mercredi
24 septembre 2008
Extrait de l’article « Efficacité de l’action directe » de l’anarcho-pacifiste hollandais Barthélemy de Ligt, publié dans la revue anationale "la Patrie humaine" du 12 janvier 1934
Vers la fin de l’été 1917, les services secrets des Etats-Unis avaient découvert que la légation de Suède à Buenos-Aires « servait d’intermédiaires aux dépêches diplomatiques allemandes ». Du côté des alliés, on saisit immédiatement cette occasion pour entraîner l’Argentine (...) dans la guerre contre les Centraux. (...)
La tension entre les Etats-Unis et les pays neutres de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud augmenta de jour en jour, et Washington exerça même une forte pression sur les politiciens argentins afin de les ranger du côté des Alliés.
Le 21 septembre 1917, les journaux firent savoir que le Sénat argentin avait décidé de rompre toute relation avec l’Allemagne. Le jour suivant, le croiseur anglais Glasgow arriva à Buenos-Aires. (...) Le 25 septembre 1917, les journaux publièrent cependant que le gouvernement allemand avait affirmé au gouvernement argentin que la guerre sous-marine serait ramenée vis-à-vis de l’Argentine au principe de la guerre des croiseurs, c’est-à-dire que nul bateau argentin, transportant éventuellement de la contrebande, ne serait coulé sans contrôle et sans avertissement préalable. Toutefois les relations entre l’Argentine et l’Allemagne continuèrent à être tendues et la diplomatie des Etats-Unis fit tout son possible pour forcer l’Argentine à entrer dans la guerre.
Cependant, au mouvement en faveur de la guerre, les travailleurs argentins ne tardèrent pas à répondre par des actes de protestation, par des grèves impressionnantes, qui éclatèrent entre autres parmi les cheminots. Il y eut également des collisions entre le peuple et l’armée. Ici et là, on fit sauter des ponts. (...)
Toutefois, le 27 septembre 1917, la Chambre argentine décida aussi de rompre les relations diplomatiques avec l’Allemagne. Mais déjà le jour suivant, on pouvait lire dans la Feuille [ndlr : journal à tendances antimilitaristes qui parut vers la fin de la guerre mondiale à Genève] le communiqué suivant :
« Le gouvernement argentin est pris entre un Parlement qui décrète la guerre et un prolétariat qui ne la veut pas et qui, plus conséquent que ses camarades d’Europe, s’oppose de façon active à la mobilisation...De ce branle-bas politico-social, on ne saurait prévoir l’issue. »
En attendant, quelques dizaines de milliers d’Argentins, en particulier des bourgeois, manifestèrent en faveur de la guerre et votèrent des résolutions exigeant que le gouvernement agisse. Dans les sphères officielles, on constata que « tout le pays désirait la rupture ». (...) La chose importante maintenant était de combattre l’Allemagne « par affinité avec les Alliés et par amour de la justice » !
Mais le 30 septembre, la grève générale révolutionnaire éclata en Argentine, grâce à l’initiative de la Fédération des syndicats anarchistes[, la FORA]. Seuls, les syndicats socialistes refusèrent de participer au mouvement. Heureusement que leur influence sur la masse était restreinte.
Ce fut le début d’une crise politique. Le gouvernement se débarrassa du Parlement qui le poussait de toutes ses forces dans la guerre et reprit son équilibre moral.
Ce qui avait cependant fait pencher la balance en faveur de la paix, écrivait la Feuille du 3 octobre 1917, c’était l’attitude décidée du prolétariat dont les grèves multipliées et s’étendant sans cesse, avaient fini par intimider les manifestations de bourgeois et d’intellectuels, organisés dans la capitale. « C’est là une démonstration éclatante de ce qu’auraient pu les peuples de l’univers, le 1er août 1914, si au lieu de se laisser prendre aux communiqués officiels et aux excitations de la presse, ils avaient spontanément décrété cette grève générale, en réponse aux décrets de mobilisation. La guerre eût été évitée.
« Voilà trois ans qu’on le disait, mais en ajoutant que l’expérience avait démontré que pareille attitude était impossible, utopique. Les ouvriers et les cheminots argentins ont démontré, eux, que la chose était faisable (...). »
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