Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

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LETTRE DE SANS TERRES AUTONOMES

lundi 28 avril 2003

Lettre de solidarité avec les camarades autonomes de l’assentamento « 24 avril / Boqueirão ».

A Acarape, région proche de Fortaleza-Ce, des familles qui vivent dans l’assentamento (occupation légalisée) « 24 avril / Boqueirão » sont menacées d’expulsion parce qu’elles questionnent et ne se soumettent pas à toute la logique qui reproduit les mécanismes qui permettent au capitalisme de fonctionner.

Ces familles, que nous appellerons ici Groupe Autonome, rêvaient d’une vie meilleure. Mais ces rêves se sont transformés en cauchemar au contact de la réalité vécue dans presque tous les assentamentos du Brésil, que beaucoup méconnaissent.

Réalité pleine d’autoritarisme, de hiérarchie, de machisme, d’exploitation, de bureaucratie et autres maux propres à cette société que l’on retrouve à l’intérieur des mouvements sociaux paysans et urbains.

Dans l’assentamento « 24 avril/Boqueirão », comme dans les autres, les patrons d’antan sont maintenant remplacés par une élite administrative qui reproduit la hiérarchie, l’autoritarisme et l’exercice du pouvoir qui empêchent la participation collective dans la prise de décisions. Même en y vivant et en y travaillant, les femmes et les jeunes sont écartés des discussions sur le futur de l’assentamento.

Dans l’assentamento « 24 avril/Boqueirão », comme dans les autres, ceux qui y vivent doivent se soumettre à la gestion et au contrôle de l’INCRA (Etat), qui oblige les occupants à accepter des investissements (lire dettes) et à produire en accord avec la logique productiviste du marché pour payer la dette contractée avec la réforme agraire. Au Brésil, la possession de la terre n’est qu’une mauvaise farce.

En d’autres termes, les financements font des travailleurs les esclaves de leurs terres fatiguées afin de remplir les obligations qu’ils doivent à l’Etat, quels que soient les moyens utilisés. Ainsi, tous, sans exception, sont obligés de travailler dans les conditions les plus dures et les plus inhumaines. Les occupant(e) se tuent à coups de fatigue, sous des soleils brûlants, sans apport de calories, dans des journées de travail de 10 à 16 heures (souvent les dimanches et jours fériés). Même comme ça, les dettes ne font qu’augmenter. De plus, souvent orientés par des spécialistes de l’INCRA, ils brûlent les forêts, dévastent les terres et utilisent des produits agrotoxiques de manière excessive, ce qui finit par contaminer les eaux et les terres, laissant de sérieux dommages environnementaux aux générations futures.

D’une manière générale, ces financements font que les travailleurs perdent leur autonomie et sont totalement dépendants de l’Etat : dans la mesure où ils ne peuvent payer les dettes antérieures, ils souscrivent un nouvel emprunt, dans un cercle vicieux interminable.

Par conséquent, quand un de ces investissements prend du retard, les paysans désespèrent au point de vendre des matériaux parfois déjà utilisés et indispensables à la vie quotidienne (bois, pierres). Il est préoccupant que le bois soit coupé de manière désordonnée, sans respect des réserves, quand elles existent.

Il n’y a pas prise en considération des discordances. Le plus important est ce que veut la majorité, la minorité n’ayant qu’à aquiescer en silence.

Devant ces conditions, l’unique relation à la terre est l’exploitation. Le futur et le présent de la vie sur la planète sont une nouvelle fois mis en danger. C’est justement pour tenter de résister, dans la pratique, à la logique de marchandisation de la vie et proposer une nouvelle relation avec la terre et ceux qui y vivent,les camarades du Groupe Autonome, sont confrontés aux institutions du capital - INCRA, FETRAECE et compagnie - et avec la majorité des occupants des assentamentos.

Comme il est impossible de coexister pacifiquement avec des projets et des pratiques si différentes, dans un manque de respect envers ceux qui essaient de changer les choses, le Groupe Autonome veut diviser l’assentamento. C’est seulement comme ça qu’il sera possible d’assurer le droit à l’autonomie, où chaque personne pourra décider à l’intérieur du collectif le respect des limites.

En refusant de brûler les terres, de produire sans agrotoxiques, en donnant la priorité à une agriculture de subsistance agro-écologique, en exigeant que les décisions soient prises par tous ceux qui vivent dans l’assentamento (femmes, jeunes, exclus) de manière horizontale et démocratique, et surtout, en questionnant dans sa totalité la soumission de la vie à la logique de production mercantile, le Groupe Autonome est classifié comme perturbateur de « l’ordre ».

Mais la criminalisation de cette perturbation de l’ordre est faite par ceux-là mêmes qui, partout, criminalisent ceux qui luttent contre l’ordre de la marchandise, du capital et de l’Etat, un ordre qui n’est pas et ne sera jamais la nôtre. Si les camarades sont criminalisés et menacés d’expulsion, ils le sont comme tous ceux qui partout veulent construire un ordre fondé sur l’autonomie et la solidarité, libres du marché et de l’Etat.

L’effort quotidien de construire des relations de décisions horizontales et anti-hiérarchiques réalisé par les camarades d’Acarape et leur lutte pour la défense d’une perspective anticapitaliste et antiproductiviste dans la relation de l’homme à la terre ont besoin d’urgence de notre solidarité.

Cette solidarité, en plus de la souscription solidaire à cette lettre et de sa divulgation ample et massive, nécessite aussi une aide financière pour couvrir les coûts de R$ 2.000 du processus d’expulsion en cours à l’INCRA.

Nous sollicitons de tous les camarades qu’ils divulguent et collaborent avec la lutte des camarades d’Acarape, nous aidant ainsi à tisser des relations solidaires avec leur lutte qui est, en définitive, aussi notre lutte. Une seule et même lutte contre le capitalisme, le marché et ses Etats.

Pour en savoir plus il existe un texte en français sur le site tranquille le chat : http://tranquillou.free.fr/mst/inde...


CNT-AIT



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