine chauvine ». On y voit défiler les partis et
syndicats. Je comprends qu’il pêchent au filet dérivant leurs
futurs électeurs dans le marécage de la contestation consensuelle.
Pour cela, ils se vautrent dans I’antiaméricanisme et
l’antisémitisme primaires. Ils écrasent les critiques contre le
régime sanguinaire irakien, ils permettent à l’extrême droite
de manifester au nom de la paix et de crier "mort aux juifs’
derrière le drapeau bleu-blanc-rouge. Cela n’a pourtant rien à
voir avec du pacifisme. C’est une dérive patriotique. Jusqu’à
prendre parti pour un Etat, I’Etat français (mais aussi irakien ou
palestinien) contre d’autres états (américain ou juif). De quoi
alimenter de nouveaux massacres ! Comme le dit un autre
texte, « Misère de I’anti-guerre en Europe » les choix immédiats
« représentent des inconvénients rédhibitoires ». En
France, une organisation révolutionnaire se trouve devant
deux choix :
Le premier est d’essayer de toucher « les masses » et manifester
contre la guerre en Irak. Mais c’est crédibiliser la politique
extérieure française, qui est tout aussi colonialiste et
impérialiste que n’importe qu’elle politique étatique. Le journal
« Lutte ouvrière » ne s’y trompe pas, puisqu’il écrit : « Non à
l’intervention américaine, non à l’union nationale derrière
Chirac ». Tout à fait d’accord. Mais alors, que font les militants
de LO dans les faits ? Tous les samedis et jeudis, ils défilent
bien sagement derrière la politique de Chirac ! D’autre part,
cette politique consiste à minorer le fait qu’en Irak il existe bel
et bien une dictature sanguinaire laquelle, d’une façon ou
d’une autre, doit être détruite.
Le deuxième choix, c’est celui d’un travail de fond et de
réflexion, mené en dehors du sentiment d’urgence pour se
sonner le temps de bien aborder tous les problèmes dans les
quartiers et les entreprises. C’est, je crois, ce que les militants
de la CNT-AIT ont choisi de faire. Tant pis si cela doit nous
marginaliser aux yeux d’un microcosme libertaire dont la
« majorité » mesure son importance aux rush des cameras.
M.
(Cette revue est disponible chez Y. Coleman (sans autre mention), 10 rue Jean-Dolent, 75014 Paris, 7.5 euros l’exemplaire. Elle regroupe une collection de textes pacifistes, anarchistes et marxistes de la première guerre mondiale aux récents conflits Irak/Etats Unis. yvescoleman@wanadoo.fr)
Article du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénées n°80 - Avril_Mai 2003
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